Source: Pro Liturgia, Actualité du samedi 10 février 2018
Dans certaines paroisses, on trouve des messes célébrées dans le respect du missel romain. Il ne manque rien ; tout est à sa place. On ne peut faire aucun reproche au célébrant. Et pourtant... certaines de ces messes sont comme “fades”, “atones”. Elles se déroulent dans un climat qui n’a rien ou pas grand-chose de réellement convaincant, d’attirant.
Peut-être manque-t-il tout de même quelque chose à ces messes impeccables sur le plan du rituel ? A y regarder de plus près, on s’aperçoit que ce qui fait défaut est la “cohérence”. Tout y est mais... sans “cohérence”.
Que doit-on entendre par “cohérence” ? En latin, “cohaere” signifie “être étroitement uni, faire corps avec, être en concordance avec, former un tout uniforme”.
Pour le terme “cohérent”, le dictionnaire Larousse donne comme définition : “qui se compose de parties unies, harmonisées entre elles”.
Il peut donc arriver que, lors de messes où le rituel est parfaitement respecté, on sente que les différentes parties ou étapes de la liturgie ne sont pas parfaitement harmonieusement unies entre elles. La célébration liturgique apparaît alors non plus comme un tout se déroulant selon un processus de continuité allant du signe de croix initial à l’ “ite missa est final”, mais plutôt comme un ensemble de “morceaux” venant s’ajouter les uns aux autres.
Le mot “cohérent” se rapporte à l’ “aptitude à être en interférence” ou encore à la “faculté de corrélation des interdépendances réciproques”. Autrement dit, au cours d’une célébration, chaque élément composant la liturgie ne devrait pas être pris pour lui-même mais être mis en œuvre en respectant les interactions qu’il entretient avec l’ensemble des rites.
C’est cette cohérence qui donne vie à une célébration, qui permet qu’une liturgie puisse être autre chose que la simple mise en œuvre de rites successifs (chants, déplacements, gestes...)
Le problèmes, c’est que la “cohérence” ne s’apprend pas : elle se ressent ; elle se vit ; elle s’expérimente à travers l’ “ars celebrandi”, lequel ne peut germer et grandir que dans la prière et le silence.
Il y a des prêtres - et une majorité de fidèles - qui sont insensibles à l’ “incohérence” de certaines messes où pourtant, le célébrant fait exactement ce qu’il doit faire. Ces prêtres-là et ces fidèles-là déploreront - à juste titre - que ces messes “bien célébrées” n’attirent pas grand monde le dimanche. Ils ne verront pas que le problème vient du manque de “cohérence” qui peut tenir à peu de choses : au dessin d’une chasuble, à la pièce que va jouer l’organiste, au ton de voix du célébrant, à l’agencement du chœur...
Une liturgie ne peut être attirante et ne peut subjuguer que s’il elle apparaît comme un tout formées de parties proportionnées et harmonieuses s’enchaînant selon un rapport logique excluant toute irrégularité touchant aux formes, aux couleurs, aux sons, aux attitudes, au temps.