Extraits du document diffusé par Mgr Athanasius Schneider le 31 décembre 2017 :
« (...) Après la publication de l’exhortation apostolique “Amoris laetitiae” (2016), divers évêques ont émané, au niveau local, régional et national, des normes d’application sur la discipline sacramentelle des fidèles, dits « divorcés-remariés » qui, bien que le conjoint auquel ils sont unis par un lien valide du mariage sacramentel vive encore, ont toutefois entamé une cohabitation stable à la manière des époux avec une personne autre que leur conjoint légitime.
Ces normes prévoient entre autres que, dans des cas individuels, les personnes dites “divorcées-remariées” puissent recevoir le sacrement de Pénitence ainsi que la Sainte Communion bien qu’ils continuent de vivre habituellement et intentionnellement à la manière des époux avec une personne autre que leur conjoint légitime. De telles normes pastorales ont reçu l’approbation de plusieurs autorités hiérarchiques. Quelques-unes de ces normes ont même reçu l’approbation de l’autorité suprême de l’Eglise.
(...) D’après la doctrine de l’Eglise, (...) l’admission des fidèles dits “divorcés-remariés” à la Sainte-Communion, qui est l’expression la plus haute de l’unité du Christ-Epoux avec Son Eglise, signifie dans la pratique l’approbation ou légitimation du divorce. En ce sens, elle introduit en quelque sorte le divorce dans la vie de l’Église.
Les normes pastorales évoquées contribuent de fait et dans le temps à la diffusion de “l’épidémie du divorce”, expression utilisée par le Concile Vatican II (cf. Gaudium et spes 47).
(...) De manière absolument univoque et sans admettre aucune exception, Notre Seigneur et Rédempteur Jésus Christ a solennellement reconfirmé la volonté de Dieu quant à l’interdiction absolue du divorce. Une approbation ou légitimation de la violation de la sacralité du lien matrimonial, même indirectement par la nouvelle discipline sacramentelle évoquée, contredit gravement la volonté expresse de Dieu et Son commandement. Une telle pratique altère donc substantiellement la discipline sacramentelle bimillénaire de l’Eglise, ce qui entraînera aussi avec le temps une altération de la doctrine correspondante.
(...) Parce qu’établie par Dieu, la discipline des sacrements ne doit jamais contredire la parole révélée de Dieu ni la foi de l’Eglise dans l’indissolubilité absolue du mariage ratifié et consommé. “Non seulement les sacrements supposent la foi, mais encore, par les paroles et les choses, ils la nourrissent, ils la fortifient, ils l’expriment ; c’est pourquoi ils sont dits sacrements de la foi” (Concile Vatican II, Sacrosanctum Concilium, 59). “Même l’autorité suprême dans l’Eglise ne peut changer la liturgie à son gré, mais seulement dans l’obéissance de la foi et dans le respect religieux du mystère de la liturgie” (Catéchisme de l’Eglise Catholique, 1125). (...) C’est en ce sens qu’on peut comprendre l’affirmation suivante du Magistère : “Ce divorce entre la foi dont ils se réclament et le comportement quotidien d’un grand nombre est à compter parmi les plus graves erreurs de notre temps » (Concile Vatican II, Gaudium et spes, 43) et “la pédagogie concrète de l’Eglise doit toujours être liée à sa doctrine et jamais séparée d’elle” (S. Jean-Paul II, Exhortation Apostolique Familiaris consortio, 33).
(...) L’admonition du Pape Jean-Paul II demeure actuelle et valide : “La confusion créée dans la conscience de nombreux fidèles par les divergences d’opinions et d’enseignements dans la théologie, dans la prédication, dans la catéchèse, dans la direction spirituelle au sujet de questions graves et délicates de la morale chrétienne, finit par amoindrir, presque au point de l’effacer, le véritable sens du péché » (Exhortation apostolique Reconciliatio et paenitenia, 18).
(...) “Par rapport aux normes morales qui interdisent le mal intrinsèque, il n’y a de privilège ni d’exception pour personne. Que l’on soit le maître du monde ou le dernier des ‘misérables’ sur la face de la terre, cela ne fait aucune différence : devant les exigences morales, nous sommes tous absolument égaux” (Jean-Paul II, Encyclique Veritatis splendor, 96).
(...) En tant qu’évêques catholiques, suivant l’enseignement du concile Vatican II, nous devons défendre l’unité de la foi et la discipline commune de l’Eglise et veiller à faire surgir pour tous les hommes la lumière de la pleine vérité (cf. Lumen gentium, 23). Face à la confusion actuellement toujours grandissante, nous sommes ainsi obligés en conscience de professer l’immuable vérité et la discipline sacramentelle tout aussi immuable sur l’indissolubilité du mariage, conformément à ce qu’enseigne le Magistère de l’Eglise de manière inaltérable depuis 2000 ans. Dans cet esprit, nous rappelons que :
- Les rapports sexuels entre des personnes non liées par un mariage valide - ce qui est le cas des “divorcés-remariés” - sont toujours contraires à la volonté de Dieu et constituent une grave offense faite à Dieu.
- Aucune circonstance ou finalité, pas même une possible diminution de l’imputabilité ou de la culpabilité, ne peuvent rendre de telles relations sexuelles moralement positives ou agréables à Dieu. (...) La non-admission à la Sainte Comunion des “divorcés-remariés” ne revient donc pas à juger leur état de grâce devant Dieu mais à juger le caractère visible, public et objectif de leur situation. A cause de la nature visible des sacrements et de l’Église même, la réception des sacrements dépend nécessairement de la situation correspondante, visible et objective, des fidèles.
- Il n’est pas moralement licite d’entretenir des rapports sexuels avec une personne qui n’est pas le conjoint légitime pour éviter soi-disant un autre péché. En effet, la Parole de Dieu enseigne qu’il n’est pas licite de “faire le mal afin qu’advienne le bien” (Rm 3, 8).
L’admission de telles personnes à la Sainte-Communion ne peut être permise que lorsque, avec l’aide de la grâce de Dieu et un accompagnement pastoral individualisé et patient, elles se proposent sincèrement désormais de cesser de tels rapports sexuels et d’éviter le scandale.
(...) Les évêques, par leur office (munus) pastoral sont “cultores catholicæ et apostolicæ fidei” : ils “veillent fidèlement sur la foi catholique reçue des Apôtres” (cf. Missale Romanum, Canon romain). Nous sommes conscients de cette grave responsabilité et de notre devoir face aux fidèles qui attendent de nous une profession publique et sans équivoque de la vérité et de la discipline immuable de l’Église sur l’indissolubilité du mariage. Pour cette raison, il ne nous est pas permis de nous taire.
(...) Il n’est pas permis (non licet) de justifier, d’approuver ou de légitimer, ni directement, ni indirectement, le divorce et une relation sexuelle stable non conjugale en admettant les soi-disant “divorcés-remariés” à la Sainte-Communion, puisqu’il s’agit en ce cas d’une discipline autre que celle conforme à la Tradition de la foi catholique et apostolique.
En faisant cette profession publique devant notre conscience et devant Dieu qui nous jugera, nous sommes sincèrement convaincus d’avoir ainsi rendu un service de charité dans la vérité à l’Eglise actuelle et au Souverain Pontife, Successeur de Pierre et Vicaire du Christ sur la terre. »
Sources:
L'Homme Nouveau - Belgicatho - Pro Liturgia, actualité du mardi 2 janvier 2018