Dans sa divine Providence, Dieu Tout-puissant a fondé l’Eglise et institué la Liturgie Sacrée à travers laquelle nous pouvons Lui offrir un culte véritable dans la Nouvelle Alliance établie par le Christ. Ce faisant, en entrant dans les exigences des rites sacrés déployés dans la tradition de l’Eglise, nous donnons un vrai sens à notre identité de fils et de filles du Père. La liturgie garde ainsi résolument les yeux fixés sur Dieu Tout-puissant, et non sur la modernité, la postmodernité ou je ne sais quel autre courant culturel ou philosophique. Elle occupe, comme l’a enseigné Sacrosanctum Concilium, une place fondamentale dans la vie du chrétien comme source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise. La liturgie catholique est normative pour la vie du chrétien, et bénéficie d’une objectivité dans la mesure où son contenu n’est pas affecté par les modes passagères propres à chaque génération – ou les formes particulières que lui donneraient certains prêtres ou évêques – mais est maintenue ferme et intègre dans la tradition tout en restant raisonnablement adaptable à des besoins pastoraux avérés. Comme l’enseigne le Catéchisme de l’Eglise Catholique, la liturgie catholique est un élément constituant de la sainte et vivante Tradition.
Il est ainsi évident que la Sainte Liturgie est de par sa nature contraire à cette exaltation de la subjectivité en toutes circonstances propre aux cultures postmodernes ; et cela se confirme tout particulièrement pour la prétention centrale de l’Eglise qui affirme que la Vérité est constituée par la Révélation de Dieu à l’humanité. »
Catherine Pickstock, théologienne professeur à Cambridge, présente à ce propos une appréciation fascinante de cette confrontation entre deux mondes quand elle écrit : « Une réforme liturgique authentique… devrait, soit être amenée à renverser notre modernité antirituelle, ou, cela étant impossible, à concevoir une liturgie qui refuserait d’être inculturée dans nos schémas de pensée et de discours modernes. » Elle plaide pour la création d’une liturgie qui « serait plus apte à nous confronter au défi que représente le choc avec un langage non familier », et aussi « à faire de toute notre vie une adoration, et à nous réunir dans le seul but de recevoir le don du Corps du Christ ». Catherine Pickstock voit juste lorsqu’elle dit que la liturgie doit refuser de suivre servilement les chemins de la modernité, et reste persuadée que le côté peu familier de la liturgie peut et doit servir à secouer de façon salutaire ceux qui se sont déjà avancés trop loin sur ces chemins.