Voici deux videos, une d'un historien et une autre d'une psychologue qui se rejoignent pour illustrer la seule alternative qui soit : l'alternative philosophique et spirituelle, toutes les autres solutions étant des fausses solutions, des produits de la pensée moderne.
Ainsi, Guillaume Bernard, professeur d'histoire du droit à l'ICES, invité de l'université d'été catholique Academia Christiana explique que "l'opposition entre 'libéraux' et 'socialistes' est en fait une opposition interne à la pensée moderne. L'opposition (réelle) est entre Classiques et Modernes."
Et dans cette opposition, le projet des Modernes, un anti-modèle, un anti-projet qui détruit l'ordre naturel et cosmologique.
Extrait :
"La matrice de l'alternative philosophique.
Je ne crois pas trop simplifier les choses en disant que dans le fond on a une vraie alternative entre les Classiques et les Modernes et que l'opposition entre 'libéraux' et 'socialistes' - je n'aurai pas le temps de le développer ce soir, j'en parle un peu dans le livre - est en fait une opposition interne à la pensée moderne. L'opposition est entre Classiques et Modernes.
Dans le fond, la clé des choix politiques se fait entre ceux qui pensent qu'il existe un ordre cosmologique des choses et ceux qui, à l'inverse, considèrent qu'il n'existe pas et que donc tout ordre social ne doit être et ne peut être qu'une construction de l'homme. Soit qu'il y ait un contrat social explicite (Hobbes, Rousseau, Locke), soit que - nous disent un certain nombre de penseurs libéraux -, il n'y a pas de contrat social explicite mais qu'il est implicite par la rencontre de volontés par l'entremise d'une 'main invisible' (Adam Smith, Hayek). In fine, chez Adam Smith et Hayek, même s'il n'y a pas l'idée explicite d'un contrat social que les hommes font par un abandon de leurs droits naturels, il n'empêche qu'il y a quand même cette idée chez eux que l'ordre social n'est pas une donnée, n'est pas donné à l'homme, mais que l'ordre social est quelque chose que les hommes construisent, que la volonté ne consiste pas simplement à se couler dans des institutions dont les règles de fonctionnement sont données par un ordre cosmologique des choses, mais que ces règles de fonctionnement sont le résultat de la rencontre de volontés.
Car il faut bien une volonté des hommes, poursuit Guillaume Bernard. Les classiques ne disent pas qu'il n'y a pas de volonté nécessaire manifestée par l'homme pour réaliser la vie en société. Tout le problème est de savoir à quoi sert cette volonté ? Est-ce que cette volonté produit l'ordre social et les règles de l'ordre social ou est-ce que cette volonté consiste à se couler, à s'inscrire (à se conformer, dirions-nous. NdCR) à un Ordre qui leur préexiste.
Je vous donne un exemple : pour qu'il y ait un mariage, il faut qu'il y ait le consentement des époux, il faut bien qu'il y ait la manifestation de volontés. Mais est-ce que cette volonté consiste à créer le corps social qu'est la famille, ou est-ce que cette volonté consiste à s'inscrire dans une institution sociale qui existe dans l'ordre des choses et qui est donné à l'homme et auquel les hommes se soumettent.
Cet enjeu de débat sur la famille lors des manifestations de 2013, 2014 est exactement le même que celui sur la nation. Est-ce que votre volonté consiste à vous inscrire dans un corps social qui vous préexiste ou est-ce que votre volonté consiste à créer le corps social.
Autrement dit, est-ce que l'identité du corps social est une identité qui est plus que la somme des parties et qui existe en tant que tel et que les membres de cette société ne font que recueillir un héritage et le transmettre ? Ou est-ce que ce corps social est le résultat de la somme des identités de ceux qui la composent à un moment donné ?"
[...] Du point de vue politique, explique Guillaume Bernard, la question est de savoir si cet ordre existe ou pas. La conséquence est que le rôle du pouvoir politique n'est évidemment pas du tout le même dans l'un et l'autre.
S'il existe un ordre cosmologique des choses, cela veut dire que le rôle du pouvoir politique est de restaurer l'harmonie de cet ordre des choses.
... c'est de rendre justice, c'est de restaurer l'équilibre qui a été rompu. Alors que si il n'existe pas d'ordre naturel et que l'ordre social est exclusivement le résultat de la volonté de ceux qui vont constituer cet ordre social la fonction du pouvoir politique va donc être une fonction législatrice..., produire la norme dans ce corps social.
Si vous êtes dans la pensée d'Aristote, la pensée thomiste, c'est-à-dire la pensée classique, il existe des règles de vie en société inscrites dans l'ordre des choses de la même manière qu'il existe des lois physiques, des lois chimiques ou biologiques. Le but de l'homme est de rechercher la compréhension de cet ordre cosmologique. L'homme a la capacité de comprendre le fonctionnement naturel de ces choses et donc de découvrir dans ce fonctionnement les lois qui régissent cet ordre social ou cosmologique, que ces lois soient physiques ou qu'elles soient sociales.
Alors que dans la pensée moderne, l'objectif du pouvoir politique va être de produire. La fonction souveraine dans la pensée classique est une fonction judiciaire, la fonction souveraine dans la pensée moderne est une fonction législatrice.
Je suis en train de vous dire cela parce que peut-être il ne faut pas se tromper de combat ! L'objectif n'est pas simplement de vouloir substituer notre légalité à leur légalité. L'objectif n'est pas simplement de se substituer à eux mais de restaurer l'ordre naturel des choses qui existe indépendemment des hommes.
Et donc vous comprenez bien que par exemple le thème de la souveraineté, toute la question est de savoir si la souveraineté est un moyen ou une fin ? Vous pensez bien que chez les Modernes la souveraineté est une fin en soi, alors que chez les Classiques, la souveraineté n'est qu'un moyen.
De la même manière, le régime politique chez les Modernes est la transposition au niveau des institutions de la logique contractuelle du corps social, de la même manière que la société est le résultat de ceux qui la composent il est logique, il est logique en théorie de donner le pouvoir souverain à ceux qui composent la société. Alors que chez les Classiques, le pouvoir souverain, le régime politique n'est qu'un moyen, un instrument pour réaliser le Bien commun. Il faut donc prendre en considération ce choix philosophiques fondamental.
[...] Vous, dans vos activités, conseille donc Guillaume Bernard, dans vos formations, dans la manière de rédiger vos articles, vous pouvez peut-être éviter de commettre un certain nombre d'impairs ou de maladresses idéologiques qui font que sans même vous en rendre compte vous êtes rendus à l'adversaire.
L'auteur prend l'exemple de l'avortement : "Si l'avortement est quelque chose d'inacceptable, ce n'est pas avant tout parce que l'enfant à naître à un droit à la vie (parce que les Modernes peuvent nier sa nature humaine pour dire qu'à partir de là qu'il n'a pas de droit attribué à son humanité), mais tout simplement parce qu'il est injuste de rétribuer son existence parce qu'il est innocent. Si le droit est une fonction attribuée à la personne en fonction du rôle qu'elle remplit, la justice consiste selon la formule du droit romain à rendre à chacun son dû, il est injuste de rétribuer l'existence de l'enfant à naître par une mise à mort. Ce qui fait que l'avortement est illégitime c'est le fait que l'enfant à naître est innocent. Qu'a-t-il commis comme acte qui justifie que la rétribution de cet acte soit qu'il soit mis à mort?.. Du point de vue catholique on peut considérer que l'homme créé à l'image divine a une dignité intrinsèque, mais du point de vue juridique, ce qui rend l'avortement illégitime, c'est l'innocence de l'enfant à naître, ce n'est pas son humanité. Si nous continuons à argumenter avec la pensée de l'adversaire on ne risque pas de la renverser et de la remplacer.
L'auteur conclut ainsi : "[...] Quand on est à droite, on peut être moderne, mais quand on est de droite on est classique. C'est pour cela que je pense qu'il est absolument indispensable d'avoir en tête cette alternative philosophique.
[...] La pensée moderne n'a pu qu'obscurcir l'appréhension, la connaissance, la présence de l'Ordre naturel; Mais l'Ordre naturel, ils ne peuvent pas le faire disparaître. Ils peuvent le nier et s'en passer dans leurs propres vies, ils peuvent essayer de nous imposer de réfléchir sans lui, mais ils ne peuvent pas le détruire. Dans le fond, reconquérir les idées, ce n'est pas nos petites idées que nous défendons, c'est un ordre cosmologique qui nous dépasse et qui fait que nous pouvons le servir, l'illustrer, le défendre, et le faire réapparaître à la conscience de nos contemporains par un combat intellectuel, par un combat politique, par un combat culturel ou par un combat social."
Note du blog Christ-Roi. Rappelons ici que selon l'historien Patrice Gueniffey et directeur d'études à l'EHESS, le constructivisme et le volontarisme sont les deux éléments de la Terreur révolutionnaire...: "l'association du 'volontarisme' et du 'constructivisme' constitue ainsi la première racine de la Terreur révolutionnaire.
L'histoire de la Terreur ... ne commence de ce point de vue ni en 1793 ni même en 1791 ni en 1792 : elle est consubstantielle à la Révolution qui, dès 1789, se présente comme une pure aventure de la volonté". (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaire, Fayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 50.)
Le projet des Modernes est de détruire l'ordre naturel et cosmologique. C'est le projet de Satan dans Génèse 3 : Satan prétend que l'homme peut et doit pouvoir modifier à sa guise les commandements divins et que de la sorte "vous serez comme des dieux" (Gn 3:5)... Cela donne le "mariage" homosexuel, la PMA pour les paires homo, la Gpa, la théorie du genre qui prétend que l'homme est auto-puissant, auto-créateur, détermine son sexe, que l'homme peut nier ses racines et peut déterminer ses déterminants naturels, etc., et les innombrables dérèglements que nous constatons tous aujourd'hui dans l'univers qui n'en sont que les conséquences.
C'est notre projet qui est écologique. Le leur est anti-écologique : il détruit la nature et prétend trouver dans cette destruction le principe de la "libération" !
La psychologue clinicienne, Docteur en psychopathologie et psychothérapeute Arianne Bilheran, intéressée par "les processus manipulateurs et totalitaires" au sein du langage (manipulation du langage, "novlangue"), auteur de nombreux ouvrages autour de la psychologie du pouvoir et des pouvoirs déviants, comme "Harcèlement moral", "L'autorité", "Harcèlement en entreprise. Comprendre prévenir, agir", "Harcèlement, Famille, Institution, Entreprise", "L'Imposture des droits sexuels", explique dans une video récente (Source) qu'"il y a derrière tout cela la question d'un projet de société, autour de quoi s'organise la société, la civilisation."
"Est-ce qu'elle (la société), explique-t-elle s'organise autour d'interdits civilisateurs comme l'interdit du meurtre, de l'inceste, est-ce qu'elle prône des hautes valeurs morales et des valeurs spirituelles ?
(NdCR. C'est tout le problème de la démocratie moderne qui n'a pas de fondement moral ultime)
Ou au contraire est-ce qu'elle est promotrice d'une idéologie du plaisir sans entrave et de la jouissance sans entrave, qui est évidemment le projet pervers ? On le voit très clairement dans la "déclaration des droits sexuels". Je vous cite : 'Le plaisir est un donc un aspect intrinsèque de la sexualité, le droit de rechercher et d'exprimer et de déterminer quand en faire l'expérience ne doit être nié à personne.' On est ici dans une confusion du besoin et du droit. D'ailleurs il est question dans ces textes de satisfaire les droits sexuels. Cela veut dire satisfaire les besoins sexuels. Il y a encore un glissement de langage... :
[...] 'Honorer la femme', 'aller au septième ciel ensemble', explique Arianne Bilheran, on est là vraiment dans une autre dimension. Et,... c'est très étrange que ces textes (sur les "droits sexuels") ne parlent jamais jamais de sentiments, de vie affective, du caractère précieux de la pudeur (mais d'argent, de droits, etc., NdCR.), du caractère précieux de ce mystère, précisément, qui donne accès, pour ceux qui le connaissent et qui savent, à ce que les philosophes appellent le 'sentiment du sublime', qui est un aperçu de la dimension de l'Infini.
Nous avons là, explique la psychologue (dans combat contre la théorie du genre) une vraie question spirituelle qui est est-ce que l'humain est tout puissant, autocréateur et s'auto-engendre, détermine son sexe, fait fi de toutes les lois de la nature, pour devenir un être complètement coupé de la nature et s'auto-détermine à tous les étages (NdCR. Donc en fait se prend pour Dieu... Le projet de Satan dans Genèse 3), ou est-ce que l'humain revient à un étage un peu plus humble où il sait très bien qu'il est un produit de la nature et de la culture, c'est-à-dire qu'il ne peut pas être un être de culture s'il renie sa nature et il ne peut pas être un être complètement de nature non plus. Le tout nature (nous ne sommes pas des êtres de culture) n'est pas juste mais le tout culture qui nie la nature me paraît extrêmement dangereux.
Et d'ailleurs à chaque fois qu'on nie la nature, on est dans des processus de destruction. Notre civilisation, en terme de destruction de la nature, en est à un point que je pense qu'on peut difficilement faire pire."
Conclusion du blog Christ-Roi
Nous défendons les caractères précieux des mystères naturels, les hautes valeurs morales universelles, le Beau, le Juste, le Bien. Nous voulons rechercher et restaurer cet Ordre naturel. Dans ce combat nous sommes les authentiques défenseurs de la nature telle qu'elle nous a été donnée. D'où l'importance d'inclure dans notre discours la dimension de l'écologie.