Par Anne-Sophie Nogaret
On ne compte plus les profs insultés voire violentés par leurs élèves. Loin d’être soutenus par leur hiérarchie, ils n’ont le plus souvent droit qu’au mépris. Mais pourquoi au lieu de se révolter, les enseignants font-ils preuve d’une soumission toujours accrue ?
Enceinte de six mois, poussée volontairement dans l’escalier par un élève, Anne évite de peu la fausse couche : son proviseur l’enjoint de ne pas porter plainte. Alors qu’il fait cours, Cyril se fait traiter d’« enculé ». Son chef le somme de s’excuser auprès de son insulteur, en présence des parents de celui-ci : c’est au prof qu’il revient, l’avise-t-on, « d’apaiser les tensions » afin de « normaliser la relation » à l’élève. Aberration isolée ? Cas particulier ? Non, ces réactions correspondent exactement aux consignes données par le ministère de l’Éducation nationale. Ainsi, est-il maintenant d’usage qu’on ramène dans nos classes les élèves que nous venons d’exclure. Ainsi, les insultes, les menaces, les coups mêmes échangés dans le cadre d’un établissement sont-ils au mieux « sanctionnés » par un « sursis », assorti pour les cas les plus lourds d’un changement de classe. Face à cet abandon délibéré de la part de l’institution qui les emploie, aucune rébellion, pourtant, de la part des profs. Dociles, ils acceptent sans broncher l’humiliation que constitue l’inversion totale des valeurs et des rôles qu’on leur inflige. [...]
Source: causeur.fr - Les Observateurs