Essayons-nous à un petit exercice de commentaire politique au sujet du départ du FN de Florian Philippot ce jeudi 21 septembre, suite à la décision de Marine Le Pen de lui retirer sa "délégation" à la vice-présidence du parti.
Le discours que l'on entend depuis des mois sur le soit-disant courant "libéral" (sic) de l'extrême-droite qu'incarnerait un Robert Ménard qui se félicite aujourd'hui du départ de Florian Philippot ne doit abuser personne. Robert Ménard incarne surtout un étatisme européen, bien loin du libéralisme, tandis que le souverainisme d'un Philippot est à ce titre beaucoup plus "libéral", puisqu'il consiste à se dégager d'institutions centrales soviétoïde, en son temps dénoncées par Nigel Farage, l'artisan du Brexit...
Florian Philippot, qui certes avait ses défauts (discours ambigus sur l'avortement, le "mariage" homo), avait néanmoins raison lorsqu'il expliquait que prétendre faire de la politique tout en restant dans l'Europe de Bruxelles est impossible. Il avait également raison quand il cherchait avant tout à rassembler, quand d'autres cherchaient avant tout à exclure. Un Robert Ménard, par exemple, a tort lorsqu'il cherche à exclure les souverainistes du FN et affirme dans Le Figaro que le "courant de pensée" représenté par Philippot était "un obstacle pour la droite de la droite, parce que ce qu'il dit est inaudible". "Dans la vie normale, personne ne me parle de la sortie de l'euro", déclare-t-il, estimant qu'"il faut arrêter de faire peur aux gens avec l'euro" et abandonner l'"obsession" de l'euroscepticisme. "Il faut être moins antieuropéen, moins étatiste." Bien évidemment qu'une sortie de la France de l'Union européenne et de l'euro (un Frexit) n'est pas "inaudible" ! Bien évidemment que dans la vie de tous les jours, beaucoup parlent de la sortie de l'Euro qui a plongé la France dans le chômage structurel depuis vingt-cinq ans ! Récemment, on a vu que l'apocalyspe économique prévu par les partisans du maintien dans l'UE n'a pas eu lieu. C'est même l'inverse qui se produit avec des records de baisse du chômage au Royaume-Uni ! Les Ménard, et tout le courant eurolâtre qui le suit, de ce point de vue, c'est la victoire de Bilderberg, du mondialisme et de la franc-maçonnerie.
La politique c'est l'art de l'addition, pas de la soustraction !
Si on lit attentivement l'ouvrage publié par Marine Le Pen en 2006, c'est-à-dire cinq ans avant son arrivée à la tête du parti, on s'aperçoit que sa ligne sociale-souverainiste y figurait déjà en pointillés. C'est donc parce qu'elle souhaitait cette ligne qu'elle a embauché Florian Philippot (dans un but de formalisation technique et intellectuelle, mais aussi pour en être une nouvelle vitrine) et non pas parce que Florian Philippot est arrivé qu'elle a utilisé ce logiciel politique...
Si à l'évidence, Marine Le Pen n'a pas su faire que les composantes du parti (courant identitaire de Marion Maréchal Le Pen, et courant souverainiste de Philippot) se parlent et organisent entre eux "leur complémentarité" au sein du parti (analyse fort juste de David Desgouilles, membre de la rédaction de Causeur, pour Le Figaro), le départ de Philippot ne changera rien et ne freinera pas le déclin politique d'une formation incohérente qui d'un côté affiche le ni-droite-ni-gauche (ligne Philippot qui a fait passer le FN de 11 à 25%) et de l'autre est poussée par des cadres qui ne jurent plus que par "l'union des droites"...
Rappelons simplement que le souverainisme est avant tout un mouvement de droite : c'est le mondialisme idéologique depuis 1789 jusqu'à l'UE actuelle qui est de gauche. C'est l'UE, cette construction étatique totalitaire et idéologique qui a un logiciel de gauche. Ce qu'avait bien vu Nigel Farage. De ce point de vue, toute personne soit-disant "de la droite de la droite" (sic), qui chercherait à diviser, à cliver sur ces deux composantes historiques et complémentaires du FN - ce que fait Robert Ménard et une partie du courant dit "identitaire", "catholique"-"libéral" - est en fait une personne de gauche, formatée aux idéaux de 1789, qui sert le mondialisme et ne travaille pas au bien de la France.