Les petits partis eurosceptiques deviennent des faiseurs de roi. La coalition de droite a remporté les législatives hier en Norvège, permettant à la cheffe du gouvernement Erna Solberg d'être la première "conservatrice" en plus de 30 ans à rempiler dans le riche pays nordique.
Après décompte de 93,2 % des suffrages, la coalition sortante regroupant le Parti conservateur et les populistes du Parti du Progrès (anti-immigration) était créditée, conjointement avec ses alliés démocrates-chrétiens et libéraux, d'une courte majorité de 89 sièges sur les 169 que compte le Parlement.
Même si le Parti du progrès fait moins de voix depuis qu'il participe au gouvernement, la coalition de droite euro-sceptique a remporté l'élection. Il y a deux autres mouvements eurosceptiques à gauche en Norvège, le "Parti socialiste de gauche" et le Parti du centre.
"Nous devons rester prudents mais il semble que l'on aura une majorité non-socialiste", c'est-à-dire de droite, a déclaré Mme Solberg. Le principal opposant de Mme Solberg, le travailliste Jonas Gahr Støre a concédé la défaite à demi-mot et félicité sa rivale: "Cette élection est une grosse déception pour le parti travailliste", a admis le multimillionnaire de 57 ans. Les travaillistes semblent devoir perdre six sièges par rapport aux législatives de 2013. Les écologistes, que les sondages voyaient potentiellement dans une position charnière, ressortiraient sous le seuil fatidique des 4 % qui donne droit a un surcroît de mandat. (Le Point)
Le taux de chômage, qui avait atteint son plus haut niveau depuis vingt ans avec 5 %, est retombé à 4,3 % tandis que l’indice de confiance des consommateurs s’établissait au plus haut depuis dix ans. (Le Monde)
Le gouvernement "conservateur" a abaissé la pression fiscale pour relancer l'économie et la préparer à l'âge post-pétrolier. En face, Jonas Gahr Støre, un millionnaire diplômé de Sciences Po Paris, promettait de réduire les inégalités et de relever les impôts des plus riches pour consolider l'État-providence. (Les Echos)
Très bonne analyse du scrutin par TV libertés hier soir : "la Norvège réussit une prouesse : alors que le pays n'est pas dans l'UE, de plus en plus de norvégiens en ont après Bruxelles.
Alors que la Norvège n'est pas membre de l'UE, ce sont bien des eurosceptiques qui pourraient tirer profit de la Chambre unique. Aujourd'hui, la Norvège est membre de l'AELE (l'Association européenne de libre-échange) réunissant la Suisse, le Liechtenstein, et l'Islande, ainsi que de l'espace économique de l'UE, qui lui donne accès au marché unique. C'est cette coopération que les euro-sceptiques souhaitent abandonner considérant qu'elle compromet leur souveraineté nationale.
Du côté d'Oslo, certains envisagent déjà une redistribution des cartes diplomatiques et commerciales en se tournant vers le Royaume-Uni, et à long terme, favoriser un peu plus les relations avec les états européens non membres de l'UE. Un désengagement du pays du marché unique ne serait pas vraiment une bonne nouvelle pour Bruxelles, la Norvège étant le principal pays producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest et l'un des pays les plus riches au monde." (JT de Tv-Libertés du lundi 11 septembre 2017)
Cette tendance, étant confirmée au lendemain des législatives en Norvège, cela constitue un nouveau camouflet pour l'UE après le Brexit.
Une chose est sûre : le pouvoir d'attraction de Bruxelles semble se réduire un peu plus à peau de chagrin.