Je veux un roi parce qu'il est le portier du royaume, parce qu'il incarne ce que je trouve beau et grand chez l'homme, et que l'ordre qu'il met dans la société, simplement en étant là, me paraît harmonieux, glorieux, lumineux, et non pas parce qu'on m'aurait prouvé qu'il serait à la tête d'un régime supérieur à la république.
M'expliquerait-on à l'aide d'un raisonnement imparable que la monarchie est une erreur et la république une vérité, je préférerais vivre dans cette erreur.
Mon esprit philosophique s'arrête là où est mon coeur, de la même manière qu'une jeune fille charmante m'intéresse beaucoup plus qu'un raisonnement et me le fait abandonner dès qu'elle apparaît, la monarchie m'intéresse beaucoup plus que la philosophie politique.
Tv-Libertés, entretien exclusif Marin de VIRY, auteur de "Un roi immédiatement" :
Extraits:
"Le mépris des communicants est une nécessité de l'hygiène contemporaine de l'esprit."
"La droite sans Dieu et la gauche sans idéal ont vécu."
"Si on veut faire communauté, il faut que celui qui fait ou le mécanisme qui fait communauté reflète ce que nous sommes totalement, c'est-à-dire des personnes, des membres de la nation qui correspondent à un temps, à un moment de l'histoire de cette communauté et donc que nous allons disparaître. Et la question de cette disparition et de la transformation de cette disparition en espoir ou en rien est une question essentielle qui n'est pas résolue par la république, puisque la république est laïque et elle ne se prononce pas sur l'au-delà. (En revanche) le roi, lui se prononce sur l'au-delà, puisque le roi est chrétien, et en tant que chef symbolique de la communauté, il ouvre la perspective dans laquelle la communauté a construit quelque chose dans l'invisible.
Et cette idée que la communauté construise quelque chose dans l'invisible et que chaque génération est en quelque sorte redevable de la pierre qu'elle apporte à l'invisible (pour les catholiques c'est la Jérusalem céleste) est une dimension qui manque... Elle était particulièrement atteinte dans le sacre, ce moment où le roi devient le portier de l'invisible, cette espèce de charnière entre le visible et l'invisible et où la collectivité peut se reconnaître comme une génération et l'homme comme une personne qui va mourir.... Alors, on peut vivre sans, mais on vit avec moins d'humour, on vit avec moins de hauteur de vue, avec moins d'ironie. On vit avec moins d'idées qu'il faut aller chercher les principes dans le ciel. C'est au fond 'Les Racines du Ciel' (titre du livre de Romain GARY). La monarchie c'est les racines du Ciel."
"Le roi, c'est le chevalier supérieur qui n'utilise la force que pour la justice. A ce titre-là il est émancipateur parce qu'il transforme la violence, en utilisant la force au profit de la justice. C'est l'idée que la force ne sera utilisée qu'à cette fin." (Lire: "La justice du roi" d'Arlette LEBIGRE)"
"Stendhal, écrivain français (1783-1842), avait annoncé la haine impuissante qui deviendra la passion dominante du siècle à venir."
"Au XIXe siècle, Stendhal voit la compétition. Il voit que l'argent permet de fluidifier toutes les situations. Il voit la dissolution de l'ordre d'Ancien Régime. D'une certaine façon il y adhère à travers son jacobinisme et son jacobinisme est un jacobinisme d'ordre napoléonien, impérial. Et ce qu'il redoute par dessus-tout, c'est qu'à côté de ce jacobinisme d'ordre et de gloire se créée cette espèce de compétition mimétique orchestrée au moyen de l'argent.
La haine mimétique est généralisée, elle est inscrite dans l'idée même de la modernité libérale qui consiste à dire que nous avons des opportunités, des 'capacités' dirait John RAWLS, et ce qu'il faut pour que les gens deviennent épanouis et heureux, c'est de profiter des opportunités et jouir des capacités.Et pour cela la fluidité doit être la plus importante possible. Il y a beaucoup de gens qui trouvent cela formidable : Emmanuel MACRON, par exemple. Les grands facteurs de stabilisation sont considérés comme l'ennemi de ce monde-là. De GAULLE avait cette citation célèbre "la sourde angoisse des déracinés et l'antique sérénité d'un peuple de paysans'. Là c'est l'inverse, c'est la sourde angoisse du paysan et la sérénité des gens déracinés."
"La supériorité de la monarchie vient d'une sensibilité et d'une esthétique, et d'une morale personnelle. Il y a un très beau texte de Romain GARY sur de Gaulle, "Ode à l'homme qui fut la France", écrit le jour de la mort de de Gaulle. Et il a cette phrase : "Le monarchie c'est une certaine idée de la grandeur de l'homme".
Lire : "Ce qu'il faudrait à ce pays, c'est un roi" (Charles de Gaulle).
"C'est cela la monarchie, c'est une certaine idée de la grandeur de l'homme. C'est une affaire sensible."
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