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Christ Roi

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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 14:43

Un texte de Charles Gave :

Charles Gave : Réflexions sur la notion de Peuple

Dans l’antiquité grecque et latine, la foule, la plèbe, étaient considérées comme dangereuses parce qu’imprévisibles et soumises à des emballements « incompréhensibles » (voir les analyses de René Girard pour une explication). Les gens éduqués, les élites, se tenaient donc le plus loin possible de la plèbe et des petites gens.

 

Arrive le Christ qui littéralement transforme la notion de foule, de plèbe en une toute nouvelle entité, le Peuple.

 

Et cette transformation se passe pendant une prédication de Jésus dans le désert.Une foule immense suivait Jésus, la fin de la journée approche, il se retourne et a pitié d’eux qui ont faim et soif alors que le lieu est désertique.Il leur dit de s’assoir et procède à la multiplication des pains et du poisson.

 

C’est de ce moment là que date la notion de Peuple de Dieu, constitué de pauvres, de bancals, d’aveugles, de perclus, d’idiots. Et ce sont ces gens là que Jésus nous demande d’aimer à la place de les mépriser et de les tenir à l’écart.Et ce sont ces mêmes gens qui seront sauvés « Heureux les pauvres, heureux ceux qui pleurent… car le Royaume des Cieux est à eux» Et d’ajouter, « ce que vous aurez fait pour le plus petit d’entre eux, vous l’aurez fait pour moi »

 

Ce renversement total de perspective, ou la plèbe devient le Peuple, est bien sur à l’origine de la civilisation Chrétienne.

 

L’Eglise Catholique a porté ce message pendant vingt siècles (non sans de nombreux loupés, j’en conviens : « L’Eglise est un vaisseau qui a son gréement dans les étoiles et sa coque dans la merde » disait Bernanos …)

 

Il n’en reste pas moins que notre bonne vieille Eglise a été à l’origine du développement de la science (puisque le rôle de la créature était de comprendre par la raison ce qu’avait voulu faire le Créateur), des hôpitaux, des écoles , des universités, de la protection des femmes et des enfants au travers de la sanctification de la famille, de la limitation du pouvoir des puissants (trêve de Dieu) et bien sur des droits de l’homme (controverse de Valladolid).

 

Au XVIII eme siècle avec la Révolution Française et au XIX eme siècle, surtout, avec Marx, tout change.

 

Les notions de peuple, de petites gens comme centre de l’histoire franchissent une nouvelle étape. Le Peuple n’est plus sauvé par le Messie, mais le DEVIENT (Marx), ce qui est une novation extraordinaire. Mais cette nouveauté à une conséquence fâcheuse que peu de gens ont compris à l’époque : le Peuple n’a plus besoin d’être aimé, soigné et éduqué mais … guidé.

 

Et nous nous retrouvons avec le problème qui a plombé l’Eglise Catholique pendant des siècles : comment aimer le peuple sans chercher à le diriger ?

 

L’église avait non seulement une réponse théorique à cette tentation (à laquelle elle a souvent cédé) « mon Royaume n’est pas de ce monde », mais aussi une réponse pratique, l’émergence de personnalités extraordinaires telles François d’Assise, Vincent de Paul ou Mère Theresa qui aimaient sans chercher à diriger.

 

Le socialisme ou la technocratie n’en avait aucune, ce qui revient à dire qu’au bout d’un certain temps, les élites se lassèrent du peuple (ou le peuple des élites) et que le Peuple de Dieu redevint la plèbe, un peu comme il l’était dans la Rome antique.

 

Et la déchristianisation qui commence à peu prés à la même époque ne fit qu’accentuer ce phénomène.Bien entendu, ce qui se passe aujourd’hui dans le domaine politique est la preuve de cette régression historique dans la quasi totalité des pays développés du monde en général et en France en particulier.

 

A l’évidence, la gauche n’aime plus le peuple et le peuple, redevenu la plèbe n’aime plus la gauche.

 

En fait, nous sommes dans un pays ou la gauche a trahi le peuple, le reléguant au rôle de plèbe, tandis que la Droite a trahi la Nation, ce qui laisse une grande partie de ceux qui ont besoin d’être aidés quelque peu désemparés.

 

Et c’est ce que constate le géographe Christophe Guilly dans tous ses livres.

 

La France aujourd’hui est géographiquement distribuée en trois zones concentriques :

 

Au centre, ceux qui sont adaptés à l’économie moderne que j’ai appelé l’économie de la connaissance dans mon livre « C’est une révolte, non Sire c’est une Révolution ». Ils contrôlent l’économie et les media. Il est d’usage de les appeler les « bobos » et ils constituent l’électorat de Macron.

En périphérie des bobos, on trouve les immigrés qui sont de fait les domestiques des bobos (Chauffeurs Uber, Taxis, gardes d’enfants, personnel soignant etc..) et sur lesquels se déversent les subventions étatiques, ce qui permet aux bobos d’avoir des domestiques pas trop chers. Ce deuxième groupe vote Melenchon.

Et enfin, à une heure et demi ou deux heures du centre de la grande ville dans laquelle les bobos résident dans des appartements hors de prix, on trouve les perdants de la mondialisation, ceux qui naguère étaient employés dans le secteur industriel. Ils votaient communistes autrefois, ils votent FN aujourd’hui. Et il n’y a plus aucun contact entre les bobos et les habitants de la troisième zone.

 

Et ce que cela veut dire est assez simple : Ce qui fait office d’élites de nos jours n’a que mépris pour ceux qui vivent dans la France de la périphérie. Ce qui implique que « la volonté de vivre ensemble », absolument constitutif d’une Nation n’existe plus. Les élites méprisent la plèbe et plus encore ses représentants encore plus que cela n’était le cas dans la Grèce ou la Rome antique.

 

A l’époque, et il faut s’en souvenir, les membres de la plèbe étaient appelés en Grèce les « idiotes » et leurs meneurs les « démagogues ».

 

Plus ça change…

 

En fait, les bobos méprisent la plèbe et REFUSENT d’entendre sa voix, ce que l’on a fort bien vu lors de cette campagne présidentielle. Toute discussion des problèmes affectant cette troisième zone a été purement et simplement interdite. Et du coup, le Peuple, redevenu plèbe se met à haïr les bobos…

 

Nous sommes donc en train de fermer une parenthèse historique qui a duré prés de 2000 ans et c’est sur cette parenthèse que reposait une notion aussi fondamentale que l’égalité de tous devant la Loi.

 

En Grande-Bretagne, aux USA le petit peuple a réussi à faire entendre sa voix, au moins partiellement, en France des manœuvres politiciennes de bas étage ont réussi à empêcher tout débat.

 

Il reste à notre pays une dernière chance pour permettre à cette partie de la Nation de s’exprimer, les élections législatives de Juin 2017.

 

Faute d’un résultat qui permettrait aux citoyens de la zone périphérique de se faire entendre, la France serait irrémédiablement coupée en deux et le pire serait à craindre.

 

Si par malheur la Démocratie ne fonctionnait pas, alors la violence deviendrait non seulement inévitable mais légitime.

 

 

Source: Charles Gave, Institut des Libertés

NdCR. "Au XVIII eme siècle avec la Révolution Française et au XIX eme siècle, surtout, avec Marx, tout change.

Les notions de peuple, de petites gens comme centre de l’histoire franchissent une nouvelle étape. Le Peuple n’est plus sauvé par le Messie, mais le DEVIENT (Marx), ce qui est une novation extraordinaire. Mais cette nouveauté à une conséquence fâcheuse que peu de gens ont compris à l’époque : le Peuple n’a plus besoin d’être aimé, soigné et éduqué mais … guidé.

 

Et nous nous retrouvons avec le problème qui a plombé l’Eglise Catholique pendant des siècles : comment aimer le peuple sans chercher à le diriger ?

 

L’église avait non seulement une réponse théorique à cette tentation (à laquelle elle a souvent cédé) « mon Royaume n’est pas de ce monde », mais aussi une réponse pratique, l’émergence de personnalités extraordinaires telles François d’Assise, Vincent de Paul ou Mère Theresa qui aimaient sans chercher à diriger."

 

"Mon Royaume n'est pas de ce monde" ne signifie pas que le Christ annonce que sa royauté ne s'exerce pas SUR ce monde, mais que son pouvoir ne vient pas DE ce monde (le pouvoir du Christ sur terre vient d'en-Haut). Il y a certes la réponse proposée par un S. François d’Assise, mais il y a aussi celle de S. Thomas d'Aquin et de l'école thomiste, une réponse à l'augustinisme politique de l'état moderne.

 

En France, la monarchie a été ce régime politique d'équilibre où le peuple continuait d'être sauvé par le Messie, et ne le devenait pas, ce régime où la personne du roi, ses qualités, ses défauts, ne comptaient pas, mais où la qualité des institutions faisait que le roi gouvernait par amour du Messie sans chercher à diriger. Le peuple put ainsi continuer d'être "aimé, soigné et éduqué", jusqu'en 1789. Après, effectivement, "tout change". La question du dirigeant qui ne l'est plus (le propre de la souveraineté est de ne pas se diviser...) reste ouverte. La démagogie et le mensonge deviennent la caractéristique des présidents de la république. L'amour du peuple a disparu, la concurrence haineuse de tous contre tous l'a remplacé. La loi du plus fort devient la règle. Déclin et décadence dans tous les domaines confirment cette autre parole du Messie : "Sans moi vous ne pouvez rien faire".

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