Emmanuel Macron a dénoncé aujourd'hui la colonisation comme "un crime contre l'humanité". Il aurait bien fait de dénoncer le crime de l'intervention de son gouvernement en Syrie. Dans un entretien accordé mardi 14 février à Europe 1 et TF1, et diffusé aujourd'hui, le président syrien Bachar el-Assad a en effet fustigé "la politique de la France" sous François Hollande, qui "a consisté à soutenir les terroristes en Syrie" et "est directement responsable des tueries dans notre pays" (la Syrie) qui ont "des centaines de milliers" de morts..., et pour lesquels on n'a pas entendu l'ex-ministre de François Hollande dénoncer spécialement ce crime.
La France a peut-être apporté les droits de l'homme en Syrie, mais elle a encore une fois oublié de les lire ! (1)
L'entretien de Bachar Al-Assad est retranscrit en intégralité sur Europe1.fr. Voici l'extrait en question :
FN : Monsieur, parlons des relations entre la France et la Syrie. D’ici quelques semaines, un nouveau président sera élu en France. Et parmi les débats que nous avons chez nous, il y a celui qui concerne la reprise du dialogue avec votre gouvernement. Est-ce que vous espérez une relance des relations diplomatiques avec la France ?
Al-Assad : Ce qui est important, ce ne sont pas nos relations diplomatiques. Il s'agit essentiellement et en premier lieu de la ligne politique de la France. Si nous n’avons pas de relations diplomatiques, ce n’est pas un gros problème pour le moment. Même si pour le long terme, il faudrait avoir de bonnes relations avec n’importe quel pays, y compris des relations diplomatiques.
FN : Eh bien parlons de la ligne politique de la France !
Al-Assad : Exactement. La politique de la France, depuis le premier jour a consisté à soutenir les terroristes en Syrie, et est directement responsable des tueries dans notre pays.
FN : C’est une accusation très sérieuse contre la France ! Comment pouvez-vous dire que la France soutient le terrorisme ?
Al-Assad : Ce sont eux qui le disent. Je ne les accuse pas. Ils ont dit à plusieurs reprises avoir soutenu la guerre. François Hollande a même récemment déclaré que cela avait été une erreur de ne pas avoir déclenché la guerre en 2013. Ce sont eux qui ont dit qu'ils envoyaient de l’armement à ce qu’ils appellent des groupes "modérés", et qui sont en fait des terroristes. Ce sont eux qui l'ont dit, pas moi. Les Américains ont tenu les mêmes propos, les Français aussi. Alors si vous revenez aux déclarations de vos dirigeants durant ces deux, trois ou quatre dernières années, vous trouverez bien plus d’une déclaration faite par des responsables français. Ils s'accusent eux-mêmes.
MS : François Hollande est sur le point de quitter le pouvoir en France. Et vous êtes toujours là : avez-vous remporté ce bras de fer avec François Hollande ?
Al-Assad : Il ne s’agit pas de moi et de lui. Il n’y a rien de personnel là dedans. Je ne l’ai jamais rencontré. Pour être franc, je ne me soucie aucunement de lui avec ses 11% de popularité, ce qui je pense s’appelle toucher le fond comme jamais aucun de ses prédécesseurs dans l’histoire de France. En fait, il s’agit avant tout d’une affaire entre moi et les terroristes, et entre moi et quiconque soutient les terroristes. Jusqu’à maintenant, les terroristes n’ont pas été en mesure de gagner cette guerre. Mais ils détruisent la Syrie. Ils ont tué des centaines de milliers de syriens. Alors je ne peux pas dire que j’ai gagné la guerre. Ils n’ont pas réussi à accomplir leur projet, oui, mais pour le moment nous n’avons pas encore terminé notre guerre. Je ne peux donc pas dire que j'ai gagné cette guerre.
Source : Retrouvez l'interview intégrale de Bachar al-Assad, 08h31, le 16 février 2017, modifié à 21h29, le 16 février 2017
Notes
(1) Pour condamner la colonisation comme un "crime contre l'humanité", le candidat d'"En marche" arrière(!), Emmanuel Macron, qui commis un dérapage (le crime contre l'humanité, concept juridique strictement défini, ne s'applique pas à la colonisation) a également déclaré sur twitter: "Je ne laisserai pas mes propos être récupérés à des fins clientélistes ou électoralistes". A tout le moins pourra-t-on lui faire remarquer que c'est lui, qui dans un contexte particulièrement explosif de troubles d'attentats islamistes, et d'émeutes dans les banlieues suite à l'"affaire Théo", et de contexte de présidentielle dans deux mois..., sort soudainement ce thème de l'ombre où il était pour le mettre sur le devant de la scène, "à des fins clientélistes et électoralistes", et en instrumentalisant le vote ethnique et religieux ! Dangereux et indigne. Cette méthode oligarchique commence maintenant à être bien connue : l'inversion accusatoire ne fait que désigner son auteur, à tous points de vue.