Prière de S. Augustin « N'avoir de joie ni d'espérance qu'en Dieu »
Que je vous connaisse, Ô mon Dieu, que je vous connaisse ainsi que je suis connu de vous. Entrez dans mon âme, unique force de mon âme, et rendez-la si pure par votre souveraine pureté qu'elle soit toute remplie et toute possédée de vous, et qu'elle n'ait plus ni tache ni ride. C'est là le but de mes espérances : c'est là le mouvement qui anime mes paroles : c'est là le sujet de toutes mes joies, de toutes mes véritables et mes légitimes joies.
Car pour toutes les autres choses de la vie, les unes méritent d'autant moins d'être pleurées qu'on les pleure davantage, et les autres sont d'autant plus déplorables qu'on les pleure moins.
[...] Quand je vous cherche, mon Dieu, je cherche la vie bienheureuse, et je vous chercherai afin que mon âme vive, puisque c'est de vous que mon âme tire sa vie.
[…] Mais, Ô mon Dieu que j'adore, ne souffrez pas que votre serviteur se laisse jamais porter à croire que toutes sortes de joies soient capables de nous rendre heureux : car cela n'appartient qu'à cette joie qui n'est point connue des méchants, mais de ceux qui vous servent sans intérêt, dont vous-même êtes la joie, et c'est en cela que consiste la vie bienheureuse de se réjouir en vous, par vous et pour l'amour de vous ; c'est en cela qu'elle consiste et il n'y en a point d'autre.
Source: Saint Augustin, Confessions, Livre X et Livre XII in Saint Augustin, Confessions, traductions d'Arnaud d'Andilly, Gallimard Folio Classique, Malesherbes 2016, p. 331; 365-366.