Ces jours-ci, à l'occasion de la percée du candidat ultra-libéral en économie François Fillon arrivé en tête à 66,6% du second tour de la primaire "Les Républicains", le site "Le Salon beige", site de plus en plus coloré et de moins en moins neutre, jette le masque en plébiscitant sa ligne libérale économique à des fins de stratégie électorale. Ce texte est signé du directeur du "Salon beige", Guillaume de Thieulloy :
La course au centre est un suicide électoral
De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités à propos de la victoire de François Fillon :
"[C]e qui est plébiscité, c’est donc une ligne politique de libertés économiques et de conservatisme social. Il est évidemment très discutable que François Fillon incarne réellement cette ligne politique, lui qui a grandi dans l’ombre de la Chiraquie. Mais, en politique, les images comptent autant, sinon plus, que la réalité. Et il n’y a guère de doute que c’est cette ligne qui l’a emporté, le 27 novembre."
Michel Janva
Posté le 30 novembre 2016 à 08h10 | Lien permanent
Un autre article sur "Le Salon beige", signé de Philippe Carhon, inversant l'attaque traditionnelle des catholiques sociaux contre le libéralisme économique de la droite louis-philipparde orléaniste au XIXe s., montre la promotion du libéralisme en économie par ce site, avec une attaque de "la ligne philipportade" (sic) du FN Florian Philippot. Comme toujours, "Le Salon beige" avance masqué, ne dit pas clairement son positionnement libéral en économie, mais le fait en citant des auteurs de la mouvance. Ici, un auteur régulièrement à l'honneur sur "le Salon beige", Bernard Antony :
Bernard Antony : "Je continuerai à voter et faire voter pour Marine Le Pen et le FN mais..."
Lu sur le blog de Bernard Antony :
... Mais cela deviendra de plus en plus difficile si elle continue à laisser toujours plus à Florian Philippot, certes intelligent mais hostile sur trop de points à nos valeurs et idées, le soin de fixer et d’exprimer la ligne programmatique de ce Front National qu’il semble n’avoir jamais aimé. Je suis donc parmi ceux, très nombreux je crois, qui se situent dans une authentique droite de conviction (pour la vie, la patrie, la justice sociale), qui attendent de Marine Le Pen qu’elle en finisse avec la mauvaise ligne philippotarde.
Philippe Carhon
Posté le 30 novembre 2016 à 05h33 | Lien permanent
Le "Salon beige" ne craint pas de se contredire à longueur de journées en affichant d'un côté une ligne catholique "conservatrice" et en promouvant d'un autre côté le libéralisme économique.
Rappelons rapidement à nos lecteurs, que le libéralisme économique a prouvé sa nocivité par des résultats terrifiants au XIXe siècle. Au XIXe siècle, il aura fallu le combat d'un siècle des royalistes légitimistes et des catholiques sociaux pour créer une législation sociale et adoucir le sort des ouvriers (Exemple: les Congés payés).
A la fin du XXe s., en Angleterre la Dame de fer du laisser-faire a fait monté le chômage qui a atteint 6,8 % lors de sa dernière année au pouvoir en 1990 (Alec Cairncross, The British Economy since 1945, Institute of Contemporary British History).
Si la croissance de l'économie britannique des années 1990 et 2000 (2,8 % par an entre 1997 et 2006), légèrement supérieure à celle de l'Europe, et une baisse légère du chômage à 5,5 % en 2010 contre 7 % en 1997 (la moyenne de la zone euro étant de 8,1 %), peut être attribuée aux réformes de Margaret Thatcher, en particulier à celles touchant le fonctionnement du marché du travail, il est plus vraisemblable que ces résultats relatifs soient le fruit de la sortie par John Major (Parti conservateur) en 1990 de la livre sterling du système monétaire européen, en raison de la dégradation de la conjoncture économique.
En attendant, en 1990, le chômage s'était installé de façon durable dans les anciens districts industriels britanniques; la précarité salariale a augmenté; les infrastructures et du service public dans les zones rurales se sont dégradées; la qualité de l'éducation et le niveau général ont baissé; les inégalités se sont creusées entre les plus riches et les pauvres; le nombre de pauvres a augmenté et le taux de pauvreté est passé de 13,4% à 22,2% pendant les mandats de Margaret Thatcher. Voir le Bilan économique du thatchérisme.
Largement défait par le travailliste Tony Blair en1997, John Major s'est retiré mais le libéralisme économique a néanmoins continué d'être la ligne du blairisme, avec des infléchissements qui ont passé par une reconsidération de la question des inégalités, la renationalisation d'entreprises d'intérêt général en difficulté, ou encore une attitude moins isolée vis-à-vis de la construction politique de l'Union européenne, sans remettre fondamentalement en cause l'atlantisme traditionnel dans le pays. (Cf. Héritage du thatchérisme)
En 2007, le résultat du blairisme sur le chômage est mitigé. Celui-ci est passé de plus de 7 % en 1997 à moins de 5,5 % en 2007 (Source: Office National britannique des statistiques), soit une baisse marginale de 1,5%, d'ailleurs contestée par d'autres modes de calcul prenant en compte non pas les seuls bénéficiaires d'allocations mais tous les demandeurs d'emploi. Le taux de travail partiel a explosé à 25 % de la population active à la fin du mandat de Tony Blair.
Le travailliste Gordon Brown qui a remplacé Tony Blair en 2007, a poursuivi le thatchéro-blairisme en économie (2007-2010). La croissance, bien que légèrement plus forte que dans la zone euro (en raison de la sortie du système monétaire européen), n'a gagné que 0,6 point en vingt ans entre 1979 et 2009 (2,8 % en moyenne, contre 2,2 % au cours des vingt années antérieures).
Le conservateur David Cameron, ancien conseiller de Margaret Thatcher et de John Major, a remplacé Gordon Brown en 2010 et le libéralisme économique a continué sous son mandat (2010-2016).
Le 24 juin 2016, suite au référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne qu'il a pourtant initié, faisant campagne pour le maintien, et à l'issue duquel les Britanniques se sont prononcés pour quitter l'UE, David Cameron a dû démissionner. Theresa May lui a succédé à la tête du gouvernement et du Parti conservateur. Le libéralisme économique de David Cameron est ce qui lui a fait perdre le referendum et non ce qui l'a fait gagner.
Le fondamentalisme du marché , la valeur-argent remplaçant toutes les autres et faisant de l'homme une variable d'ajustement, est-cela que veulent réellement les catholiques français authentiquement conservateurs ? Nous en doutons.
Aujourd'hui, si l'on en croit "Le Salon beige" donc, la France se tournerait avec F. Fillon, vers le libéralisme économique, une "ligne qui l'a emporté" (sic) (Guillaume de Thieulloy). C'est une grossière erreur d'analyse : "croire que Fillon a été élu sur son programme économique est un contresens qui se paiera au prix fort". Cette phrase est de Patrick Buisson qui a également montré "l'incompatibilité fondamentale entre libéralisme et conservatisme". Fillon, en réalité a été élu par une demande de plus d'identité conservatrice (report des voix des manifestants contre le "mariage" homo) et non sur son libéralisme économique, assimilé au mondialisme et qui est massivement rejeté.
"Le Salon beige" ne craint pas de se contredire à longueur de journée en faisant la promotion d'auteurs conservateurs et antilibéraux comme Philippe de Villiers, ou Patrick Buisson. Philippe de Villiers a expliqué ce qu'il a vu et a montré que libéralisme économique et libéralisme sociétal "c'est la même chose" :
« Une face c'est la face libérale, la face économique, et l'autre face c'est la face libertaire. Et donc en fait ce sont les mêmes entreprises anationales, c'est-à-dire qui n'ont plus aucun lien avec un quelconque territoire, qui veulent tout marchandiser. Et Pierre Bergé a très bien résumé cela quand il a dit "il n'y a pas de différence entre louer son ventre pour faire un enfant et louer ses bras pour travailler en usine..." C'est cela qui aujourd'hui va être rejeté. »
Deux indicateurs montrent l'inflexion de l'Angleterre contre le libéralisme économique : en 2015 l'élection à leur tête par les travaillistes de Jeremy Corbyn (un adversaire du thatchéro-blairisme), et en 2016, le Brexit qui montre que les Britanniques demandent plus de protections, plus de frontières, et moins d'ouvertures ultra-libérales.
Si la France élit F. Fillon, en vertu de son libéralisme économique comme le dit "Le Salon beige", il faudra expliquer au lecteur qu'elle le fait au moment où l'Angleterre de Theresa May (Parti conservateur), ainsi que l'Amérique d'un Donald Trump se tourne vers plus de protectionnisme, plus de frontières et moins de libéralisme économique ! Décidément la France a toujours un train de retard.