La critique, la moquerie et même la calomnie dirigée contre les dirigeants a toujours fait partie de l'histoire de notre pays, au moins depuis les "Lumières"... Cette critique était jugée saine et "démocratique" lorsqu'elle était dirigée contre les "tyrans" de Versailles.
Du temps du socialiste Mittérrand, les bonnes consciences de gauche se moquaient du statut "monarchique" du président de la république et combattaient la constitution de la Ve république qui avait consacré ce statut.
Aujourd'hui, les mêmes bonnes conscience de gauche encensent pourtant ce même statut "monarchique" voulu par un général de Gaulle, royaliste. Ils vont jusqu'à pleurer que des gens abaissent la "fonction présidentielle" (sic) en faisant du "Hollande-bashing" : "Normal Ier", "Hollandouille", "Flamby", le "président catastrophe", le "président des records", tous ces sobriquets (somme toute assez gentils), démoralisent nos pauvres millionnaires. Dans un appel à paraître dans le JDD du 21 novembre, ils demandent de cesser "le procès quotidien", "l'acharnement indigne" visant le président F. Hollande, et les "injures et des mensonges ignobles" qui constituerait "une dérive dangereuse pour la démocratie" (sic) :
"Dès le départ, François Hollande a fait face à un incroyable procès en illégitimité entrepris à sa droite comme à sa gauche", estiment ces personnalités parmi lesquelles figurent notamment Catherine Deneuve, Benjamin Biolay, Juliette Binoche, Denis Podalydès ou encore Jean-Michel Ribes.
"Ce dénigrement permanent met à mal toutes les institutions de la République et la fonction présidentielle. Il perdure encore aujourd'hui malgré la stature d'homme d'État que François Hollande a parfaitement incarnée, tant dans les crises internationales que lors des épouvantables tragédies que notre pays a traversées", poursuit le texte.
Allons, allons, un peu de courage et de cohérence messieurs dames les signataires !
Rappelons d'abord à ces gens, qu'ils faisaient eux même partie de ceux qui faisaient du Sarkozy-bashing entre 2007 et 2012, quand Nicolas Sarkozy était président.
Rappelons-leur que les premiers aujourd'hui à faire du "Hollande-bashing" sont à rechercher dans leur famille politique et essentiellement parmi ceux qui, en 2012, ont voté pour François Hollande, et en sont déçus aujourd'hui.
Les Lumières, inventeurs du Hollande-Bashing
Enfin, rappelons à toutes ces bonnes consciences, donneuses de leçons de morale, les sarcasmes, les quolibets, les libelles, mais aussi les mensonges et les calomnies dont furent l'objet en leur temps les nobles, les rois, Louis XVI ou Marie-Antoinette, du temps des "Lumières" et des "encyclopédistes", qui sont les vrais inventeurs du "bashing" des dirigeants. Par exemple, une calomnie qui a toujours court de-ci de là parmi les bonnes consciences est une phrase faussement attribuée à Marie-Antoinette : "S'ils ne mangent pas de pain, qu'ils mangent de la brioche !"
Mentir comme un diable, Voltaire lui-même, l'ancêtre de nos bonnes consciences, durant sa vie, l'a illustré avec brio, sans défaillance.
"Il faut mentir comme un diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hardiment, et toujours", écrivait Voltaire à Thiériot, le 21 octobre 1736 (in Xavier Martin, Voltaire méconnu, Aspects cachés de l'humanisme des Lumières, 1750-1800, Dominique Martin Morin, Mayenne 2007, p. 22)
"Mentez, mentez toujours, il en restera quelque chose!" (Lettre de Voltaire au marquis d'Argens).
La génération des "Lumières", prônait ouvertement la destruction de toute structure sociale et de toute forme de moralité sans distinction. Aujourd'hui, leurs descendants appellent "démocratie", la "déconstruction" de tous les repères, de toutes les valeurs et de tous les principes moraux.
Diderot écrivait qu'il fallait étrangler le dernier des Rois avec les boyaux du dernier des Prêtres. Voltaire, qui écrivit "écrasez l'infâme" (Lettre de Voltaire à d'Alembert, 28 novembre 1762) [1], souhaitait voir le dernier jésuite étrangler avec les boyaux du dernier janséniste. Les dogmes des "philosophes" du XVIIIe siècle étaient l'athéisme, la liberté indéfinie de la presse et la tolérance illimitée des opinions. La cour montra un goût masochiste pour cette liberté d'opinion et cette littérature qui serait aujourd'hui qualifiée de nazie et interdite en conséquence.
"On connaît la première représentation du Mariage de Figaro (de Beaumarchais) le 27 avril 1784, où la cour tout entière, y compris le couple royal, applaudit aux vers que Figaro adresse au comte Almaviva (vraies tirades contre la noblesse), lui reprochant de n'avoir rien fait d'autre dans la vie que de s'être donné la peine de naître." (Pierre Gaxotte, La Révolution française, Nouvelle édition établie par Jean Tulard, Éditions Complexe, Bruxelles 1988 p. 67). "Le vieux Voltaire put se permettre de décerner une approbation à Marie-Antoinette pour la féliciter de son "libéralisme" (sic) : après son Œdipe, une autre de ses tragédies, Brutus, fut représenté devant la Cour à Versailles. Le comte de Ségur note dans ses Mémoires que deux vers avaient été applaudis avec un enthousiasme particulier: "Je suis fils de Brutus et je porte en mon cœur La liberté gravée et les rois en horreur..."
Ces "socialistes", aujourd'hui seront-ils donc moins libéraux que leurs grands ancêtre en général, et que le "patriarche des écraseurs", le seigneur de Ferney [2] en particulier ?
Et s'ils étaient cohérents, ne devraient-ils pas assumer cette part d'héritage des "Lumières" ? A moins, que ces signataires ne soient en fait les descendants corrompus d'aristocrates dégénérés à la lanterne ?
Rassurons-nous, leur appel à stopper le hollande-bashing s'inscrit bien dans l'héritage des Lumières qui réclamaient la "liberté de la presse" (pour eux), cependant qu'ils étouffaient les écrits et la pensée des contre-libellistes et quiconque ne pensait pas comme eux.
Notes
[1] Jacques SCIPA a expliqué qu'écraser l'infâme, "c'est le maître mot d'un parti, avec tout ce que cela implique d'agressivité, de caricature, d'efficacité, d'injustice souvent." (J. SCIPA, 'Infâme", dans R. TROUSSON et J. VERCRUYSSE, dirc., Dictionnaire général de Voltaire, Paris 2003, p. 652, col. 1 et 2, in Xavier Martin, Voltaire méconnu, Aspects cachés de l'humanisme des Lumières, 1750-1800, Dominique Martin Morin, Mayenne 2007, p. 159.)
[2] Le roi de Prusse Frédéric n'était pas rancunier. Il savait qu'il faisait plaisir à son correspondant Voltaire en l'appelant un jour, "le patriarche des écraseurs"... (Xavier Martin, Voltaire méconnu, ibid., p. 162.) "Les écraseurs. Il y a aussi Diderot, Helvétius, Thiériot. Et puis surtout Damilaville : à partir du 26 décembre 1763, l'expression phare dont nous parlons clôt quasiment tous les courriers qui lui viennent de Ferney...