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15 octobre 2016 6 15 /10 /octobre /2016 21:01
Frère Salomon arrêté le 15 août 1792 comme suspect d'activisme contre-revolutionnaire

Frère Salomon arrêté le 15 août 1792 comme suspect d'activisme contre-revolutionnaire

Mort en martyr à Paris, en 1792, lors des massacres de septembre, Salomon Leclercq est canonisé à Rome ce dimanche par le pape François. Il est le premier saint de la Révolution française. (1)

 

Le Frère Salomon Leclercq, né à Boulogne-sur-Mer le 14 novembre 1745 (diocèse d'Arras), est entré au noviciat des Frères des écoles chrétiennes le 25 mars 1767, Guillaume-Louis-Nicolas­ Leclercq, en religion Frère Salomon. Son père était un marchand de la partie inférieure de la ville, animée par l’activité du port. Contrairement à ses quatre frères, Nicolas est allé à l’école commerciale que les Frères des écoles chrétiennes dirigeaient dans la ville. Cette circonstance, ainsi que l’éducation chrétienne  reçue en famille, lui ont ouvert la voie vers sa future vocation. (2)

 

Éducateur dans l’âme, il s’inscrit pleinement dans le charisme de sa congrégation, en adaptant des formations pour les jeunes. Il s’adresse spécialement à un public de jeunes en difficulté pour leur enseigner les métiers du commerce, dans une "pension de force" près de Nancy. (3) Il manifeste un grand amour pour les âmes et un grand dévouement à ses tâches.

 

L’Institut des Frères des Écoles chrétiennes est né dans les années 1680-1685, sous l’impulsion de saint Jean-Baptiste de La Salle, chanoine de Reims. Cette congrégation a pour vocation de donner un enseignement et une éducation chrétienne aux "enfants des artisans et des pauvres". Les frères ont pour particularité d’être tous laïcs. On note cependant qu’en ville, les frères vivent une vie quasi religieuse, portant la soutane noire, le rabat blanc et les fameux "quatre bras" (manteau à manches flottantes) devenus célèbres dans le monde entier.

 

L’enseignement est vécu comme une vocation. Les frères vivent dans la pauvreté et la mendicité pour être capables d’offrir à leurs élèves une scolarité gratuite. Pour les maîtres, il s’agit quasiment d’un sacerdoce. L’exigence est réelle et la pédagogie est participative. Pour s’adapter à chacun, la pédagogie veut que l’enseignant s’efforce de connaître personnellement ses élèves. Pédagogue et guide spirituel, c’est en accomplissant son métier, dans les relations humaines, que l’éducateur rencontre Dieu. Les jeunes lui sont confiés, à lui de les élever pour qu’ils grandissent et deviennent des hommes et des femmes debout.

 

En 1790, Frère Salomon est le secrétaire du supérieur général des lasalliens. Lors de la promulgation de la "Constitution civile du clergé", adoptée grâce à une France en proie au gallicanisme des "Lumières", qui donne à l’État le contrôle sur l’Église de France (ce qui est une violation de la liberté religieuse dans le même temps que la "liberté de culte" est proclamée), il refuse, comme la plupart des lasalliens de faire allégeance à l’État pour rester fidèle à sa vocation, un refus alors passible d’exil, d’emprisonnement ou de mort. Dès lors, l’institution devient illégale et les frères vivent cachés, dans la clandestinité. S'opère dans l'église de France un schisme entre prêtres assermentés ou "jureurs" et prêtres "réfractaires".  Tout comme ses frères en religion, Salomon Leclercq a refusé de faire serment, pour rester fidèle à sa vocation. Dès lors, l’institution devient illégale et les frères vivent cachés, dans la clandestinité.

 

En 1791, lorsque les Frères et le Supérieur général lui-même furent forcés de quitter la maison de la rue Neuve, dans l’espoir de voir la tempête apaisée, il resta seul à la garder. Toujours habillé en civil, il ne pouvait pas passer inaperçu, peut-être parce qu’il allait aux églises, aux messes célébrées par  les prêtres non assermentés à la Révolution.

 

Juste après la prise des Tuileries, il est arrêté le 15 août 1792, jour de la fête de l'Assomption, jour de la fête nationale, comme suspect d’activisme contre-révolutionnaire et emprisonné au couvent des Carmes à Paris, avec de nombreux évêques, prêtres et religieux.

Saint Salomon Leclercq, premier saint de la Révolution française (1792)

Le 2 septembre, avec 200 autres ecclésiastiques, Frère Salomon est massacré à coups de sabre dans le jardin du couvent des Carmes, sans procès. Leurs corps sont jetés dans une fosse ou enterrés dans des fosses communes creusées dans le jardin. L'historien Ivan Gobry donne quelques informations sur les sacrificateurs des Carmes. "La bande, composée en majorité de Marseillais, qui n'attendait que cette permission officielle, se précipita au couvent."  Ce qui permet de dire qu'à chaque fois que les catholiques français chantent "la Marseillaise", "qu'un sang impur abreuve nos sillons", ils chantent leur propre élimination, le sang de Salomon Leclercq. Ivan Gobry précise qu'"un commissaire de cette même Commune (de Paris Ndlr.), ceint de son écharpe, encombré de sacs d'argent et de pièces comptables, qui versait leur salaire aux sacrificateurs. Celui qui avait 'bien travaillé' recevait trente ou trente-cinq francs. L'un d'entre eux ne reçut que six francs : son travail n'avait pas été suffisant." (4)

 

En tout, ce sont 3000 personnes qui furent les victimes des "massacres de septembre".

Saint Salomon Leclercq, premier saint de la Révolution française (1792)

Quelques jours avant sa mort, le Frère Salomon avait écrit à l’une de ses sœurs:

Souffrons avec joie et gratitude pour les croix et les afflictions qui nous sont envoyées. Pour ma part, je ne me considère pas digne de souffrir pour Lui, parce que jusqu’à présent, je n´ai eu rien à souffrir alors qu'il y a tant de confesseurs de la foi qui sont en difficulté.

Frère Salomon Leclercq

Salomon Leclercq est alors le premier martyr de sa congrégation, d’où une vénération qui s’étend à tous les lieux lasalliens dans le monde et notamment au Venezuela. C’est là qu’en 2011, la guérison miraculeuse d’une petite fille mordue par un serpent sera attribuée par le diocèse de Caracas au bienheureux Salomon Leclercq, invoqué par les religieuses s’occupant de la fillette. (5)

 

Le miracle

 

María Alejandra Hernández, est née le 19 juin 2002. Ensemble avec deux soeurs et un frère, à cause de la dépendance toxique de leur mère, elle est accueillie dans le foyer "Maria Goretti" fondé par Mons. Rafael Febres-Cordero, situé dans la ville rurale de Sabaneta de El Hatillo, sur les montagnes de la côte centrale, au nord du Venezuela, à quelques kilomètres de Caracas. À l’âge de cinq ans, le 6 septembre 2007, tout en jouant avec d’autres enfants, elle a été mordue au pied gauche par un animal non identifié. On ne donna pas trop d’importance à ce qui s´était passé; on pensait à n´importe quelle piqûre d’un gros insecte, comme un taon (bachaco trinitario) répandu dans la région. Le lendemain, l’ecchymose s´était étendue à tout le membre, la jeune fille présentait plusieurs ecchymoses sur la peau et perdait du sang par les gencives et le nez. Elle a été emmenée rapidement à la salle d’urgence à la clinique Sainte-Sophie de Caracas. On finit par soupçonner un empoisonnement à cause d´un serpent venimeux du type bothrops, très répandu dans la région, et dans l’espoir de limiter des dommages permanents on lui injecta une très bonne dose d'un antiophidique polyvalent. C´était le seul traitement possible, mais son efficacité était liée à la rapidité de l’application. La jeune fille reçut la dose 52 heures après l’incident. Par conséquent, ils étaient préparés à l’amputation de la jambe, dans l’espoir de limiter les dommages et éviter des conséquences plus graves. Pendant ce temps, à l’église de Sabaneta, les Sœurs, les enfants et les voisins, ont commencé à prier devant la statue du bienheureux Frère Salomon, bien connu et vénéré dans ce lieu. De façon inattendue la situation s´améliorait, les données médicales revenaient à la normale et l’amputation n'était plus nécessaire, si bien que la jeune fille le 11 septembre sortait de l’hôpital complètement guérie. Les contrôles cliniques successifs ont montré des conditions physiques normales et le manque de conséquences avec une intégrité anatomique-fonctionnelle complète du membre inférieur. L’enquête diocésaine a été lancée le 19 janvier 2011 au diocèse de Caracas et a pris fin le 29 septembre de la même année.

 

Le 3 mars 2016, eut lieu le Consultation médicale qui s´est prononcée en faveur de l´inexplicabilité scientifique du cas étudié et le dossier fut présenté au Vatican. Le 5 avril, c´était le tour aux théologiens du Vatican de s´exprimer; ils ont déclaré le procès "positif". Le 3 mai c´était le tour aux cardinaux et les évêques d'émettre leur jugement qui fut, lui aussi, positif.

Le "massacre de septembre 1792"  se passe après le complot républicain et maçonnique du 10 août 1792, qui renversa la royauté et avant la proclamation de la soit-disant "république" (chose de tous, chose de quelques-uns) dix jours plus tard le 21 septembre.

 

En août 1792, à la suite de la chute de la monarchie, des centaines de prêtres, religieux, laïcs, sont arrêtés à Paris par les révolutionnaires comme "ennemis de la patrie" et réfractaires à la Constitution civile du clergé. Ils sont enfermés dans diverses maisons religieuses transformées en prisons improvisées : les Carmes, l’Abbaye, la Force.

 

Robespierre affirme qu'"il faut purger le sol de la Liberté des conspirateurs qui l'infectent." (1er septembre, au Conseil général de la Commune)

 

Le 2 septembre, ces prisons sont investies par des sans-culottes qui mettent en place un simulacre de tribunal. Plus d’un millier de personnes sont ainsi massacrées. Pour 191 d’entre eux (trois évêques, 127 prêtres séculiers, 56 religieux et cinq laïcs), dont Salomon Leclercq, le martyr en haine de la religion est reconnu. Ils sont béatifiés en 1926.

 

Dans une video publiée en octobre 2015 l'historienne Marion Sigaut a expliqué: "cela a été préparé, voulu, planifié, organisé, surveillé, et payé. Le peuple a été tétanisé de terreur. Et les 'élections' à la convention, qui ont vu naître la république... se déroulaient en même temps...."

 

La première béatification de martyrs de la Révolution est intervenue sous saint Pie X en 1906, c’est-à-dire en période de turbulences entre les catholiques français et la République, avec la loi de séparation des Églises et de l’État et l’expulsion des congrégations religieuses de France. C'est celle des 16 carmélites de Compiègne, accusées de "fanatisme et sédition" au plus fort de la Terreur et guillotinées le 17 juillet 1794.

 

En 1920, Benoît XV béatifie quatre Filles de la Charité d’Arras et 11 ursulines de Valenciennes, condamnées à mort pour avoir "enseigné la religion catholique, apostolique et romaine" et guillotinées le 23 octobre 1794.

 

En 1925, ce sont encore des femmes, 32 religieuses d’Orange, décapitées le 9 juillet 1794 pour "avoir voulu détruire la République par le fanatisme et la superstition", qui sont béatifiées par Pie XI.

 

Salomon Leclercq est le premier des lassaliens à être béatifié par le Pape Pie XI, le 17 octobre 1926 (6), avec 188 de ses compagnons de martyre.

 

Le P. Noël Pinot, guillotiné le 21 février 1794, revêtu de ses habits sacerdotaux, pour avoir refusé de prêter serment à la Constitution, est béatifié en 1926, en même temps que les martyrs des Carmes.

 

Autre prêtre réfractaire, le P. René-Pierre Rogue, exécuté à Vannes en 1796, est béatifié en 1934.

 

Des prêtres, religieuses et laïcs, les martyrs de Laval, guillotinés le 21 janvier 1794, sont béatifiés en 1955, comme le seront en 1984 les 99 martyrs d’Angers et d’Avrillé, guillotinés, fusillés ou noyés en janvier et février 1794. Parmi ces derniers se trouvent de nombreux laïcs, dont beaucoup de femmes. Soixante-quatre prêtres réfractaires, morts en déportation sur les pontons de Rochefort en 1795, sont béatifiés par Jean-Paul II en 1995.

 

En 2011, Sœur Marguerite Rutan, guillotinée le 9 avril 1794, est béatifiée à Dax.

 

Enfin, en 2012, le P. Pierre-Adrien Toulorge, guillotiné à Coutances en 1793, est béatifié.J

 

Jusqu’à présent, les prêtres qui ont prêté serment à la Constitution civile du clergé sont écartés des martyrologes. "Sans être majoritaires, les prêtres jureurs tués pour leur foi pendant la Révolution existent, et sont même assez nombreux, note Paul Chopelin, enseignant à l’université Lyon 3, spécialiste de l’histoire politique et religieuse des XVIIIe et XIXe siècles. Mais, n’ayant pas suivi la condamnation de la Révolution par Rome, ils reflètent la tension qui a existé au sein de l’Église pendant cette période." (7)

 

Si le mot "martyr" est rapidement employé, de manière informelle, pour parler de prêtres et religieux tués pendant la Révolution, il faudra attendre le centenaire de celle-ci, et la politique anticléricale de la IIIe République, pour que l’Église commémore officiellement les morts de la Révolution. En effet, dans les années qui suivent la période révolutionnaire, au moment de la signature du concordat entre la France et le Saint-Siège, l’heure est à la pacification entre Église et République, au prix de l’oubli du passé récent.

 

"C’est dans les années 1880, au moment des premières expulsions des congrégations religieuses, que des recherches documentaires sont menées, souvent par des prêtres, explique Paul Chopelin. Ces informations vont nourrir les procès en béatification qui vont s’ouvrir." Il s’agit de prouver que la mort a été donnée "in odium fidei", c’est-à-dire en haine de la foi. Cela est facile à déterminer lorsque les personnes ont été condamnées à mort par les tribunaux révolutionnaires pour "fanatisme", ce qui cible clairement la pratique religieuse, mais moins évident lorsque ce sont des motifs politiques qui sont mentionnés. Sans toutefois être rédhibitoire : le prémontré Pierre-Adrien Toulorge a été guillotiné comme "émigré rentré" et non comme prêtre, et toutefois béatifié comme "martyr de la Vérité".

 

Pour Paul Chopelin, il existe en outre encore aujourd’hui un malaise à évoquer les morts de la Terreur. "La réconciliation des catholiques avec la République explique le fait que ces morts sont gênants pour tout le monde, explique-t-il. De la part des autorités épiscopales, une volonté de tourner la page l’emporte bien souvent, empêchant de regarder cette plaie ouverte. D’ailleurs, lors de la béatification de Sœur Marguerite Rutan en 2011, le contexte historique de sa mort a très peu été évoqué."

Source: Lasalle.org Maison generalice

Source: Lasalle.org Maison generalice

A propos de la journée du 10 août 1792, Ivan Gobry a pu écrire : "Louis XVI avait refusé de prendre certaines mesures pour ne pas faire couler le sang français. Certes, le sang de la canaille - de la plus horrible canaille qu'il y ait eue sous notre ciel - avait été épargné; mais celui des meilleurs serviteurs de la France et de la monarchie avait été sacrifié avec une inconscience tragique." (8)

 

Il nous reste de Frère Salomon de nombreuses lettres qu'il écrivit à sa famille, dont la toute dernière, datée du 15 août 1792.

 

Sa fête est célébrée le 2 septembre (9), on y a joint celle des frères, martyrs des pontons de Rochefort, morts deux ou trois ans plus tard.

 

Le 10 mai 2016 fut rendu public le décret de la congrégation pour les causes des saints reconnaissant un miracle du à son intercession, ouvrant ainsi la voie à sa canonisation fixée au dimanche 16 octobre 2016. (10)

Source: Lasalle.org Maison generalice

Source: Lasalle.org Maison generalice

Source: Lasalle.org Maison generalice

Source: Lasalle.org Maison generalice

Sources

 

(1) Wikipedia

(2) Lasalle.org

(3) IHSnews

(4 ) Ivan Gobry, Les Martyrs de la Révolution française, Librairie académique Perrin, Paris 1989, p. 151, 169.

(5) Les martyrs de la Révolution, La Croix, Clémence Houdaille, le 15/10/2016 à 0h00 ;

(6) Radiovaticana

(7) Coauteur avec Catherine Chopelin de L’Obscurantisme et les Lumières, Éd. Vendémiaires

(8) Ivan Gobry, ibid., p. 124.

(9) Nominis

(10) Promulgazione di Decreti della Congregazione delle Cause dei Santi, News.va

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