On sait que Marie est la plus affligée des mères, qu'elle a souffert au delà de toute mesure, que sa vie s'est passée dans les larmes, que son cœur a été percé de mille glaives de douleur, que son âme est demeurée pendant plus de soixante ans sous le poids des plus grandes tribulations.
Et presque personne ne s'en souvient, ne le remarque, ne s'en affecte et en fait l'objet de son amour, ce qui ravirait assurément l'amour filial du Cœur sacré de son Fils, le Cœur de Dieu.
Notre-Dame des Douleurs (ou Notre-Dame des sept Douleurs), invoquée en latin comme Beata Maria Virgo Perdolens, ou Mater Dolorosa, est l'un des nombreux titres par lesquels l'Église catholique vénère la Vierge Marie, mère de Jésus. Le titre souligne l’association de la mère à la souffrance de son fils. Les "sept douleurs" font référence aux événements, relatés dans les évangiles, qui firent souffrir la mère de Jésus dans la mesure où elle accompagnait son fils dans sa mission de Rédempteur. [2]
Le 15 septembre (depuis la rénovation liturgique du pape saint Pie X en 1914), la Liturgie de l'Église nous invite à faire mémoire des douleurs de la Vierge Marie.
"Votre peine, Vierge sacrée, a été la plus grande qu'une pure créature ait jamais endurée ; car toutes les cruautés que nous lisons que l'on a fait subir aux martyrs, ont été légères et comme rien en comparaison de votre douleur. Elle a été si grande et si immense, qu'elle a crucifié toutes vos entrailles et a pénétré jusque dans les plus secrets replis de votre cœur. Pour moi, ma très pieuse Maîtresse, je suis persuadé que vous n'auriez jamais pu en souffrir la violence sans mourir, si l'esprit de vie de votre aimable Fils, pour lequel vous souffriez de si grands tourments, ne vous avait soutenue et fortifiée par sa puissance infinie" (Saint Anselme - "De l'exercice de la Vierge", I, 5)
L'Église honore les incomparables douleurs de la Vierge Marie, spécialement celles qu'elle ressentit au pied de la Croix au moment de la consommation du mystère de notre Rédemption. Après s'être concentrée sur le déchirement de l'âme de Marie au jour de la Passion de son divin Fils, jour où ses souffrances atteignirent leur maximum d'intensité, la piété des fidèles s'est étendue à d'autres douleurs que la divine Mère éprouva à différentes occasions de sa très sainte vie.
Pour illustrer les douleurs de la Vierge Mère, les peintres représentent son cœur percé de sept glaives, symbole des sept douleurs principales de la Mère de Dieu, qui la couronnèrent comme reine des Martyrs. Voici la liste de ces sept douleurs dont le souvenir est cher aux enfants de Marie :
1. La prophétie du saint vieillard Syméon : "Syméon les bénit, puis il dit à Marie, sa mère : Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. - Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. - Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d'un grand nombre." (Luc, 2, 34-35)
2. La fuite de la Sainte Famille en Égypte (Matthieu, 2, 13-21)
3. La disparition de Jésus pendant trois jours au Temple (Luc, 2, 41-51)
4. La rencontre de la Vierge Marie et Jésus sur la via crucis (Luc, 23, 27-31)
5. Marie contemplant la souffrance et la mort de Jésus sur la Croix (Jean, 19, 25-27)
6. La Vierge Marie accueille son Fils mort dans ses bras lors de la déposition de la croix.
7. La Vierge Marie abandonne le corps de son divin Fils lors de la mise au tombeau.
Contemplons donc dans les bras de la Vierge Marie, l'Homme-Dieu crucifié à cause de nos iniquités et compatissons aux douleurs excessives de notre Mère du Ciel. Joignons nos larmes aux siennes et détestons nos péchés qui ayant provoqué la mort de son divin Fils, ont également été la cause de son intime martyre. Prions-la de nous obtenir du Sauveur les grâces nécessaires pour profiter de ses exemples et imiter ses vertus lorsqu'Il lui plaira de nous faire part de ses humiliations, de ses douleurs et de sa croix. [3]
On trouve les premières traces de la dévotion aux douleurs de la Vierge, à la fin du XI° siècle, particulièrement dans les écrits de saint Pierre Damien (+1072), de saint Anselme (+ 1109), d’Eadmer de Cantorbéry (+ 1124), de saint Bernard (+ 1153) et de moines bénédictins et cisterciens qui méditent le passage de l'Evangile qui montre Marie et Jean au pied de la Croix. [4]
Saint Bonaventure remarque que "les plaies qui étaient éparpillées sur le corps de Notre-Seigneur étaient toutes réunies dans l'unique cœur de Marie". Notre-Dame donc, à cause de sa compassion pour Jésus, fut flagellée, couronnée d'épines, insultée, et cloué sur la croix.
Saint Bonaventure, contemplant Marie au Calvaire à la mort de son fils, l'interroge et lui demande : "Ô Dame, dis-moi, où étais-tu au Calvaire ? Près de la croix ? Non, je dirais plutôt que tu étais réellement sur la croix, crucifiée avec ton Fils."