Un fil ouvert sur "le Forum catholique" rapporte un article publié hier par Jeanne Smits sur son blog, intitulé "Pape François : l’interpration d’“Amoris laetitia” comme permettant la communion pour des divorcés remariés est la seule possible". Jeanne Smits réalise une traduction d'une information publiée en espagnol le 5 septembre, sur "Info Catholica" : "Carta del Papa Francisco en respaldo a los criterios de aplicación del capítuloVIII de «Amoris laetitia»", selon laquelle le pape François a levé l'ambiguïté de son Exhortation apostolique "Amoris Laetita": "Il n'y a pas d'autre interprétation" (que l'accès possible aux sacrements pour des couples divorcés remariés).
Voici le texte de Jeanne Smits :
« Point n° 5. Lorsque les circonstances concrètes d'un couple le rendent possible, spécialement lorsque les deux sont chrétiens et engagés sur un chemin de foi, on peut leur proposer l'effort de vivre dans la continence. Amoris laetitia n'ignore pas les difficultés de cette option (cf la note 329) et laisse ouverte la possibilité d'accéder au sacrement de la réconciliation en cas de défaillance par rapport à cet engagement (cf la note 364, selon l’enseignement de saint Jean-Paul II au cardinal W. Baum du 22 mars 1996). »
« Point n° 6. En d'autres circonstances plus complexes, et lorsqu'il n'a pas été possible d'obtenir une déclaration de nullité, l'option évoquée peut ne pas être mise en œuvre dans les faits. Nonobstant, un chemin de discernement est également possible. Si on n'en arrive à reconnaître que, dans un cas concret, il y a des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité (cf 301-302), particulièrement lorsqu'une personne estime qu'elle tomberait dans une nouvelle faute en faisant du tort aux enfants de la nouvelle union, Amoris laetitia ouvre la possibilité de l'accès aux sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie (cf les nores 336 et 351). Ceci à leur tour dispose la personne à continuer de mûrir et de croître avec la force de la grâce. »
« Point n°9. Il peut être opportun qu'un éventuel accès aux sacrements se réalise de manière discrète, surtout lorsque l'on prévoit des situations conflictuelles. Mais en même temps il ne faut pas laisser d'accompagner la communauté pour qu'elle grandisse dans l'esprit de compréhension et d'accueil, sans que cela implique de créer des confusions quant à l'enseignement de l'église à propos du mariage indissoluble. La communauté est un instrument de la miséricorde qui est “imméritée, inconditionnelle et gratuite”. »
« Mon cher frère,
« J'ai reçu l’écrit de la région pastorale Buenos Aires “critères de base pour l'application du chapitre 8 d’Amoris laetitia”. Je vous remercie beaucoup de me l'avoir envoyé, et je vous félicite pour le travail que vous avez accompli : un véritable exemple d'accompagnement des prêtres… et nous savons tous combien est nécessaire cette proximité de l'évêque avec son clergé et du clergé avec l'évêque. Le prochain « le plus prochain » de l'évêque et le prêtre, et le commandement d'aimer son prochain comme soi-même commence, pour nous autres évêques, précisément avec nos curés.
« L'écrit est très bon et il explicite parfaitement le sens du chapitre 8 d’Amoris laetitia. Il n'y a pas d'autre interprétation. Et je suis sûr que cela fera beaucoup de bien. Que le seigneur vous rétribue cet effort de charité pastorale.
« Et c'est précisément la charité pastorale qui nous pousse à sortir pour rencontrer ceux qui sont éloignés, et une fois que nous les avons rencontrés, a entamé un chemin d'accueil, d'accompagnement, de discernement et d'intégration dans la communauté ecclésiale. Nous savons que cela est fatiguant, il s'agit d'une pastorale du “corps à corps” qui ne se satisfait pas des médiations programmatiques, organisationnelles ou légales, même si elles peuvent être nécessaires. Simplement accueillir, accompagner, discerner, intégrer. Parmi ces quatre attitudes pastorales, la moins cultivée, la moins pratiquée et le discernement ; et je considère urgente la formation au discernement, personnelle et communautaire, dans nos séminaires et dans nos presbytères.
« Pour finir je voudrais rappeler qu’Amoris laetitia est le fruit du travail et de l'horizon de toute l'église, avec la médiation de deux synodes et du pape. C'est pourquoi je vous recommande une catéchèse complète de l'exhortation qui certainement aidera à la croissance, à la consolidation et à la sainteté de la famille.
« Je vous remercie à nouveau du travail accompli et je vous encourage à aller de l'avant, dans les différentes communautés des diocèses, pour l'étude et la catéchèse d’Amoris laetitia.
« S'il vous plaît n'oublier pas de prier et de faire prier pour moi.
« Que Jésus vous bénisse et que la Sainte Vierge vous garde,
« Fraternellement, François »
Je ne me risquerai pas à un commentaire.
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=811843
Commentaire Christ-Roi.
Nous retiendrons la remarque pertinente suivante de Jeanne Smits:
Nous ne sommes plus simplement face à une "interprétation" hétérodoxe possible d'Amoris Laetitia mais dans une affirmation par le Pape lui-même d'une interprétation en contradiction avec deux mille ans de morale chrétienne sur la famille, et pour laquelle des théologiens, des cardinaux et des évêques se sont inquiétés. Amoris Laetitia n'est "pas un acte du magistère" selon le cardinal Burke, qui avait abondamment exprimé ses craintes d’un infléchissement de la doctrine de l’Église sur le mariage au cours des années synodales sur la famille. Le cardinal américain renvoie les lecteurs au numéro 3 du texte où le pape affirme : "Tous les débats doctrinaux, moraux, ou pastoraux ne doivent pas être tranchés par des interventions magistérielles." "La seule clé d’interprétation correcte d’Amoris laetitia est l’enseignement constant de l’Église, et sa discipline qui conserve et promeut cet enseignement" martèle le cardinal Burke pour qui l’exhortation apostolique est une simple "réflexion du Saint-Père", qui propose "ce qu’il croit personnellement être la volonté du Christ pour son Église." (1)
Ainsi, pour le cardinal italien, Carlo Caffarra, il y a des normes morales qui ne peuvent être dépassées. "Tu ne commettras pas d’adultère est une norme négative absolue, qui n’admet aucune sorte d’exception". (2) Source
Quoiqu'il en soit, ce nouvel "enseignement" affirmé par le Pape dans une lettre, vide de leur sens les enseignements moraux de l'Eglise qui deviennent désormais facultatifs.
Autrement dit, il faut conserver l'enseignement de l'Eglise mais en précisant qu 'il est désormais facultatif
Notes
(1) Amoris laetitia diversement commentée par cardinaux et évêques, La Croix, le 12/04/2016 à 17h35
(2) Des théologiens catholiques critiquent Amoris laetitia, La Croix, le 12/07/2016 à 16h33
azais 26/09/2016 20:59