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Christ Roi

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9 mai 2016 1 09 /05 /mai /2016 23:08

Il y a 222 ans, Mme Elisabeth, soeur de Louis XVI à qui elle apporta un soutien indéfectible, était décapitée.

Mme Elisabeth - l'enfer d'une sainte (Jules Mazé)

Le 9 mai (1794), vers 8 heures du soir, Mme Elisabeth arrivait à la Conciergerie; à 10 heures, elle était interrogée, en présence de Fouquier, par Deliège flanqué du greffier Ducray, et, le lendemain matin, vers 9 heures, elle montait au Tribunal, où elle se trouva en bonne et nombreuse compagnie, Fouquier l'ayant comprise dans une 'fournée'. Il y avait là les marquises de l'Aigle, de Crussol, de Sémozan, de Canisy; les comtesses de Montmorin, de Sérilly, Mmes de Rossel-Ceroy, Rosset et Buard; les comtes Loménie de Brienne, de Sérilly, d'Etigny, de Sourdeval, l'abbé de Loménie, le chevalier de Loménie, l'abbé de Chambertrand, le jeune Montmorin, âgé de dix-huit ans, M. de Cressy-Champmillon, officier de la Marine, le pharmacien Follope, un industriel, Théodore Hall, un tailleur, Letellier, deux domestiques, Lhôte et Dubois.

 

La veille, dans la soirée, après l'interrogatoire de Madame Elisabeth, un incident s'était produit qui montre le peu de cas que faisait Fouquier-Tinville des formes de la justice et des dispositions de la loi. Le juge Deliège ayant désigné comme défenseur Chauveau-Lagarde, celui-ci, immédiatement prévenu, se hâta d'accourir à la Conciergerie pour conférer avec sa cliente Le concierge n'avait pas d'ordres et dut lui conseiller de s'adresser à Fouquier pour obtenir le permis de communiquer. L'accusateur public, ancien procureur du Châtelet, n'ignorait pas que la justice et l'humanité se sont rencontrées dans les colonnes du code d'instruction criminelle pour assurer la liberté de la défense, il savait qu'il n'avait pas le droit de refuser, il savait... et, pourtant, il refusa, affirmant à Chauveau que sa cliente ne serait pas jugée de sitôt.

 

Le lendemain matin, Chauveau se rend néanmoins au tribunal, et, en entrant, aperçoit Madame Elisabeth, entre deUx gendarmes (Chateau-Lagarde, Procès de Marie-Antoinette et de Madame Elisabeth). Tous les accusés furent condamnés à mort. Fouquier, fixé d'avance sur le sort qui les attendait, avait voulu par son mensonge, mensonge odieux puisqu'une vie humaine était en jeu, éviter une perte de temps au tribunal. On a essayé de le réhabiliter lui aussi. C'est décidément une manie.

 

Chauveau plaida pourtant, soulevant la colère du féroce Dumas, qui présidait.

 

"Quoique le débat n'eût duré qu'un instant, expose Chauveau, je pris la parole, faisant observer qu'il n'y avait au procès qu'un protocole banal d'accusation, sans pièces, sans témoins, et que, par conséquent, là où il n'existait au élément légal de conviction, il ne pouvait y avoir de conviction légale".

 

Le défenseur ayant, en terminant, déclaré que Mme Elisabeth avait été à la cour de France, le modèle de toutes les vertus, Dumas bondit, écumant de rage, et tonna conrtre l'audace de ce défenseur, "qui osait parler des prétendues vertus de l'accusée et corrompait ainsi la morale publique."

 

Comment, en rappelant les vertus de Mme Elisabeth, le défenseur pouvait-il corrompre la morale publique ? Mystère. On peut, en tout cas, constater que le Tribunal révolutionnaire violait les lois divines et humaines et ne traitait pas beaucoup mieux les règles de la logique.

 

L'audience ouverte à 10 heures du matin, prit fin un peu avant 1 heure de l'après-midi. En moins de trois heures, on avait interrogé vingt-quatre accusés, entendu les témoins, l'accusateur public, les défenseurs, on avait libéré, prononcé et notifié le verdict. La toilette des condamnés prit un peu plus de temps, et pourtant le bourreau connaissait son affaire et ne manquait pas d'entraînement.

 

Au greffe, Madame Elisabeth s'employa de son mieux à consoler, à encourager les personnes qui allaient mourir avc elle. La comtesse de Sérilly se croyait en état de grossesse, mais se refusait à en faire l'aveu pour obtenir un sursis. Mme Elisabeth lui démontra que c'était pour elle un devoir : "A quoi bon, disait la pauvre femme, pourquoi prolonger mes souffrances ?" Finalement, elle obéit à Madame Elisabeth, obtint son sursis et fut sauvée par la chute de Robespierre.

 

Devant l'échafaud, Madame Elisabeth fit preuve d'un magnifique courage. Par un raffinement de cruauté, Dumas et Fouquier avaient décidé qu'elle serait exécutée la dernière. Elle vit tomber vingt-deux têtes avant de gravier les quelques marches qui la séparaient de cet au-delà mystérieux où sa foi ardente avait si souvent entraîné son rêve.

 

 

Mme Elisabeth. Portrait par Adélaïde Labille-Guiard.

Mme Elisabeth. Portrait par Adélaïde Labille-Guiard.

Sa vie avait été sans tache, sa mort fut celle d'une sainte.

 

Le cimetière de la Madeleine, dont nous contons plus loin l'histoire, commençait à s'emplir, et les habitants de la rue d'Anjou se plaignant amèrent du défilé des charrettes chargées des corps mutilés dont ils avaient presque chaque jour l'affreux spectacle, la Commune s'était mise en quête d'un autre champ de repos pour les victimes du Tribunal révolutionnaire.

 

Depuis le 20 mars, la rouge moisson de la guillotine était acheminée vers un terrain vague situé dans le quartier Monceau, entre la rue des Errancis, qui est devenue, depuis, la partie nord de la rue du Rocher, et la rue de Monceau.

 

C'est là que furent jetés, dans une fosse contenant déjà d'autres cadavres, le 10 mai 1794, les restes de Madame Elisabeth

 

Le cimetière des Errancis, fermé définitivement le 23 avril 1797, reçut les dépouilles de 1119 guillotinés, parmi lesquels on relève les noms de Danton, de Camille et Lucile Desmoulins, de Malesherbes, de Lavoisier, des deux Robespierre, de Couthon, de Saint-Just.

Mme Elisabeth - l'enfer d'une sainte (Jules Mazé)

En 1817, on essaya de retrouver, ou plutôt d'identifier les restes de Mme Elisabeth pour les réunir, dans le caveau des Bourbons, à Saint-Denis, à ceux de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Ce fut en vain.

 

Les ossements de la princesse sont mêlés depuis longtemps, sous les voûtes des Catacombes, à ceux d'autres morts du drame révolutionnaire; la nuit éternelle du souterrain enveloppe la poussière des victimes et celle des bourreaux, la poussière de la sainte fille de France qui a mérité, par ses vertus, de vivre dans la mémoire des hommes et celle du tyran sans grandeur qui essaya de s'élever dans le sang et n'a laissé que le souvenir de ses crimes.

Source: Jules Mazé, Louis XVI et Marie-Antoinette, La Famille royale et la Révolution, Librairie Hachette, Corbeil 1947, p. 208-211

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