Les Néerlandais ont dit "non" hier à une association UE-Ukraine.
Le référendum était organisé pour ratifier le projet d'accord entre l'Union européenne et le pays de l'Est. Le "non" l'aurait emporté à 61 %.
"[L]es Néerlandais ont dit non à l'élite européenne et non au traité avec l'Ukraine, le début de la fin de l'UE", a réagi le député nationaliste Geert Wilders, qui avait activement mené campagne pour le camp du non.
Marine Le Pen a félicité son allié au Parlement européen et salué "un pas de plus vers l’Europe des Nations". (2)
Un tel signal est d’autant plus significatif pour l’UE qu’il vient d’un des six pays fondateurs de l’Union, connu pour ses valeurs "libérales", résolument tourné vers l’Ouest et le monde anglo-saxon.
"Ce nouveau vote prouve à quel point le malaise est grand, à quel point l’Union n’inspire plus confiance", déplore un diplomate européen.
L'article de Le Monde qui rapporte l'information, reconnaît :
"[L]a crise migratoire qui a mis à jour ses profondes divisions, l’Union donne l’image d’une construction politique en panne, incapable d’assurer la sécurité et la prospérité économique à ses citoyens. Et beaucoup, à Bruxelles, craignent que, dans l’état de faiblesse dans laquelle elle se trouve, elle ne résiste pas à la déflagration d’un « Brexit »."
e référendum était valide. Se fondant sur les résultats de 191 municipalités, l'agence prévoyant une victoire du non avec 61% des voix, contre presque 38% pour les partisans de cet accord, annonçait une participation dépassant le minimum de 30% nécessaire pour la validation du scrutin. (3)
L'accord d’association UE-Ukraine, rappelons-le, a été l’élément déclencheur de la révolution ukrainienne en novembre 2013. L’annonce de l’abandon des négociations par le président ukrainien d’alors, Viktor Ianoukovitch, le 21 novembre, une semaine avant un sommet à Vilnius où il devait être signé, avait déclenché des manifestations qui avaient abouti à la destitution et à la fuite de ce dernier en février 2014. L’accord d’association avait ensuite été conclu entre Kiev et Bruxelles en mars et juin 2014. Adopté par le parlement ukrainien, la Rada, en septembre 2014, il a été ratifié par tous les pays européens et il est entré pleinement en vigueur le 1er janvier dernier.
Aux Pays-Bas, cependant, la ratification n’est pas définitive. La loi de ratification a en effet été adoptée par le 28 juillet 2015 par la chambre basse du parlement néerlandais, la Deuxième Chambre des Etats Généraux (Tweede Kammer), assez largement d’ailleurs par 119 voix à 31. Mais depuis le 1er juillet 2015, une loi est entrée en vigueur dans le plat pays qui permet d’appeler à un référendum consultatif sur un texte législatif si l’on a pu recueillir 300.000 signatures. Le groupe eurosceptique Geenpeil ("aucun niveau") a lancé une campagne de collectes des signatures qui a abouti puisque, rapidement, il a obtenu 470.000 paraphes. D’où ce vote du 6 avril.
Sur le plan politique, les partis traditionnels ont appelé largement à voter en faveur de l’accord. C’est le cas des deux partis de la coalition au pouvoir, les Libéraux du VVD du premier ministre Mark Rutte et les Travaillistes du ministre des Finances Jeroen Dijsselbloem, mais aussi des Chrétiens-démocrates de la CDA, les Chrétiens-Sociaux de la Christenunie, les Libéraux de gauche du D66 ou encore des écologistes de gauche de la GroenLinks et les partis calvinistes SGP. En face, deux grands partis ont appelé à rejeter l’accord, les eurosceptiques du parti pour la Liberté (PVV) de Geert Wilders, allié au parlement européen du Front National, et la gauche radicale du Parti Socialiste (SP). Deux petits partis, les Libertariens du VNL et le parti animaliste du PvdD, ont aussi appelé à voter contre l’accord.
A travers cet accord, les Bataves veulent surtout, comme en 2005, sanctionner une Union européenne qu’ils désapprouvent de plus en plus. Du reste, un des leaders de la campagne pour le rejet de l’accord, l’historien Arjan van Dixhoorn, l‘a reconnu dans un entretien au quotidien NRC Handelsblad :
"l’Ukraine nous est égal".
Ce qui motive les opposants au référendum, c’est bien la sanction de l’UE.
"Un référendum sur la sortie de l’UE n’a pas été possible jusqu’à présent, c’est pourquoi nous utilisons toutes les options dont nous disposons pour mettre sous pression les relations futures entre les Pays-Bas et l’UE", a-t-il ajouté.
Ce référendum était donc en réalité, un référendum pour ou contre l’UE. Et c’est bien ainsi que les électeurs néerlandais l’ont entendu.
Avec ce rejet, officiellement, la ratification des Pays-Bas est suspendue. La loi du 28 juillet n’a donc pas force de loi. Or, sans ratification néerlandaise, l’accord ne peut entrer en vigueur entièrement. Si la Tweede Kammer décide de suivre l’avis des électeurs, la ratification de l’accord UE-Ukraine sera rejetée.
Ce rejet le 6 avril est un casse-tête pour les partis politiques néerlandais favorables à l’accord.
ratifier l’accord malgré un rejet de la population sera une démarche difficile mais pas imposible pour les oligarques.
Ce nouveau "non" néerlandais ce 6 avril apporte une nouvelle preuve de l’impopularité de l’Union européenne et des élites politiques en Europe, les deux étant souvent confondues dans le même rejet. C'est donc une poussée pour le mouvement eurosceptique dans le reste de l’UE et sans doute aussi au Royaume-Uni où les partisans du "Leave EU" pouront utiliser ce vote néerlandais dans leur campagne pro-Brexit. (4)
Le nabab criminel d'Ukraine, le président Petro Porochenko, quant à lui, a aussitôt déclaré que le "non" néerlandais n'était "pas un obstacle vers l'UE" !
Le résultat du référendum aux Pays-Bas, nouveau signe de défiance pour l’Europe, LE MONDE | 07.04.2016 à 10h59 Mis à jour le 07.04.2016 à 11h22
(5) Ukraine: le "non" néerlandais n'est pas un "obstacle" vers l'UE estime Porochenko, 07 Avril 2016, 10h31 | MAJ : 07 Avril 2016, 10h31