Accusé de contrevenir au droit international, le gouvernement danois passe outre, espérant dissuader les candidats à l'asile par une politique très restrictive, qui prévoit la confiscation des biens des migrants et l'allongement des délais du regroupement familial.
Arme de dissuasion massive. Le Danemark entérine mardi sa réforme controversée du droit des étrangers qui vise à décourager les candidats à l'asile de tenter leur chance dans le pays scandinave, au prix d'entorses aux conventions internationales. Le Premier ministre libéral Lars Løkke Rasmussen, dont le gouvernement minoritaire est soutenu par les anti-immigrations du Parti populaire danois, assume pleinement la paternité de ce qu'il qualifie de «projet de loi le plus mal compris de l'histoire du Danemark».
Tancé par les Nations unies, l'Union européenne, l'OSCE et les organisations humanitaires, il maintient le cap, fort du soutien de son opinion publique: selon les sondages, l'immigration est la préoccupation n°1 de 70 % des Danois. «Beaucoup de réfugiés affluent à nos frontières, nous sommes soumis à une pression énorme», a plaidé lundi la ministre en charge de l'Immigration, de l'Intégration et du Logement, Inger Støjberg, entendue à Bruxelles par la Commission des libertés civiles du Parlement européen. Accusé par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) de nourrir «la peur et la xénophobie», le projet de loi prévoit de confisquer les effets de valeur des migrants, de diminuer leurs droits sociaux, et d'allonger les délais de regroupement familial et d'octroi du permis de séjour permanent.
Le Danemark bénéfice de clause d'exemption l'exonérant de s'aligner sur la politique d'asile européenne mais il n'en est pas moins tenu aux traités internationaux qu'il a signés et que le Premier ministre danois suggère de modifier à la lumière de la crise migratoire sans précédent que traverse l'Europe.Si les migrants continuent d'affluer vers l'Europe, «on arrivera à un moment où il faudra discuter (…) pour ajuster les règles du jeu», avait-il expliqué en décembre. Dès son élection en juin, M. Rasmussen avait promis un «ralentissement immédiat» du flux de réfugiés vers le Danemark qui a enregistré un total de 21.000 demandes d'asile en 2015. Pour dissuader les candidats à l'asile, il avait réduit les allocations allouées aux réfugiés.
Le pays scandinave souhaite éviter de faire face au même afflux que son voisin suédois qui a rétabli en novembre les contrôles à ses frontières alors qu'il accueillait 10.000 nouveaux arrivants par semaine et ne pouvait plus leur assurer de logement.
Le vote de mardi au Parlement ne devait être qu'une formalité car pour s'assurer du soutien des sociaux-démocrates, premier parti d'opposition, et de deux petites formations de droite, le gouvernement a consenti des amendements. Après le vote prévu dans la journée, la réforme sera soumise à la signature de la reine Margrethe II, pour une entrée en vigueur début février.
Source: Le Danemark durcit son droit d'asile, malgré les critiques, Par AFP, AP, Reuters Agences Publié le 26/01/2016 à 11:12