Naissance de la République – Une conférence de Marion Sigaut au Théâtre de la Main d'or (03/10/2015)
Source: Démocratie Royale
Merci à Marion Sigaut pour cette conférence qui fait le jour sur des pans entiers méconnus de l'histoire de la république, qui achèvent de discréditer définitivement ce régime politique sanguinaire né grâce à deux complots (prise des Tuileries le 10 août 1792) et Massacres de Septembre 1792.
Extrait :
"Fin 1788, le roi convoque les Etats généraux pour régler le problème de la dette publique (que la France a depuis que le roi a épuisé son budget suite à son aide aux insurgés américains dans la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis. NdCR.), Etats généraux, c'est-à-dire les corps constitués représentant la nation française. Les Etats généraux se réunissent en mai 1789 à Versailles. La noblesse, ce sont ceux qui font la guerre, le clergé, ce sont ceux qui font la prière et assurent tous les services sociaux, et le Tiers-Etat, c'est le reste, c'est-à-dire tout le monde.
Et le 17 juin, les représentants du Tiers Etat se proclament 'Assemblée nationale Constituante', c'est-à-dire que ces gens ont été députés par leur paroisse, jusqu'au fin fond de la France, pour venir présenter aux Etats généraux les doléances de la population. Et, arrivés sur place, ils disent 'nous venons faire une nouvelle constitution'. Cela s'appelle un coup d'Etat. C'est-à-dire que ces gens n'ont pas reçu des Français du fin fond des campagnes ou de l'intégralité des villes leur demandant faites une nouvelle constitution. Ils n'ont pas mandat pour cela.
Le 12 et 14 juillet, c'est-à-dire un petit mois après, des troubles éclatent à Paris, la Bastille est prise et elle est l'occasion de violences abominables. Les violences que déclenchent le mouvement révolutionnaire sont absolument insensées et inouïes. Le peuple parisien, le peuple de France n'a pas l'habitude de telles violences, c'est-à-dire des têtes coupées qu'on exhibe. Alors cela vous dit quelque chose les têtes coupées, les sauvages c'est toujours les autres. Mais non, là, c'est chez nous, à Paris. Et des témoignages affluent de gens qui sont absolument indignés... et offusqués (ce sera le début d'une longue indignation qui durera deux siècles jusqu'à aujourd'hui. NdCR.) de voir ce déchaînement de violences qu'ils n'attendaient pas.
C'est à ce moment-là qu'est fondée la Société des Amis de la Constitution. C'est-à-dire un club de pensée, une réunion de francs-maçons.
Le 14 juillet est l'occasion d'organiser à Paris une commune insurrectionnelle et une Garde nationale. Une Commune, c'est un gouvernement de Paris. Cette Commune de 1789 va représenter le 'gouvernement' de paris. Et la Garde nationale, ce sont les bourgeois en armes. On leur a donné un uniforme et des fusils et ce sont eux qui étaient chargés d'assurer l'ordre (14 juillet 1789).
Au mois d'Octobre, un second coup d'Etat a lieu. Une manifestation allant réclamer du pain au roi, part de Paris à Versailles, revient avec le roi. C'est une manifestation que l'on appelle le retour du boulanger, de la boulangère et du petit mitron. Le pain étant de plus en plus cher - et il le sera de plus en plus, cela sera certainement un des éléments clés des violences que cela déchaîne... -.
La manifestation ramène le roi, la reine et les enfants royaux des Tuileries à Paris (6 octobre 1789) et le roi est privé de son droit à participer à la confection des lois. Le roi était le législateur en son royaume jusqu'à cette date. A partir du moment où on l'a amené aux Tuileries, on peut dire qu'il est prisonnier et c'est un véritable second coup d'Etat.
Au mois de juillet 1790 est décrété la Constitution civile du Clergé. Cette constitution, c'est la soumission de l'Eglise à l'Etat. Cela n'a rien à voir avec la séparation de l'Eglise à l'état. Cette Constitution va dire que dorénavant les prêtres ne sont plus soumis à l'autorité de Rome, qui est l'autorité religieuse, mais à l'autorité de l'Assemblée et du gouvernement. C'est un renversement dramatique et beaucoup de sang va couler à cause de cela.
Le 20 juin 1791, le roi s'échappe des Tuileries pour essayer de retrouver une partie de son armée. Il est arrêté à Varennes. Il est ramené à Paris et suspendu de ses fonctions.
En juillet 1791, la Société des Amis de la Constitution, le club de pensée franc-maçon va se diviser entre Feuillants et Jacobins. Les Jacobins se sont installés dans un ancien couvent de Jacobins, rue Saint Honoré. Et c'est là que va se jouer et s'organiser 'la Révolution', le Club des Jacobins.
En août 1791 est élu une 'Assemblée nationale Législative'. Le roi l'accepte, il signe la nouvelle Constitution. Il dit je suis d'accord, puisque c'est cela que veut le peuple.
Lire : Des droits de l'Homme à la Terreur : lecture critique de la Constitution de 1791
Des élections ont lieu. Et dans cette élection, ne seront élus que les gens qui ont les moyens.
En mars 1792, l'Assemblée contraint le roi à prendre un ministère entièrement jacobin. Et parmi les ministres, on a un certain Roland, un certain Clavière et un certain Sevran, qui vont peser de tous leurs poids sur le gouvernement de Louis XVI.
Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie, c'est-à-dire l''Assemblée nationale' déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie. Et cela n'est pas le roi qui a déclaré la guerre. On dit souvent, et on entend régulièrement que c'est le roi. Or, c'est bien l'Assemblée Législative qui a déclaré la guerre sur la pression du parti que l'on appellera plus 'Les Girondins'.
Jean-Marie Roland de la Platière, ministre du roi, était en 1787 à l'Académie de Lyon et il a proposé à la sortie de l'Académie devant un certain nombre de témoins qui étaient suffoqués, de produire de l'huile avec des cadavres des humains. Ses confrères lui demandent ce qu'il fait des ossements, il répond de l'acide phosphorique. Ses confrères, suffoqués, se tournent vers sa femme, Manon, essaient de voir s'il était sérieux, et rien du tout, il était sérieux.
Brissot, girondin bien connu, avait écrit en son temps, également avant la Révolution française :
'Les hommes peuvent-ils se nourrir de leurs semblables ? Les êtres ont le droit de se nourrir de toute matière propre à satisfaire leurs besoins. Les anthropophages qui ne sont point guidés par les institutions sociales ne font que suivre l'impulsion de la nature.' C'est eux qui vont renverser la Royauté !
[...] Les trois ministres harcèlent le roi pour qu'il sanctionne un décret de l'Assemblée qui veut qu'on déporte les prêtres réfractaires. Ceux-ci sont des prêtres qui refusent de se soumettre à la Constitution civile du Clergé, parce que c'est leur conscience. Le roi refuse, il oppose son veto. Le roi a encore le droit de veto. Et le roi refuse aussi de signer le décret qui consiste à mettre 20 000 fédérés (garde nationale) aux portes de Paris. Et les trois ministres sont tellement odieux que le roi renvoie les trois ministres. Manon Roland écrit une lettre que son mari signe, une lettre d'une violence insensée. C'est un véritable appel au meurtre contre le roi. 'Comment le roi ose-t-il mettre son veto ?'
Le 20 juin 1792, l'Assemblée reçoit 10 000 clubistes armés, au mépris des lois. L'Assemblée nationale n'a pas à recevoir des gens armés. ... La population parisienne est suffoquée par cette violence. Et en fait, on connaît une des sources de toute cette agitation, c'est le duc d'Orléans, qui se trouve être le cousin du roi, qui stipendie les agitateurs. Ce Philippe d'Orléans, qui deviendra Philippe Egalité et qui perdra la tête - mais ils l'a perdront tous, ou presque -, entretient l'agitation et c'est lui qui organise toutes ces émeutes.
Le 22 juin, deux jours après les violences aux Tuileries, le roi envoie une très belle protestation. C'est du grand Louis XVI. Il dit :
'Le Roi n'a opposé aux menaces et aux insultes des factieux que sa conscience et son amour pour le Bien public. Le Roi ignore quel sera le terme où ils voudront s'arrêter, mais il a besoin de le dire à la nation française, que la violence, à quelque excès qu'on veuille la porter, ne lui arrachera jamais un consentement à tout ce qui est contraire à l'intérêt public. Comme représentant héréditaire de la nation française, il a des devoirs sévères à remplir, et s'il peut faire le sacrifice de son repos, il ne fera pas le sacrifice de ses devoirs. Dans l'état de crise où elles se trouvent, le roi donnera à toutes les autorités constituées l'exemple du courage et de la fermeté, en conséquence il ordonne à tous les corps administratifs et municipalités de veiller à la sûreté des personnes et des propriétés. Fait à Paris, le 22 juin 1792.'
Immédiatement après, des pétitions de partout en France arrivent de soutien au roi. A Paris, une pétition de 16 000 personnes est déposée chez 16 notaires. Le roi, à l'heure actuelle est désarmé, on lui a retiré sa Garde constitutionnelle de 1800 hommes depuis le mois de mai. Et le Commandant de cette Garde constitutionnelle a été envoyé à la Haute Cour à Orléans. On a créé une Haute Cour spécialement pour régler leurs comptes. On verra plus tard ce que sont devenus les malheureux envoyés à la Haute Cour à Orléans.
Pour la justification de la Garde constitutionnelle du roi, écoutons ce que disait Condorcet :
'Cette Garde manifestait une audace et un incivisme qui indignait et effrayait les citoyens. La haine de la Constitution et surtout celle de la Liberté et de l'Egalité était le meilleur titre pour y être admis.
Vous imaginez vous les Gardes constitutionnels cracher sur la liberté et l'égalité ? Qu'est-ce que c'est que ce délire ?
'L'Assemblée, poursuit Condorcet, fut forcée de dissoudre cette Garde pour prévenir les complots de contre-révolution dont ils ne manifestaient que trop d'indices'.
En d'autres termes, la Garde du roi était royaliste. Ben oui !
En fait l'Assemblée nationale traite avec les émeutiers de puissance à puissance. Les émeutiers font une partie de la loi, en tous les cas ils essayent et ils vont bientôt gagner.
Petion, maire de Paris (1791-1792), va voir le roi après l'émeute et il se comporte en gougnafier. Il parle en même temps que le roi et lui coupe la parole. Le roi lui dit : 'Est-ce me respecter que de rentrer chez moi armé, de briser mes portes, de forcer ma Garde. Ce qui s'est passé hier est un vrai scandale pour tout le monde.'
Petion est franc-maçon. Il est membre de la Loge des Neuf Soeurs des Amis réunis, et il est secrétaire de la Société philanthropique du duc d'Orléans, il se moque bien de ce que le roi lui raconte. Les Girondins répliquent qu'il s'agit d'un roi faussaire, indigne d'occuper le trône. On ne répond à la grandeur du roi que par des lazzis, des quolibets et des expressions de mépris.
Il ya eu des adresses de sympathie et
de partout pour soutenir le roi. Des adresses hostiles vont commencer à arriver. On lit le 26, une adresse de Grenoble : 'Louis XVI a renvoyé trois ministres patriotes. Législateur, le Peuple est Souverain. Si Louis XVI ne veut pas être un avec la Nation, la Nation va se soulever toute entière et la Constitution à la main, elle s'écrira : Louis XVI, roi des Français, est déchu de la Couronne. On est encore en juin, Grenoble envoie après l'affaire du 20 juin, un appel à déchoir le roi de sa Couronne ? Parce qu'il a renvoyé des ministres ? Ecoutez bien. La lettre est datée du 19 juin et le veto du roi est du 18. Il faut six jours aller et six jours retour pour aller à Grenoble. Vous savez ce que c'est ces adresses ? Elles sont fabriquées au Club des Jacobins à Paris. Vous savez comment disait Voltaire ? 'Mentez, mentez...' Ces gens n'ont aucun scrupule.
Quelqu'un va essayer d'intervenir pour renverser la vapeur, c'est Lafayette, qui a été commandant de la Garde nationale pendant trois ans. Et là, s'il n'est plus à Paris, c'est qu'il est parti à la guerre, il est sur le front. C'est un franc-maçon lui aussi. Il a été entièrement d'accord avec tout ce qui s'est passé jusque-là. C'est un proche du duc d'Orléans, le 'Grand Maître du Grand Orient', et il avait essayé d'être maire de Paris quand il y eu des élections en novembre 1791. Alors pour vous donner une idée de ce qu'étaient les élections à la mairie de Paris en 1791, il y avait 200 000 inscrits, 12 000 votants. Lafayette a eu 3000 voix et Petion 9000. Il n'y avait que deux candidats, pareil qu'aujourd'hui. On ne vous présente que deux candidats, même si vous ne voulez pas voter pour eux. Donc le maire de Paris a été elu avec 4,5% des inscrits, soit 1,8% de la population (parisienne) ! Cela juste au passage pour vous donner une idée de ce qu'était déjà la 'démocratie' à l'époque.
Le 16 juin 1792, c'est-à-dire avant les émeutes du 20 juin, Lafayette a écrit à l'Assemblée nationale pour mettre en garde contre les Jacobins. Depuis le début il était d'accord, mais brusquement il a changé d'avis et a compris que les loups étaient lâchés et qu'on ne va plus tenir ce qui se passe.. Il écrit à propos des Jacobins :
'Cette Secte forme une corporation distincte au milieu du peuple français [1] dont elle usurpe les pouvoirs, en subjuguant ses représentants et ses mandataires. C'est là que dans les séances publiques l'amour des lois se nomme aristocratie et leur infraction patriotisme.'
C'est exactement ce qui se passe: vous n'êtes pas d'accord, vous êtes un aristocrate, et vous êtes d'accord, vous êtes un patriote. Et à partir de maintenant cela va être comme cela jusqu'à la fin.
Alors bien vu de la part de Lafayette, mais c'est un peu tard. Il a quand même soutenu ce mouvement-là pendant trois ans. La France a à présent 4 000 Clubs affiliés aux Jacobins. C'est un maillage. Le territoire est rempli de ces sections. [La France va devenir en 1793 un immense camp militaire, une caserne. NdCR.] Et le 29 juin à l'Assemblée nationale, Lafayette dit que l'Armée est indignée et veut qu'on respecte la Constitution. L'armée, il la commande, il est au front. Il vient à l'Assemblée nationale et il demande qu'on poursuive les responsables des violences du 20 juin. Parce que c'est des infamies. Parce qu'on ne peut pas laisser faire des choses pareilles. Il demande qu'on détruise les Jacobins, Secte qui envahit la Souveraineté nationale, tyrannise les citoyens, et dont les débats publics ne laissent aucun doute sur l'atrocité de ceux qui la dirigent. Des gens soutiennent Lafayette et s'écrient:
'Depuis quand des factieux de Paris s'imaginent-ils, à eux seuls, former le peuple français ? Qu'ils montrent les mandats par lesquels les 80 départements leur ont délégué leur pouvoir. La ville de Paris sera responsable du dépôt de l'acte constitutionnel, de la sûreté des représentants élus et du représentant héréditaire de la nation', c'est-à-dire le roi. Donc forts de ce soutien, que va-t-il se passer ? Rien. Et Lafayette s'en va, il retourne à l'armée. Et cela va s'arrêter là, tout ce qu'il a demandé ne sera absolument pas suivi d'effet.
La première fête de la Fédération, cela avait été le 14 juillet 1790. On avait réuni tous les fédérés qui étaient venus en grande pompe jurer fidélité et soutien à la constitution. Et en 1791, elle n'avait pas pu avoir lieu parce que le roi était parti à Varennes à ce moment-là (à l'instigation de Lafayette qui lui avait conseillé la fuite et le chemin de la fuite pour pouvoir mieux l'arrêter en chemin, selon les Mémoires de l'abbé Barruel en 1798. Un Lafayette qui donc entretemps, curieusement, change d'avis, change de camp et redevient royaliste. NdCR.).
Donc on propose d'organiser une seconde fête de la Fédération le 14 juillet 1792. Le moment est choisi après des émeutes, des rassemblements de fédérés de partout. Donc, cela va être l'occasion pour les Girondins de faire venir les fameux 20 000 hommes armés que le roi avait refusé d'installer aux portes de Paris.
Ils vont organiser la venue des Fédérés de partout grâce à leurs clubs. Et Mme Roland, elle, elle prépare la république carrément, avec ses amis Barbaroux et Servan. Barbaroux qui est un député de Marseille, écrit à son ami fédéré pour lui demander qu'il envoie '600 hommes qui sachent mourrir et des canons'.
600 hommes et des canons. Que prépare-t-on à votre avis ? La démocratie !
Dont acte. La marche des Marseillais commence le 5 juillet avec des hommes de Toulon, de Nîmes, de Montpellier, d'Avignon, et de quelques autres villes. Et ces braves fédérés arrivent en chantant une certaine chanson, écrite ailleurs, qu'on va appelée la Marseillaise. Et bien non, les Marseillais qui arrivent ce n'est pas le 'peuple en marche'. Parce que en fait, Marseille, c'est un lieu, c'est un port, c'est tous les criminels vomis des prisons de Gênes, du Piémont, de Sicile, de l'Italie, de l'Espagne, de la Barbarie. Un député marseillais quand il apprend qui arrive, essaie d'avertir sur la qualité de ces brigands. Il dit: 'ce sont des spadassins, des suppôts des mauvais lieux. Tout fut trouvé bon et les véritables marseillais sont en petit nombre.' Les véritables Marseillais sont au front puisqu'ils sont partis à la guerre. Donc on fait venir sous le titre de 'Marseillais' la pègre, la pègre des ports du sud de la France. Les Marseillais arrivent à Paris le 30 juillet. Ils sont régalés par Santerre, et s'en prennent à des gardes nationaux parisiens et ils tuent un agent de change. C'est-à-dire qu'ils rentrent dans la ville, ils terrorisent les gens, et ils vont tenir Paris en coupe réglée pendant trois ans. 'Allons enfants de la Patrie', c'est eux. Je ne peux plus chanter la Marseillaise. Je l'ai chantée, vous ne pouvez pas savoir combien de fois, et encore il n'y a pas longtemps. Là maintenant que je sais cela, je ne peux plus.
Le 4 juillet, on vote un supplément à la constitution qui dit que 'la Patrie est en danger.' Cela veut dire que tous les citoyens qui sont en état de porter les armes sont en état d'activité permanente. Tout le monde doit être réquisitionné.
Le 12 juillet, on lit une lettre de Marseille qui demande la république. Un député de Marseille monte à la tribune et dit que cette lettre est l'oeuvre de quelques factieux et non de la population marseillaise. Et bien les Fédérés qui sont dans la Tribune le huent et le forcent à se taire. Des députés protestent et disent que les tribunes tyrannisent l'Assemblée. Et on leur réplique :
'Il est bien étonnant que des membres de l'Assemblée bravent les Fédérés qui assistent à la Séance.'
Alors, qui fait la loi en France ? Les 'Fédérés' 'Marseillais' dans les Tribunes ? C'est le début de la dictature de l'Assemblée nationale et de l'émeute. C'est le début de la dictature de celui qui crie le plus fort dans le groupe. C'est exactement comme cela que ça se passe. Et à ce moment-là, on instaure, puisque la 'Patrie est en danger', la permanence des sections. C'est-à-dire que les 'Sections' vont maintenant pouvoir délibérer à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit ! C'est-à-dire qu'à l'heure où les gens travaillent ou dorment, vous allez avoir des gens qui vont décider du salut de la France.
Paris a 48 sections. Ces sections se rassemblent dans les églises. Chaque assemblée a un président avec un vice-président et des secrétaires. Vous avez donc 48 petites assemblées législatives qui se réunissent, complètement délirantes, qui se rassemblent jour et nuit, dans Paris désormais. ... La démocratie est en marche.
... Brunswick est le commandant de la coalition anti-française. C'est également un franc-maçon. N'y voyez évidemment aucun rapport... Un Manifeste de puissances étrangères fait sur un ton menaçant, au nom du Roi, va perdre le roi. Si le roi demande à l'ennemi de faire peur à sa population, c'est le roi qui est coupable. C'est ce que veulent les Jacobins. Ils l'accusent en permanence de trahir et de saboter la défense nationale. Donc si le Manifeste de Brunswick arrive au nom du roi, il est bien évident que le roi est coupable. La reine le sait bien puisqu'elle écrit le 12 juillet à Fersen :
'On dit que les Jacobins de l'Assemblée attendent le Manifeste des puissances étrangères pour prendre un parti. On l'attendait cette semaine, on ignore qui a pu en retarder l'envoi.'
Elle trouve que cela ne vient pas assez vite. Le Manifeste de Brunswick est le texte d'un franc-maçon qui sert les francs-maçons jacobins. C'est clair. Il arrive à Paris le 30 juillet et il dit notamment :
'La ville de Paris et tous ses habitants seront tenus de se soumettre sur le champ et sans délai au roi. Si le chateau des Tuileries est forcé ou insulté, s'il est fait la moindre violence, le moindre outrage à Sa Majesté le Roi et à la Reine et à la famille royale, s'il n'est pas pourvu immédiatement à leur sûreté et à leur liberté, leur Majesté royale et impériale - c'est-à-dire d'Autriche et d'Allemagne -, en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant la ville de Paris à une exécution militaire, et à une subversion totale.'
Qui va croire que le roi de Prusse et l'empereur d'Autriche ont pu autorisé une telle publication si ce n'est pas Louis XVI qui l'a demandée ? La boucle est bouclée. Mais le roi n'était pas au courant ! Ecoutez ce qu'il écrit :
'Il circule depuis quelques jours un écrit intitulé Déclaration du duc de Brunswick, Commandant des Armées combinées de l'empereur et le roi de Prusse. Cet écrit ne présente aucun des caractères qui pourrait nous en garantir l'authenticité, il n'a été envoyé par aucun de mes ministres dans les diverses cour d'Allemagne qui avoisinent le plus nos frontières. Cependant, sa publicité me paraît exiger de moi une nouvelle déclaration de mes sentiments et de mes principes. La France se voit menacée par une grande réunion de forces. Ceux qui savent ce que valent à mes yeux le sang et la fortune du peuple croiront à mes inquiétudes et à mes chagrins. Jamais on ne me verra composer sur la gloire et les intérêts de la Nation, ni recevoir la loi de l'étranger ou d'un parti. C'est à la Nation que je me dois. Je ne fais qu'un avec elle. Aucun intérêt ne saurait m'en séparer. Elle seule sera écoutée. Je maintiendrai jusqu'à mon dernier soupir l'indépendance nationale. Les dangers personnels ne sont rien auprès des malheurs publics. Un jour peut-être le peuple saura combien son bonheur m'est cher. Combien il fut toujours, et mon seul intérêt et mon premier besoin. Que de chagrins pourraient être effacés par la plus légère marque de son retour.'
Le peuple n'a pas à savoir cela. Le peuple est travaillé par l'Opinion et de la manière qu'on a dite.
Dès la parution du 'Manifeste', les Jacobins peuvent enfin prendre parti., réunir un certain nombre de bons citoyens pour tramer patriotiquement le siège des Tuileries.
... Le roi écrit le 31 juillet :
'Depuis plusieurs jours, la tranquilité publique est troublée dans la capitale et des actes de violence s'y répètent avec une scandaleuse impunité. Hier en particulier, pendant toute la journée, des vexations sans nombre ont été commises. Les propriétés, les personnes, rien n'a été respecté. Des citoyens ont été arrêtés, plusieurs ont été insultés, plusieurs ont été victimes des coups qui ont été portés dans les Champs Elysées. Et par un attentat à la liberté individuelle, plus inconcevable encore, deux citoyens ont été constitués prisonniers par des Marseillais et détenues en chartes privées dans cette même ville où les détentions arbitraires ont été justement placées au nombre des crimes que notre législation punit le plus sévèrement. Des heures se sont écoulées avant qu'ils ne soient remis entre les mains du Juge de Paix. Le roi n'a pu voir sans indignation les lois violées avec tant d'audace, sous les yeux du corps législatif et sous les siens. Son premier devoir est de garantir à chaque individu la liberté et la sûreté que la Constitution lui promet.'
Et bien ce n'est plus qu'un voeu pieux. Le roi peut bien écrire cela, ceux qui ont la responsabilité de l'ordre public s'en fichent. La Garde parisienne sait maintenant qu'elle n'a plus aucune protection et aucune justice à espérer de l'Assemblée, qui laissent les Marseillais faire la loi avec la violence qu'on vient de décrire.
Les Fédérés et les Marseillais ont donc la permission du maire de maltraiter, et de détenir arbitrairement, de blesser et de tuer qui il leur plaît. C'est le chaos.
Un courrier parvient au roi. Les Girondins lui offrent de s'associer à lui s'il rappelle
Le roi dit non.
Le 3 août, le maire de Paris Petion s'adresse à la Commune. Il veut que le duc d'Orléans prenne la place du Roi. Pourquoi se gêner ? Lui, il ne parle toujours pas de république, il parle de remplacer un roi par un autre.
Le 4 août, la section du Bon-Conseil se réunit dans l'église Saint-Jacques-l’Hôpital (située à l'emplacement du no 133 actuel de la rue Saint-Denis. Cette section s’appela d’abord « section de Mauconseil » d’après le nom de l’ancien quartier de Mauconseil. En août 1792, le trouvant malsonnant, elle l’abandonna pour prendre celui de « Bon-Conseil ». NdCR.) La section réunie au nombre de plus de 600 citoyens, délibérant sur les dangers de la Patrie, considérant que Louis XVI a perdu la confiance de la nation et que les pouvoirs constitués n'ont de force que par l''Opinion', proclame : 'Unissons-nous tous pour prononcer la déchéance de ce roi cruel.' Alors, accoler 'cruel' à Louis XVI, c'est suffocant.
Cette section annonce que :
'si le 9 août, la déchéance n'est pas prononcée, les Patriotes des deux quartiers sonneront le tocsin et marcheront sur le château.'
Un citoyen prend la parole et dit qu'on a fraudé scandaleusement en signant pour les absents.
C'est la tyrannie du vote populaire qui fait dire ce que l'on veut du moment qu'on dit 'c'est populaire.'
Le 8 août, les Jacobins demandent un décret d'accusation contre Lafayette, pour avoir osé venir à l'Assemblée, le 29 du mois précédent dire qu'il fallait arrêter et fermer les Jacobins. Ce décret est rejetté massivement par 424 voix contre 206. Après la séance, les Fédérés, Marseillais et Brestois, pourchassent les députés qui ont voté contre. Ils les insultent, leur jettent de la boue et des pierres. Ils vont les insulter dans leurs domiciles qu'ils menacent d'incendier, et ils font mine de les égorger ou de les pendre. Terrorisés, ces députés sont presque tous absents à la séance du lendemain quand l'Assemblée se déclare 'permanente'. Ils envoient leur plainte par écrit et disent qu'ils vont en appeler à leurs électeurs. Et au moment où leurs plaintes sont lues à l'Assemblée, tout le monde rigole. Des députés demandent à ce moment-là qu'on fasse sortir l'Assemblée de Paris pour la protéger des émeutiers. C'est-à-dire qu'une Assemblée ne peut pas délibérer avec l'émeute dans les tribunes en permanence. Et là, c'est pas que dans les tribunes, c'est à la sortie également. C'est-à-dire que si vous avez le malheur à l'Assemblée de ne pas dire comme les 'Fédérés', vous êtes un 'aristocrate.' Deux Girondins s'opposent à la sortie de l'Assemblée de Paris pour la mettre ailleurs en disant : 'Il n'est pas vrai que des factions dominent les représentants du Peuple.'
Tous ces mouvements insurrectionnels sont dirigés par les Girondins, avec Petion et le Conseil général de la Commune. La force publique est sous les ordres immédiats de Petion.
La fin de la monarchie. On y est. Les Girondins ont lâché un monstre, mais qu'ils ne maîtrisent pas et dont ils commencent à avoir peur.
Ils se rendent compte qu'une fois lâchée l'insurrection, ils peuvent très bien ne pas la maîtriser.
Le 7 août, juste avant le moment fatidique, ils envoient Petion à Robespierre et tenter d'arrêter une insurrection dont ils savent qu'il est l'âme. Petion lui dit : 'Je propose qu'on prononce d'abord la déchéance du roi par l'Assemblée.' Et Robespierre lui répond : 'Le Peuple et les Fédérés ne vous croient point. Tout se prépare à l'insurrection.
Mais c'est qui 'le peuple' dont parle Robespierre ?
En fait, quand Robespierre parle, c'est lui le peuple.
Donc, vous avez compris qu'on prépare l'insurrection. On va renverser le roi. On veut une 'Convention'. L'Insurrection est préparée et exécutée par un directoire secret des 'Fédérés', qui se réunit aux Jacobins.
Le directoire secret des Fédérés a extrait d'un comité central de 43 membres, 5 personnes, dont je ne vous donne le nom, car j'ai vu que c'était des inconnus qui resteront inconnus, mais ces 5 inconnus, on va leur adjoindre 10 personnes, dont un certain Cara (orthographe incertaine NdCR.), journaliste, un certain Fournier l'Américain, qui fera parler de lui, un certain , dont on a déjà entendu parlé et dont on entendra encore parler, et
J'ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré des femmes, qui au moins pour celles-là n'enfanteront plus de brigands.
Le Comité central décide de détourner le drapeau rouge. Le drapeau rouge est le signe de la loi martiale. D'après la loi, au seul signal du drapeau, tous les attroupements avec ou sans armes deviennent criminels et doivent être dissipés par la force. L'idée des révolutiutionnaires est de retourner ce drapeau rouge en disant :
'on proclame la loi martiale du Peuple souverain contre la rebellion du pouvoir.'
C'est-à-dire que c'est le roi qui est rebelle et on va hisser le drapeau rouge pour renverser la rebellion du pouvoir.
Une affiche est placardée dans Paris :
'Ceux qui tireront sur les colonnes du Peuple seront mis à mort sur le champ.' Ha oui ? Par qui ? Qui décide ?
Le directoire révolutionnaire des 'Fédérés' fixent à la nuit du 9 au 10 août le signal de l'insurrection et la dernière heure de la Monarchie.
Nous sommes le 9 au soir. Brissot propose au roi de lui faire quitter le royaume contre 12 millions en espèces. Si on compare les revenus d'une famille moyenne de l'époque et maintenant, il lui propose : Majesté, on vous fait sortir pour 300 millions d'euros. On ne sait pas si le roi l'aurait fait ou pas, mais ce que l'on sait, c'est qu'il ne les avait pas, c'est certain.
La Section du Théâtre français, rue de l'Ecole de Médecine, présidée par Danton, héberge le bataillon de Marseille. On leur distribue 300 cartouches par personne. La Garde nationale parisienne, elle, est encore royaliste.
Et vous savez comment on le sait ? Parce qu'un certain journaliste, Louis-Marie Prudhomme, personnage très intéressant, démarre la Révolution à fond avec les révolutionnaires pour devenir un des plus farouches dénonciateurs de toutes les atrocités commises. Il écrit (époque où il était encore très anti-monarchiste) :
"Dans les guinguettes des chansonniers glapissaient des complaintes niaises, mais attendrissantes sur le sort du tyran. J'ai vu, oui j'ai vu le buveur laisser tomber dans son vin une larme en faveur de Louis Capet. Cette complainte sur l'air du pauvre Jacques commence ainsi : 'Oh mon peuple, que t'ai-je fait ?' On en vend par milliers, elle fait oublier l'hymne des Marseillais."
C'est-à-dire que les Parisiens aiment encore le roi et un anti-royaliste comme Prudhomme est là pour le remarquer.
A 1 heure du matin (dans la nuit du 9 au 10 août), le tocsin sonne. Les ministres et le roi sont complètement désarmés. Et ils sont placés sous la sauvegarde du maire qui est l'allié objectif de l'émeute.
La Garde nationale de Paris, dont on a dit qu'elle était encore royaliste, n'a plus depuis fin 1791 un commandant général. On leur donne un commandant nouveau tous les deux mois. Alors essayez d'avoir de la discipline des troupes avec un gars qui change tous les deux mois. Le commandant à ce moment-là s'appelle Mandat. Quand Mandat va chercher des cartouches, on lui refuse. C'est-à-dire que la Garde nationale n'a pas d'armes. Il n'y a plus de cartouches, on a tout donné aux Marseillais.
Les colonnes se mettent en marche à 6 heure du matin vendredi 10 août 1792. A 1 heure du matin, vous avez 192 délégués des sections qui se rendent à l'hôtel de Ville. Ces sections siègent de façon permanente, dans les églises. Par exemple, à la Section des Lombards qui siège à St Jacques de la Boucherie, la fameuse Tour St Jacques que l'on voit au Chatelet, il y a huit personnes qui ont délégué cinq commissaires. Et toutes les sections vont en faire autant. 192 sections, 192 délégués qui se présentent à la mairie de Paris à une heure du matin, ont été nommés par 400 personnes. Paris a 500 000 habitants. (Le complot républicain de la Nuit du 10 août a donc été réalisé par 0,08% de la population parisienne... NdCR.) Ils arrivent devant la mairie et ils chassent les 192 membres de l'ancienne majorité. Cela s'appelle une Commune insurrectionnelle. L'insurrection est maîtresse, vous partez, nous prenons la place. Ils vont gouverner la France, ils ne vont pas que gouverner Paris. Cela s'appelle la 'permanence des sections' pendant que vous dormez.
Seuls Petion et Manuel seront conservés dans cette municipalité. Il y a un nouveau venu qui s'appelle Tallien et fera parler de lui plus tard. Et à 4 heure du matin, la Commune s'installe. C'est 'populaire'. On ne dit pas (encore) la démocratie, on dit que c'est la 'Volonté du peuple'. Et elle veut voir Mandat, le Commandant de la Garde nationale. Mandat est chez le roi. Alors on va le chercher. Il vient, on l'interroge, il s'approche du perron, et là il est massacré, à coups de piques, à coups de sabres, à coups de pistolets. Et devant son fils qui hurle, on jette son cadavre à la Seine.
A 7 heures du matin, les députés se retrouvent à l'Assemblée qui se trouvait à l'emplacement actuel de la rue de Rivoli, à 5 minutes à pieds du Chateau des Tuileries. Elle apprend que Mandat vient d'être massacré, elle ne bouge pas. Il va falloir un nouveau Commandant pour la Garde nationale : on a quelqu'un 'de très bien', c'est
. Santerre est un brasseur qui fait de la bière, qui a de quoi aviner les gens qu'il manipule. Et c'est un affidé du duc d'Orléans. Il est nommé Commandant de la Garde nationale par acclamation. A 8 heures, le roi a compris qu'il n'a pas les moyens de la résistance. Il se rend au manège et il demande la protection de l'Assemblée. L'Assemblée nationale lui accorde sa protection. Et il entre avec sa femme et ses enfants. Et ils sont mis dans la 'loge du logographe', une loge au-desus de l'Assemblée sise au manège. Et à 8 heures, un coup de canon ébranle les vitres et l'assaut du Château est donné.

Et qui dirige ? Ce n'est pas l'Assemblée. C'est la Commune insurrectionnelle, les 192 péquins nommés par 400. au cours de la nuit. La Commune donne les ordres et l'Assemblée, désormais, obéit. C'est une véritable dictature qui s'instaure, immédiate.
L'ancien Procureur du roi est devenu procureur de la Commune. La Commune, c'est l'Assemblée du Conseil général de la Commune et c'est un Tribunal. Petion est et reste maire de Paris. Le procureur de la Commune, c'est Manuel. Et il a un substitut qui s'appelle Billaud-Varenne. Le Conseil général de la Commune, c'est 144 officiers autour du maire qui discutent publiquement comme autour d'une Convention. Ils ont une espèce de gouvernement, il y a des tribunes, il y a des gens qui écoutent, qui applaudissent, et ce sont ces gens-là qui vont donner des ordres à l'Assemblée nationale. Marat, le fameux journaliste à qui la Commune achetait 10 000 exemplaires par jour, a son bureau à côté. Il est le journaliste officiel de la Commune.
Pour s'installer, les membres de la Commune ont besoin de leurs aises. Donc ils vont aller piller toutes les proriétés de l'Etat et de l'Eglise. Les meubles, les étoffes, l'argent, tout est bon... On pille les maisons des émigrés, on pille les églises, on leur enlève tous les objets de valeur. Tout est entassé dans les sales de la mairie et sera presque intégralement pillé, volé, disparu.
Il y aura une commission qui sera chargé des comptes, qui relèvera des soustractions, dilapidations, malversations, bris de scellés, violations de dépôts, infidélités. Et les gens qui étaient en charge de surveiller le dépôt, c'est-à-dire Servan, Marat, Panis, membres du Comité de Surveillance, et Tallien, préposé à la garde des Objets volés, seront nommés députés à la Convention...
Le 10 août, la Commune à l'Hôtel de Ville, mande Roland, ancien ministre de l'Intérieur, en ces termes :
'Monsieur le Commandant (Santerre), a été autorisé à faire chercher le ministre de l'Intérieur, et à défaut du ministre, à faire venir son premier commis.' C'est-à-dire que la Commune de Paris donne des ordres aux ministres.
Le soir même, la Commune insurrectionnelle ferme les portes de Paris. Et elle annonce le 11 au matin, que la sortie de la ville est provisoirement interdite. Cela veut dire que les députés de l'Assemblée législative ne peuvent pas sortir de Paris pour aller raconter à leurs mandats ce qui vient de se passer. Paris est coupée du reste de la France.
... Le 10 août au matin, le sieur Roland, grenadier du bataillon des Minimes, écrit à l'Assemblée pour demander la suppression de la procession ordonnée par le voeu de Louis XIII. Louis XIII avait ordonné que tous les ans à l'Assomption pour le 15 août, la France se mette en procession. C'est comme cela que ça se faisait à l'époque. Donc un sieur Roland (ce n'est pas l'autre Roland de la Platière) demande la suppression de la procession, l'Assemblée nationale décrète que l'édit de Louis XIII qui ordonne la procession est révoquée, sur la demande d'un citoyen. On appellait cela la 'Volonté du Peuple'.
... Le 16 août, quelqu'un vient dire à l'Assemblée qu''un grand nombre des effets précieux qui remplissaient autrefois les maisons royales ont disparu. Il y en avait beaucoup de meubles massifs en or et en argent, nous n'en avons trouvé aucun. Il est probable qu'ils ont été fondus, convertis en espèces et envoyés aux émigrés.' C'est-à-dire que la preuve, c'est l'absence de preuves. La preuve qu'il y en avait, c'est qu'il n'y en a plus. Ils faisaient déjà le coup avec les Jésuites. Quand les Jansénistes s'en prenaient aux Jésuites, ils disaient : il n'y a aucune preuve contre eux. Seuls eux sont capables de cacher des preuves à ce point-là. C'est donc bien la preuve que c'est eux... Cela, c'était dans l'affaire Damiens. On n'avait aucune trace de l'intervention des Jésuites dans cette affaire. Mais c'était eux, c'était la preuve que c'était eux... Ici, c'est la même logique. Cela s'appelle de la paranoïa. Une logique paranoïaque.
Le 17 août, on dénonce à l'Assemblée la ville de Sedan où on a fait prêter aux troupes le serment d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi. On décrète la ville de Sedan en contre-révolution ouverte. Merlin déclare: 'Je demande à présent l'arrestation de tout le Conseil général de Sedan.' Cette proposition est décrétée. Et on fera pareil en Seine inférieure, en Ardennes, dans la Somme, la Moselle, dans la Haute-Loire. Qui n'est pas avec eux est contre eux. Si vous avez le malheur de vous dire fidèle au roi, attendez-vous au pire et il arrivera.
Le 17 août, on organise les élections au Tribunal correctionnel, par acclamations... Le même jour, la Commune prive de leurs droits civiques et déclare incapables de remplir aucune fonction, les signataires de la pétition contre l'insurrection du 20 juin. Des pétitions avaient été déposées pour soutenir le roi. Tous les signataires vont être déclarés incapables de remplir aucune fonction, c'est-à-dire qu'ils sont déchus de leur citoyenneté. Et tous ceux qui ont prêté serment à Lafayette.
Le 29 août, Danton propose de faire dans les sections un état de tous les citoyens nécessiteux qui sont propres au service militaire et de leur donner une paye. Tiens, tiens, qu'est-ce qu'ils préparent ? Le même jour on bat le tambour dans la rue pour annoncer que tous les citoyens absents de chez eux doivent rentrer et que toutes les maisons seront éclairées toute la nuit. Et que des 'visites domiciliaires' sont annoncées dans chaque quartier.
Et le 30 août, les prisons sont combles : on a passé la nuit à aller chercher les gens chez eux par des 'visites domiciliaires.' Le Conseil général de la Commune écrit: 'Il est arrêté que les prisons seront chargées de juger et d'examiner sous leurs responsabilités les citoyens arrêtés cette nuit.' Ah bon? Parce que maintenant les Sections vont être juges, cela va être des tribunaux ? On arrête les gens au milieu de la nuit sans leur dire pourquoi, pour les faire juger par les sections.
Le 31 août Tallien dit :
'Nous avons fait arrêter des conspirateurs. Et nous les avons mis entre les mains des tribunaux pour leur salut et celui de l'état. Nous avons fait arrêter les prêtres perturbateurs. Ils sont enfermés dans une maison particulière. Et sous peu de jour, le sol de la liberté sera purgé de leur présence.'
Se préparent ce que l'on va appeler 'les massacres de Septembre'.
On a rempli les prisons dans la nuit du 29 au 30 août.
Dimanche 2 septembre, au matin. Pierre Manuel, le procureur de la Commune fait fermer les barrières de la Ville. Personne ne sortira. Il réquisitionne les chevaux et fait donner les canons d'alarme. Les prisons sont bondées de politiques, de prêtres et de personnes arrêtées depuis le 10 août. Et les prêtres sont arrêtés à tour de bras. Manuel vient s'assurer en personne qu'on ne mélange pas les uns avec les autres. C'est-à-dire qu'il donne l'ordre de faire sortir les prisonniers pour dette et les prisonniers pour cause civile et militaire ou pour indiscipline. On va chercher dans les prisons les voleurs. Et à 14h30, que fait-on ? On lâche les assassins. Et commencent les Massacres de Septembre à l'Abbaye où se trouvent les prêtres. Et le soir, les massacres commencent au Châtelet où il n'y a que des prisonniers de droit commun. Il s'agit de tuer à coups de sabres, de piques, et de masses des centaines de gens désarmés. C'est une furie, une sauvagerie sans nom. Cela va durer cinq jours. Des flots de sang coulent des prisons. Bien heureux celui qui meurt du premier coup. Les mêmes scènes de barbarie, de cannibalisme et d'outrages qu'on avait vues aux Tuileries se répètent pendant 5 jours sur des civils désarmés et enfermés.
A Bicêtre, à l'Hôpital Général, lieu de renfermement des pauvres à l'intérieur duquel se trouve la prison de la prison. Bicêtre, c'est la prison des hommes. Ce sont les sectionnaires qui massacrent depuis le 2 septembre au soir jusqu'au 4 septembre dans l'aprés-midi.
Ecoutez bien, c'est très pénible à entendre, mais je crois qu'il faut dire ces choses-là. Un ancien garde de Bicêtre témoigne de ce que ces sauvages ont fait aux enfants de Bicêtre :
'Ils nous en ont tué trente-trois, les malheureux. Ils nous disaient les assomeurs : D'ailleurs nous l'avons pu le voir par nous-mêmes, ces pauvres enfants étaient bien plus difficiles à achever que les hommes faits. Vous comprenez, à cet âge, la vie tient bien. Ils nous en ont tué 33. On en avait fait des montagnes là dans ce coin, que l'on démolit à votre droite. Le lendemain, quand il a fallu les enterrer, c'était un spectacle à fendre l'âme. Il y en avait un qui avait l'air de dormir comme un ange du Bon Dieu. Tous les autres étaient horriblement mutilés.
Le lundi 3 (cela a commencé dimanche 2), les tueurs arrivent à la Salpêtrière, Hôpital général pour les femmes et les petites filles. Ils sont arrivés le soir, ont libérés les femmes qui leur plaisent ou qu'ils connaissent, et ils passent la nuit au dortoir des petites filles. Qu'est-ce que vous croyez qu'ils ont fait, pendant une nuit complète ? Un viol pédophile de masse, et le massacre des femmes a seulement commencé après. Et à la Salpêtrière, elles ont été assomées à mort.
Prudhomme, le fameux journaliste dont je vous ai parlé, très bien informé, vient voir Danton le 2 au matin, 4 heures avant le début des massacres. C'est donc bien que les massacres étaient programmés et qu'on savait qu'ils allaient arriver. Et Danton dit à Camille Desmoulins : 'Tiens, Prudhomme vient me demander ce qu'on va faire.' Camille Desmoulins dit à Danton:
'Tu ne lui as donc pas dit qu'on ne confondra pas les innocents avec les coupables ?' Ce qui prouve que c'est bien programmé.
Alors Danton lui explique qu'on allait procurer à ces coquins d'aristocrates qui sont prisonniers, des armes à feu et des poignards. A une heure indiquée de la nuit prochaine, on devait leur ouvrir les portes et ils se seraient répandus dans les différents quartiers pour égorger les femmes et les enfants des Patriotes qui partiront pour marcher. C'est-à-dire que Danton annonce qu'on va aller massacrer des gens qui s'apprêtaient à massacrer les Parisiens. Alors, essayez d'imaginer comment des gens qui sont enfermés dans des prisons peuvent sortir et aller massacrer qui que ce soit ?
Danton raconte cela à prudhomme, qui rien moins que naïf ne s'en laisse pas comter, et il demande que les autorités et les députés se répandent en ville pour appeler au calme. Parce que prudhomme n'a pas encore compris que c'est totalement organisé. Il croit que c'est simplement hors de contrôle au début.
Le 3 au matin, le Comité d'exécution dirigé par Marat rédige un appel qui sera contresigné par Danton:
'La Commune de Paris se hâte d'informer ses frères de tous les départements qu'une partie des conspirateurs féroces, détenus dans ses prisons a été mis à mort par le peuple.'
Alors les conspirateurs féroces : les petites filles de la Salpêtrière, et les petits garçons, les prêtres, les femmes, les voleurs ? Et mis à mort par qui ? Par 'le peuple' ? C'est 'le peuple' qui a commis les Massacres de Septembre ? On le dira !
'Actes de justice qui lui ont paru indispensables, pour retenir par la Terreur, les légions de traîtres cachés dans ses murs, au moment où il allaient marcher à l'ennemi et sans doute la Nation entière après une longue suite de trahison, qui l'ont conduite sur les bords de l'abîme, s'empressera d'adopter ce moyen si nécessaire de salut public. Et tous les Français s'écriront comme les Parisiens : Nous marchons à l'ennemi, mais nous ne laisseront pas derrière nous ces brigands, égorger nos enfants et nos femmes.'
C'est-à-dire que Marat, avec la signature de Danton lance un appel au meurte général de tous les prisonniers dans toute la France.
Qui a voulu et permis le massacre à l'arme blanche de 1500 civils captifs ? Ecoutons Robespierre qui dès le mois suivant d'octobre à la Convention, déclare :
'Avant d'abandonner leur foyer, leur femmme et leurs enfant, les vainqueurs des Tuileries veulent la punition des conspirateurs qui leur avaient été souvent promise. On courut aux prison, c'était un mouvement populaire, et non comme on l'a ridiculement proposé, la sédition partielle de quelques scélérats payés pour assassiner leurs semblables.'
He bien, monsieur Robespierre, ce n'est pas bien de mentir ! Robespierre savait très bien ce qu'il disait.
Il dira plus tard :
'L'univers, la postérité ne verra dans ces évènements que leur cause sacrée et leurs sublimes résultats. Vous devez les voir comme tels. Vous devez les juger non en juge de paix, mais en hommes d'état. Ne pensez pas que j'ai évoqué ces principes éternels parce que nous avons besoin de couvrir d'un voile quelques actions répréhensibles. Nous n'avons point failli. J'en jure par le trône renversé et par la république.'
Il le justifie a posteriori. Il justifie encore les mesures qui ont rempli les prisons et supprimé la presse royaliste. Ecoutez bien :
'Est-ce donc le Code criminel à la main qu'il faut justifier les précautions salutaires qui exigent le Salut public dans les temps de crise, amené par l'impuissance même des lois ? Que me reprochez-nous d'avoir briser illégalement les plumes mercenaires dont le métier était de propager l'imposture et de blasphémer contre la Liberté ?'
C'est-à-dire qu'on a supprimé la presse royaliste parce qu'elle blasphémait contre la liberté ! Ce n'est pas cinglé, cela ? Et il minimise l'horreur :
'On assure qu'un innocent a péri.'
1500 civils désarmés et au milieu un innocent...
'On ne sait plus à en exagérer le nombre sans doute. Mais un seul, citoyens, pleurez cette méprise cruelle, nous l'avons pleurée avant longtemps, mais que votre douleur ait un terme comme toutes les choses humaines. Gardons quelques larmes pour des choses plus touchantes.'
Petion est plus honnête. Il va le reconnaître, il va dire :
'Plusieurs de ces défenseurs de la Patrie croyaient que ces journées désastreuses et déshonnorantes étaient nécessaires, qu'elles purgeaient l'empire d'hommes dangereux, qu'elles portaient l'épouvante dans l'âme des conspirateurs et que ces crimes odieux en morale étaient utiles en politique'
Cela veut dire que cela a été préparé parce que c'était politiquement utile, politiquement correct.
'Nous gémissons sur les maux particuliers produits, mais sans cette journée, la Révolution ne serait jamais accomplie. Sans le 2 septembre, il n'y aurait pas de Liberté, et il n'y aurait pas de Convention nationale.'
Et oui mesdames et messieurs, c'est comme cela qu'elle est venue la 'république' !
Barrère :
'Cette journée dont il ne faudrait plus parler, car il ne faut pas faire le procès de la Révolution.' Ha bon ? 'présente aux yeux du vulgaire un crime car il y a eu violation des lois, mais aux yeux de l'homme d'état, elle présente deux grands effets : premièrement de faire disparaître ces conspirateurs que le glaive de la loi semblait ne pas pouvoir atteindre.' He bien oui, les prêtres, la Princesse de Lamballe, les femmes, les enfants, etc.
'Et d'anéantir tous les projets désastreux enfantés par l'hydre du feuillantisme, du royalisme et de l'aristocratie qui levait sa tête hideuse.
Marat a dit, au 30 aôut, c'est-à-dire deux jours avant, au cours d'une réunion qu'il fallait :
'effrayer la Convention prête à se réunir, par un coup de vigueur capable de la faire trembler devant la Commune de Paris, et que l'on ferait, par ce moyen, marcher à son gré'
Il proposa tranquillement 'l'égorgement de prisonniers, dont selon lui, la mort délivrerait Paris d'autant d'ennemis de la 'république'.
Elle arrive la république, elle arrive...
Et bien, les massacres de Septembre - c'est dit ici -
pour terroriser les députés de la Convention. C'était un programme.
Les données incontestables de ces massacres :
1500 personnes ont été massacré à l'arme blanche pendant 5 jours par même pas 200 assassins, alors que Paris avait 50 000 gardes nationaux. Les massacres ont duré 5 jours pleins dans 9 prisons disséminées dans Paris. Un nombre considérable de détenus ont été mis en liberté sans raison apparente dans les deux jours précédents. Des listes de prisonniers avaient été remises à Danton juste avant. On a quantité de preuves que les massacreurs ont été rémunérés. Des factures, des quittances, des bons, des procès verbaux des sections. On a leur nom, leur profession et leur adresse sur les factures, les quittances qu'ils ont signées eux-mêmes. 200 personnes ont été payées à aller massacrer 1500 prisonniers. La république arrive !
'On va organiser des élections à la Convention.' Non, on ne va pas organiser des élections à la Convention, on est en train de les organiser. La convocation à la Convention date du 10 août. Elle dit que tout Français âgé de 21 ans vivant du produit de son travail et non domestique, va pouvoir être électeur. Il n'y a plus de citoyen actif ou passif, on se rapproche du suffrage universel masculin. Alors que dans les anciennes institutions, les femmes votaient. Là, elles ne votent plus. Mais c'est un suffrage indirect, c'est-à-dire que des assemblées primaires vont nommer des électeurs qui vont nommer des députés. Et bien ces élections se sont déroulées pendant les massacres de Septembre. C'est-à-dire que Paris était fermé, il fallait des passeports pour sortir. Vous avez compris à qui il fallait les demander... L'assemblée des députés par les électeurs s'est déroulée dans Paris dans la Salle des Jacobins. Le vote s'est déroulé à voix haute, par appel nominal, en présence du public, et pendant les massacres. Qui représente qui à cette Assemblée qu'on nomme Convention ? L'abstention sur le territoire de France a été de 90%. Alors que le mode de scrutin était élargi sur 7 millions de votants potentiels, seuls 700 000 se sont déplacés. Ces 700 000 vont élire 749 députés.
Le 20 septembre a lieu la 'Victoire de Valmy'. (L'agenda fait bien les choses NdCR...) Valmy, vous savez c'est le 'Vive la Nation' et les Sans-culottes qui se précipitent contre les Armées coalisées contre la France révolutionnaire. D'un côté, Dumouriez pour la France et de l'autre Brunswick. Et c'est la 'victoire du peuple sans-culotte contre les armées royales'. Vous avez entendu dire cela ? Et bien je vais vous expliquer un truc qu'on sait maintenant : Dumouriez et Brunswick étaient deux francs-maçons qui appartenaient tous les deux à l''Ordre de St Jean l'Evangéliste d'Asie et d'Europe'. C'est un nom ronflant d'une partie de la secte satanique issue du sabbataïsme frankiste qui prône l'ordre par le chaos et l'ordre par le mal pour le mal. La bataille de Valmy n'a pas eu lieu : Brunswick s'est retiré. C'est cela 'la victoire'. La république a été proclamée (le lendemain) le 21 septembre (1792) à l'unanimité. La Convention réunie avait rassemblé 200 députés sur 749. Les autres n'étaient pas encore arrivés. Le quorum (nombre minimal de membres d'un corps délibératif nécessaire à la validité d'une décision) n'était même pas atteint. La proclamation de la république est totalement illégale. 200 individus sous influence et sous une pression de Terreur, et ce n'est pas une terreur psychologique - le sang coulait dans les rues -, venaient d'abolir douze siècles de monarchie, 'au nom du Peuple'... C'est quoi les valeurs de la république au fait ? Connais plus !