Le Parlement du canton du Valais envisage d'obliger les élus membres d'une loge maçonnique à "annoncer une telle appartenance".
Le bureau du Grand Conseil (Parlement) du canton du Valais doit proposer une modification de son règlement introduisant une obligation pour tout élu franc-maçon de se dévoiler. L'information, publiée la semaine dernière dans Le Nouvelliste, le quotidien de Sion, révèle que cette initiative a été prise par les démocrates-chrétiens, la principale formation du canton, et l'Union démocratique du centre, un parti d'extrême droite comme son nom ne l'indique pas. Canton bilingue de 330 000 habitants, le Valais est l'une des régions les plus catholiques de Suisse. Dans les écoles, un crucifix est accroché au-dessus du bureau de l'enseignant.
C'est d'ailleurs en Valais que monseigneur Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité Saint-Pie X, a installé le séminaire international d'Écône. En 1988, il y sacrait quatre évêques traditionalistes sans l'aval de Rome. Ce qui lui avait valu une excommunication [depuis levée par Benoît XVI. NdCR.]. Cette proposition du bureau du Grand Conseil valaisan vise tout particulièrement la Grande Loge suisse Alpina, reconnue par la Grande Loge d'Angleterre, la principale obédience helvétique, dont les effectifs sont estimés entre 4 000 et 5 000 membres.
« Si cette loge maçonnique était vraiment sans danger, pourquoi est-elle si secrète ? » interroge un lecteur du Nouvelliste, tandis qu'un autre imagine des connexions entre la maçonnerie et des « managers de vin du Valais ». Le canton, réputé pour son vin blanc, a été éclaboussé récemment par un scandale touchant un très important vigneron.
D'autres, en revanche, ironisent en réclamant que les homosexuels soient également obligés de se dévoiler [sauf que les homosexuels n'échangent pas de serment de secret et d'entraide. Cf. Sophie Coignard: "un Etat dans l'Etat". NdCR.]. « Ils se tiennent certainement les coudes entre eux, non ? » « Et pourquoi pas les députés qui trompent leur conjoint ? » s'amuse un autre lecteur. Si les obédiences maçonniques, traditionnellement très discrètes en Suisse, n'ont pas réagi, en revanche, Jean-Noël Cuénod, journaliste et franc-maçon, est monté au créneau. « C'est dans les régions où les étrangers sont les moins nombreux que l'on vote le plus xénophobe. [...] C'est dans un canton où il y a peu de francs-maçons, le Valais, que l'on s'apprête à prendre contre eux des mesures discriminatoires », s'étonne-t-il.
Rédacteur en chef du mensuel La Cité (et ancien correspondant de La Tribune de Genève à Paris), Jean-Noël Cuénod ne cache pas son appartenance à la loge La Constance à Aubonne, en Suisse, et à La Pensée écossaise, au Grand Orient de France, à Paris. Sur son blog, intitulé « Un plouc chez les bobos », le journaliste écrit le 7 septembre que la proposition valaisanne constitue une « violation de la Convention européenne des droits de l'homme, signée et paraphée par la Suisse »