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Christ Roi

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30 septembre 2015 3 30 /09 /septembre /2015 19:21

Le Moyen Âge recèle des quantités d'informations, d'explications sur la France, sa création, son identité, ses racines monarchiques, catholiques, qui donnent une vraie profondeur à la France qui n'est pas un objet politique non identifié qui serait né il y a deux siècles.

Gilles Ardinat

La vérité sur l'Inquisition (Gilles Arnidat, Tv Libertés)

"Dans une époque qui souhaite déraciner les personnes, en faire des personnes hors sol", et afin de "se réapproprier notre passé collectif, qui est un passé glorieux, passionnant", Gilles Arnidat, agrégé de géographie qui enseigne à l'Université de Montpellier, aborde à partir de 32:25 dans la video ci-dessous, la question de l'Inquisition médiévale, "qui couvre la période des trois derniers siècles du Moyen Âge".

Extrait :

 

"L'Inquisition est un tribunal ecclésiastique d'exception.

 

Tribunal. C'est-à-dire que ce sont des juges avec une procédure relativement avancée (on le verra après) compte tenu des usages de l'époque; avec des assesseurs. Ce tribunal va émettre des jugements ecclésiastiques. C'est une création de l'Eglise. Il ne s'agit pas comme dans le cas de l'Inquisition espagnole au XVe, XVIe, XVIIe, XVIIIe siècle d'une création étatique. C'est quelque chose de plus ou moins supra-national qui a vocation à intervenir sur l'ensemble de la Chrétienté. Et c'est un tribunal d'exception, c'est-à-dire que cela va venir en complément de la justice ecclésiastique ordinaire. La Chrétienté est organisée en territoires, avec des évêques, des archevêques, toute une hiérarchie qui est une des caractéristiques de l'Eglise catholique.

Ce tribunal a été créé de manière progressive par un certain nombre de décrétales, c'est-à-dire des décisions papales qui vont d'abord dire qu'il fait une enquête et des preuves avant de condamner quelqu'un, et qui vont préciser ensuite que les laïques doivent être tenus à l'écart de ce jugement. Au début des années 1200 va se préciser ce tribunal qui va être, avec la constitution de 1231, complètement institutionnalisé. Donc une création progressive.

La vérité sur l'Inquisition (Gilles Arnidat, Tv Libertés)

Le but est de créer un tribunal qui soit indépendant de la justice locale. Et c'est pour cela que Rome va s'appuyer sur l'ordre des Dominicains, qui est créé en 1215.

La vérité sur l'Inquisition (Gilles Arnidat, Tv Libertés)

Les Dominicains sont un ordre de moines, marqué par son humilité, sa pauvreté, etc., très mobile.

 

L'objectif de ce tribunal est de lutter contre les hérétiques, c'est-à-dire les chrétiens dissidents (ceux qui remettent en question les dogmes NdCR.). Donc l'Inquition médiévale, contrairement à ce que l'on dit, a très peu persécuté de Juifs, de sorcières ou sorciers. la priorité, par exemple, c'était les cathares, ceux qui s'éloignaient de l'orthodoxie romaine.

 

Il faut rappeler que les procès en sorcellerie, c'est l'époque moderne. Une justice laïque rendue par les parlements et qui va principalement dégénérer dans le monde protestant, où il y aura le plus de procès de sorcières.

 

Le terme de légende noire de l'Inquisition désigne le récit extrêmement négatif et atroce qui a été fait de cette inquisition. Cette légende s'inscrit elle-même dans ce que j'appelle, moi, la légende noire du Moyen-Âge. Le but est de présenter le Moyen Âge comme une période d'obscurantisme, c'est-à-dire de régression intellectuelle formidable, dans une période d'dextrême violence, dont l'Eglise catholique serait la principale responsable. Donc on a une vision simplifiée, exclusivement à charge, visant à disqualifier toute une période et l'Inquition est un des épisodes les plus caricaturés.

 

Qui sont les auteurs de cette légende noire de l'Inquisition ?

 

Ce sont les penseurs des Lumières au XVIIIe siècle. Les Lumières, c'est un combat contre l'Eglise catholique. Et le plus emblématique étant Voltaire (16694-1778), génie littéraire incontestable, mais qui est aussi un militant politique. Et qui le dit clairement: le mensonge, la falsfication font partie de ses armes dans son combat. Et on sait dans Candide, ou dans d'autres prises de position, il a contribué à présenter l'Inquisition sous une version en effet, tout à fait effrayante. Et cette tradition des Lumières va être ensuite cultivée par tous les milieux anticléricaux, qu'ils soient protestants et surtout après, républicains.

 

Aujourd'hui, quelque soit leurs tendances, les historiens qu'ils viennent du marxisme, ou même des gens comme Pierre Chaunu (1923-2009), qui est protestant calviniste que l'on ne peut pas soupçonner d'être soudoyés, reconnaissent que cette légende noire est un mythe, mais un mythe dont l'efficacité est redoutable. Donc, c'est l'intérêt de cette émission, c'est de dire aux auditeurs que pratiquement plus aucun historien ne défend cette version-là, et que tous les historiens en utilisant la documentation très importante que les inquisiteurs ont produite montrent les caricatures que l'on retrouve par exemple dans les séries Inquisitio, ou Kaamelott. On voit aussi appraître Bernard Gui dans Le Nom de la Rose, un film qui reprend aussi un certain nombre d'idées reçues.

 

Il faut aussi rappeler le type de justice qui se pratiquait avant l'Inquisition : l'ordalie

 

Il faut remettre les choses dans leur contexte. Au Moyen Âge, on est encore dans des pratiques judiciaires qui nous paraissent aujourd'hui tout à fait farfelues, magiques, avec ce que l'on appelle les ordalies.

 

L'ordalie est une pratique qui visait à utiliser ce que l'on appelait le jugement de Dieu, c'est-à-dire que l'on va brûler une barre de fer jusqu'à ce qu'elle soit incandescente et l'on va demander à l'accusé, par exemple, de la prendre dans la main. On considère à cette époque que si Dieu veut protéger cette personne, il interviendra de façon miraculeuse. On soumet les accusés à des tortures. Et cette justice-là qui se met en place à partir du début du Moyen-Âge, liée à des pratiques apportées du monde germanique, et lié à la déliquescence du système juridique romain, va se maintenir pratiquement jusqu'au milieu du Moyen Âge par des juridictions laïques. L'Eglise a toujours réprouvé ces méthodes-là. Et l'inquisition ne pratiquera jamais les ordalies. Au contraire, il y a une volonté d'avoir une réelle procédure. Cela est un élément important. Parfois les étudiants en droit sont choqués de leurs premiers cours d'histoire du droit et que leur professeur leur expliquent que l'Inquisition a fortement contribué à l'édification de nos méthodes contemporaines. L'inquition a une postérité procédurale extrêmement forte jusqu'à aujourd'hui. L'Inquisition signifie étymologiquement l'enquête (inquisitio). C'est un progrès. L'Eglise et les décrétales en attestent, dit que "la rumeur ne suffit pas à faire condamner quelqu'un". C'est-à-dire qu'on va faire une enquête et il faut des preuves. Aujourd'hui, la procédure dite inquisitoire c'est une création de l'Inquisition de l'Eglise catholique. Cette procédure consiste à dire que l'institution judiciaire elle-même, peut mener une enquête, au nom du Bien commun, sans avoir nécessairement besoin d'une procédure dite accusatoire. La procédure accusatoire, c'est ce que le Moyen Âge avait comme norme jusqu'à la création de l'Inquisition. Cette procédure accusatoire nécessite qu'une tierce personne porte plainte. Il doit y avoir un plaignant identifié pour porter l'accusation. Et dans cette procédure, le juge n'est qu'un arbitre entre deux parties. La procédure inquisitoire, c'est l'institution elle-même qui peut porter les chefs d'accusation sans avoir besoin d'une tierce personne. Toute notre système judiciaire s'est inspiré de cette procédure inquisitoire avec une particularité concernant l'Angleterre. Le Roi d'Angleterre ne va pas accepter la présence de l'Inquisition sur son territoire et donc le droit anglais, à partir de ce moment-là, développe une spécificité puisqu'il veut conserver la tradition de l'époque qui est la procédure accusatoire. Et le droit anglo-saxon, dont on parle aujourd'hui, que l'on voit s'imposer avec les tribunaux d'arbitrage, le traité transatlantique, etc., l'une des spécificités qui expliquent cette évolution est que les rois d'Angleterre n'ont pas voulu de l'Inquisition.

 

La torture

 

La torture, que l'on appelle à l'époque la question, est une réalité de l'Inquisition qu'il ne faut pas nier. C'est une réalité qui se met en palce vingt ans après la création de l'Inquisition à une époque où toutes les justices laïques pratiquent massivement la torture, justice seigneuriale et justice royale comprise. Et cela durera chez nous jusqu'à Louis XVI qui abolira la torture.

 

Il faut savoir en outre, qu'au IXe siècle, la torture avait dors et déjà été condamnée par l'Eglise. Donc l'Eglise a toujours eu une certaine réticence. Et la torture va être autorisée en 1252 par une disposition papale mais d'une manière très codifiée, très réglementée. Ainsi, proportionnellement, les violences faites par les inquisiteurs, par rapport à celles qui étaient réalisées par les juges laïques étaient plutôt clémentes.

 

Ce n'est donc pas l'inquisition qui a créé ce mode interrogatoire et dans une certaine mesure elle est même en retrait par rapport à ce qu'était les pratiques courantes du temps. Sachant que pour tout ce qui est torture et exécution à mort, il y a ce que l'on appelle le bras séculier, c'est-à-dire que l'Eglise a recours aux chevaliers, aux autorités laïques locales, pour exécuter les sentences. Les moines dominicains dans le tribunal, n'étant pas autorisés à pratiquer ces violences.

 

Donc on a un débat contradictoire. Une possibilité pour l'accusés de produire des preuves et des témoins. C'est ce qui est notable, on peut se défendre. Et là il faut comprendre quel est l'objectif de l'Inquisition ? L'objectif de l'Inquisition n'est pas de condamner à tour de bras, mais de réintégrer les brebis égarées dans la foi catholique. Et les documents montrent que lorsque les inquisiteurs n'arrivent pas à cela, c'est un échec pour eux. Un inquisiteur compétent, il réintègre le maximum de monde dans l'Eglise.

 

 

La vérité sur l'Inquisition (Gilles Arnidat, Tv Libertés)

Ainsi, on a des chiffres pour le fameux Bernard Gui (1261-1331), qui a traité d'un certain nombre d'affaires sur Toulouse (qualifié à l'époque de nid d'hérétiques avec les cathares) et les condamnations représentent finalement une part tout à fait minoritaire. De 1208 à 1223, il a produit 930 sentences, dont nous avons des sources précises. Dans ces sentences, il y a 139 acquittements. Donc des personnes qui ont pu démontrer que les accusations d'hérésie étaient totalement infondées, qu'elles étaient catholiques et donc du coup il y a acquittement. Il  ya 286 peines religieuses, c'est-à-dire que la personne doit effectuer des pénitences, et en fonction du niveau d'hérésie cela pouvait être un pélerinage, voire une obligation de se croiser et de partir en Orient. Tout cela était gradué. Et puis dans les peines religieuses il y avait les fameuses croix jaunes, c'est-à-dire que la personne hérétique devait coudre sur ses vêtements une croix chrétienne jaune, d'une part pour être repérée par les Clercs et autres comme quelqu'un qu'il fallait particulièrement suivre sur le plan théologique et spirtituel, et puis c'était aussi une peine infâmante dans cette société chrétienne. Donc, des peines religieuses qui sont très nombreuses. Des peines d'emprisonnement: 307 peines. Et là aussi, l'Inquisition marque dans l'histoire du droit une avancée du point de vue de nos codes d'aujourd'hui. C'est que avant l'Inquisition, la peine d'emprisonnement n'existe pas dans la mentalité. C'est vrai dans le monde antique et dans le monde médiéval. Emprisonner les personnes pour une certaine période n'existait pas. C'est l'Inquisition qui a créé ce système-là. Donc notre système judiciaire doit beaucoup à ces tribu,aux ecclésiastiques. L'emprisonnement était appelé le mur. On va emmurer quelqu'un, contrairement à ce que dit la légende noire, on ne va pas le mettre dans un trou et lui mettre des briques devant lui jusqu'à l'asphyxie. Emmurer quelqu'un c'est l'enfermer dans une cellule. Alors les conditions de détention de l'époque sont très dures. C'était une peine très sévère. Néanmoins il y a deux niveaux d'emprisonnement, deux niveaux de murs. En quelque sorte, le mur le plus sévère c'est le mur étroit où la personne a un régime alimentaire et des conditions de vie très dures. Mais il y a également le mur large où la personne peut recevoir des visites de sa familles, sa famille peut apporter de la nourriture, etc. Et ce qui est surprenant, des autorisations de sortie pour aller à la messe le dimanche, pour les fêtes religieuses. Donc, des conditions de détention plus souples. Et là, cela dépend du niveau de gravité de l'hérésie. Ce système carcéral avant l'heure se met en place avec des principes qu'il y ait des peines à perpétuité, mais la documentation montre que pratiquement une peine sur deux était interrompue. Donc là, il y a une possibilité d'aménagement (de la peine). Ensuite, il y a 156 peines diverses qui vont de l'exhumation (pour un mort jugé hérétique), le pilori, l'exil, etc. Et donc, sur ces 930 sentences, Bernard Gui n'a pratiqué que 42 mises au bûcher, c'est-à-dire 4,5% des condamnés. Moins de 5%. Et ces proprotions se retrouvent sur l'ensemble des tribunaux dont on a une documentation sérieuse.

 

Et il faut replacer tout cela dans le contexte de l'époque. Ce qui montre à quel point les propos tenus par certains journalistes assimilant l'Inquisition à un totalitarisme de type contemporain pèchent complètement par anachronisme.

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