Très beau témoignage public de la conversion au catholicisme de la soeur cadette de Bernard-Henri Lévy, Véronique Lévy qui explique (dans la video à partir de 38:40)
Véronique Lévy a été invitée de Jean-Pierre Elkabbach dans l'émission "Bibliothèque Médicis" sur "Public Sénat" à témoigner de cette conversion. Dans la présentation de la vidéo de l'entretien "Publicsenat.fr", publiée le 13 avril, Jean-Pierre Elkabbach explique :
"J’ai, en effet, décidé de réaliser un entretien avec Véronique Lévy, dont la démarche personnelle de conversion, tenant compte de l’Histoire, me paraissait originale et émouvante. Elle se confiait à partir du livre qu’elle publie « Montre-moi ton visage » (Ed. du Cerf).
[...] je tiens à signaler que des français, laïcs et de confession juive, au nom de l’Histoire tragique du peuple juif, ont été, eux, choqués d’entendre Véronique Lévy leur annoncer : « qu’un chrétien est un juif accompli, là est l’accomplissement absolu »".
Cette conversion au catholicisme d'une personnalité juive n'est pas la seule. On peut également signaler il y a quelques années, la conversion de l'historienne de la Grèce antique, Jacqueline de Romilly.
Il parlait de sa soeur cadette que l'on ne connaissait pas et dont on n'avait jamais entendu parlé, "avec beaucoup d'émotion et la gorge serrée", explique Jean-Pierre Elkabbach:
"C'est une toute petite soeur, beaucoup plus jeune que moi, mais elle est quand même majeure, et elle fait ce qu'elle croit devoir faire. Le seul point qui me concerne, moi je suis juif et très profondément juif, et mon judaïsme est une manière d'être fidèle à une certaine transmission", expliquait Bernard-Henri Lévy sur Bibliothèque Médicis en 2013.
Jean-Pierre Elkabbach coupait alors Bernard-Henri Lévy, pour parler d'"universalité" à propos du judaïsme de la "transmission" de Bernard-Henri Lévy. Ce que ce-dernier a confirmé en disant : "universalité, oui cela va de soi". Or, le "judaïsme de la transmission" de Bernard-Henri Lévy n'est pas universel : il est encore pour une large part racial (il faut être ethniquement juif), ce "judaïsme" se transmet par la mère, et est réservé au "peuple élu" d'Israël et aux seuls circoncis. La vraie universalité du judaïsme a été réalisée lors de la rupture avec les préceptes proprement juifs qui étaient ceux des judéo-chrétiens au Concile de Jérusalem en 49 ap.J.-C., pour adopter une interprétation universelle du judaïsme dans le christianisme (circoncision du coeur) :
"Le judéo-christianisme triomphant en 49, s'effondrera; le christianisme paulinien commencera sa destinée triomphale. Au seuil de cette époque se situe le concile de Jérusalem, qui en marque les données; à son terme la chute de Jérusalem qui tranche les questions." (Jean DANIELOU, L'Église des premiers temps, des origines à la fin du IIIe s., Points Histoire, Tours 1999, p. 37).
"Car c'est nous qui sommes les vrais circoncis, nous qui par l'esprit de Dieu lui rendons un culte, qui mettons notre gloire dans le Christ Jésus et ne nous confions point dans la chair." (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 3, 3.)
C'est la réalisation de l'exhortation de Saint-Paul aux Colossiens (3.11) :
"Dans ce renouvellement il n'y a plus ni Grec ou Juif, ni circoncis ou incirconcis, ni barbare ou Scythe, ni esclave ou homme libre; mais le Christ est tout en tous."
Il y a deux mille ans,
"sous les pas de saint Paul, le terrain était bien souvent miné par les Juifs qui ne lui pardonnaient ni sa conversion ni son action apostolique. Il y avait pire. Des prédicateurs 'judéo-chrétiens', dits prédicateurs judaïsants, firent de même. Demeurés fidèles aux pratiques du judaïsme et les estimant obligatoires pour tous, ... [n]ous avons rencontré ces prédicateurs à Antioche où ils tentèrent de séparer Pierre et Paul. On les retrouvera en Galatie où leur prédication fut sur le point de faire chavirer les Eglises que venait de fonder l'Apôtre des Nations." (Maurice VALLERY-RADOT, L'Eglise des premiers siècles, Collection Tempus, Paris 2006, p. 123).
Les judéo-chrétiens n'étaient pas des européens mais des Juifs de race, convertis au christianisme au Ier siècle, qui voulaient garder les observances juives dont la circoncision "et l'interdiction de manger avec les non-juifs, c'est-à-dire avec les païens convertis" (Jean DANIELOU, ibid., p. 32). Et dès l'origine les Apôtres ont reconnu que la communauté chrétienne était ouverte aux païens (aux "nations"). Ceci posera un problème aux "judéo-chrétiens" qui se "sentaient toujours liées par les observances juives" (Jean DANIELOU, ibid., p. 29-32).
L'emploi du terme d'"universalité" pour décrire son "judaïsme" de la "transmission" par Bernard-Henry Lévy est donc inexact. La vraie universalité du judaïsme a été opérée par le catholicisme dont le nom même, employé pour la première fois par saint Ignace d'Antioche ( † v. 110 ap. J-C.), signifie en grec "universalité" Lettre aux chrétiens de Smyrne (5, 8). Puis, le terme grec, kajolik´ov, catholicos qui avait déjà chez les auteurs grecs (Aristote, Zénon, Polybe) le sens d’universel, de total, de général, sera employé, depuis le début du IIe siècle, presque exclusivement par les auteurs chrétiens.
" , écrit Ignace d'Antioche dans sa
Bernard-Henri Lévy expliquait en 2013 qu'il apprit la conversion de sa soeur "au moment où" il était "en train de courir les musées de France et d'Europe à la recherche de portraits de Véronique - les Véroniques - c'est-à-dire cette jeune juive présente à la sixième station du Calvaire du Christ lui tendant un linge, et l'essuyant, voyant le visage christique s'imprimer sur ce linge."
"Pour moi, explique Bernard-Henri Lévy, cette affaire-là est capitale, parce que c'est le moment où l'image de diabolique (pour les Juifs du Temple et les pharisiens qui ne voulaient pas recevoir le message de Jésus. NDLR.) qu'elle avait tendance à être, devient sainte. C'est le moment de démoniaque qu'on la considérait, elle devient bonne. Et puis j'apprends cette conversion personnelle, qui me tombe dessus un peu comme la foudre."
Verbatim de l'entretien :
"Il (Bernard-Henri Lévy) est venu le soir de mon baptême. Enfin, la nuit de mon baptême à la vigile pascale. Et j'ai supris une émotion, peut-être même une larme au moment où je recevais l'eau baptismale. Et il respecte en tout cas mon choix.
[...] L'amour de Dieu débusque tout ce qui en nous a été perdu, ou qu'on a cru perdu. Donc Il nous demande inlassablement de montrer notre visage. Par certaines blessures, par certaines épreuves, dans des failles, Il vient nous Chercher", explique Véronique Lévy.
"... Je cherchais Son Visage. ... Le Christ est venu me chercher effectivement, déjà toute petite sur une plage, à travers une petite fille qui avait mon âge. Et, en fait, depuis l'enfance, Il était là. Il se rappelait à moi, doucement. Mais je ne suis rentrée dans l'Eglise qu'en 2010. J'ai été baptisée en 2012. Cela a été fait plus tard, suite aussi à un échec amoureux, à une grande blessure, un effondrement.
- "A partir de là, la délivrance est arrivée, progressivement et vous remplacez les boîtes de nuit par la fréquentation des églises. Des prêtres vont vous servir de guides", répond Jean-Pierre Elkabbach.
- "Pourquoi vous n'êtes pas restée juive ? demande Jean-Pierre Elkabbach."
- "Je suis restée juive en devenant catholique. Catholique veut dire d'ailleurs 'universel'. Je suis chrétienne. Un chrétien est un juif accompli."
- "Vous dîtes 'Je suis devenue catholique parce que je suis juive'. Mais est-ce que l'avenir d'un juif c'est de se convertir au Christ. Est-ce que cela ne sonnerait pas comme la fin du peuple de Moïse ?", demande Jean-Pierre Elkabbach.
- "Non, pour moi c'est un accomplissement absolu. Pour moi, un chrétien est un juif accompli. La mission du judaïsme c'est de se dessaisir"
- "Mais il vaut mieux pour les Juifs que leur destinée ne soit pas de se fondre dans des conversions qui les fassent disparaître, pire que d'autres ont essayé de le faire", coupe Jean-Pierre Elkabbach.
Puis Jean-Pierre Elkabbach demande à Véronique si elle ne chercherait pas maintenant à convertir son frère aîné qui se dit "agnostique". Véronique Lévy a répondu :
"Si, un petit peu, je ne peux pas m'en empêcher. Il m'arrive des fois de l'appeler, - je sais qu'il est sur répondeur - pour qu'il entende le chant des moines." Et je prie beaucoup pour lui", termine très émue, Véronique Lévy.
Au-delà de l'ensemble de ce remarquable et magnifique témoignage, je remarque que Véronique Lévy donne un élément de réponse à la secte des Témoins de Jéhovah qui affirme que Jésus n'est pas mort cloué sur une croix mais sur un poteau (et qu'un seul clou aurait donc transpercé les deux mains du Christ) :
Notes
[1] "Le commencement de la sagesse, c'est la crainte de Yahweh; et l'intelligence, c'est la science du Saint." (Proverbes 9, 10.)