Ancien membre du Comité de sûreté générale sous la Révolution et chargé en cette qualité de la police de Paris pendant quelque temps, Jean-Baptiste Harmand rapporte un fait singulier dans ses Anecdotes relatives à la Révolution (le récit fut censuré en 1814, année de la première édition, et figurera dans l’édition de 1820).
Une demoiselle jeune, grande et bien faite, s'était refusée aux recherches de Louis de Saint-Just, surnommé, l’Archange de la Terreur, député de l'Aisne élu à 25 ans en 1792 et soutien indéfectible de Robespierre (il sera guillotiné le même jour que ce dernier, le 28 juillet 1794). Saint-Just la fit conduire à l'échafaud. Après l'exécution, il voulut qu'on lui représentât le cadavre, et que la peau fût levée. Quand ces odieux outrages furent commis, il la fit préparer par un chamoiseur et la porta en culotte.
Je tiens ce fait révoltant de celui même qui a été chargé de tous les préparatifs et qui a satisfait le monstre, poursuit Harmand ; il me l'a raconté, avec des détails accessoires que je ne peux pas répéter, dans mon cabinet au Comité de sûreté générale, en présence de deux autres personnes qui vivent encore.
Il y a plus : c'est que d'après ce fait, d'autres monstres, à l'exemple de Saint-Just, s'occupèrent des moyens d'utiliser la peau des morts, et de la mettre dans le commerce. Ce dernier fait est encore constant. Il ne l'est pas moins que, il y a environ trois ans, on mit aussi dans le commerce de l'huile tirée des cadavres humains : on la vendait pour la lampe des émailleurs.
D’après « Anecdotes relatives à quelques personnes, et à plusieurs événements de la Révolution », édition de 1820.
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