Mis à jour le 15/01/2025
Les informations contenues ci-dessous peuvent compléter l'article "Que répondre à un Témoin de Jéhovah ?"
"Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine." (Ep 2:13-16 - Bible catholique de l'Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones)
D'après les Témoins de Jéhovah, Jésus ne serait pas mort sur une croix mais cloué à un poteau comme le montre la représentation ci-dessus.
Voici ce que vous pouvez lire dans la brochure des témoins de Jéhovah "Ce que Dieu attend de nous" (1996) à la page 23:
"La Croix: Jésus n'est pas mort sur une croix. Il est mort sur un poteau, un pieu. Le mot grec traduit par "croix" dans beaucoup de bibles désigne une seule pièce de bois. Le symbole de la croix vient des fausses religions du passé; les premiers chrétiens ne se servaient pas de la croix et ne l'adoraient pas. pour cette raison, croyez-vous qu'il serait bien de se servir d'une croix pour adorer Dieu? -deutéronome 7:26; 1 cor. 10:14". [1]
La Watch Tower cite Tite-Live, un historien romain
"Dans les écrits de Tite-Live, historien romain du 1er siècle de n. è., crux désigne un simple poteau. Ce n'est que plus tard que le terme a pris le sens de croix." (Appendice TMN -page 1703).
Où sont les références de cette citation ? Bizarrement ils n'en donnent pas ! Tite-Live est mort en l'an 17 de notre ère, donc bien avant la mort de Jésus. Par conséquent, il est impossible qu'il y ait un lien entre cette citation (soit disant de Tite-Live) et la crucifiction du Christ.
qui pouvait déjà faire de 37 à 55 Kg (Dr. Andreas Lambrianides, The Cross of Christ, William Edwards, Wesley Gabel, Floyd Hosmer, On the Physical Death of Jesus Christ, Journal of the American Medical Association, vol. 255, no 11, mars 1986, p. 1455-1463.)
(Cf. Voir un peu plus bas le paragraphe "Découvertes archéologiques")
L'assertion va contre l'enseignement biblique qui parle de la marque "des" clous dans les mains de Jésus et non de la marque "du" clou, comme se plaisent à le montrer les Témoins de Jéhovah (Jean 20, 25.) [Cf. Voir un peu plus loin pour une analyse plus poussée de cet argument]
Les Témoins de Jéhovah croient que le corps de Jésus a disparu et qu'il n'est pas ressuscité corporellement! (Matthieu 27.64; 28.6; Luc 24.36-40). Pour le chrétien, le sépulcre est vide, l'œuvre de la rédemption est terminée, Jésus est ressuscité corporellement. Il s'est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux. Jésus ressuscité a dit: Voyez mes mains et mes pieds; -que c'est moi-même: touchez-moi, et voyez; car un esprit n'a pas de la chair et des os, comme vous voyez que j'ai. (Luc 24:39)
Et, lorsque je [Jean] le vis, je tombai à ses pieds comme mort; et il mit sa droite sur moi, disant: Ne crains point; moi, je suis le premier et le dernier, et le vivant; et j'ai été mort; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles; et je tiens les clefs de la mort et du hadès. (Apocalypse 1:17-18).
Suggérons le livre: La crucifixion de M. Hengel (Lectio divina n° 105, editions du Cerf), ou plus simplement le livre de Christian Piette Lumière sur les Témoins de Jéhovah, p. 157 à 162. Les Témoins de Jéhovah érudits savent qu'ils ont dit des bêtises et on peut même trouver cette déclaration sous leur plume: "Les dessins représentant la mise à mort de Jésus .... ne sont pas destinés à fournir des indications anatomiques péremptoires" (Tour de Garde, Mai 1969 page 304) et pour cause!
Les données scientifiques et médicales [3]
Poids et taille de l'instrument
(Note de Christ-Roi. Les éléments apportés ci-dessous "poids et taille de l'instrument" sont tirés du site " "
encyclopédie libre, collaborative et critique sur les Témoins de Jéhovah"").
Il apparaît qu'il était impossible pour un condamné à mort de porter un poteau de supplice jusqu'au lieu de l'exécution. En effet, le poteau devait être imposant au niveau de ses dimensions et de son poids pour pouvoir soutenir le corps entier. Il est possible de définir approximativement sa longueur comme suit, en imaginant des longueurs les plus petites possibles :
1 m: longueur enfouie en terre pour qu'il tienne au sol et soit capable de soutenir un corps d'environ 80 kg;
10 cm: entre le sol et les pieds du supplicié;
1,80 m: taille du supplicié;
30 cm: longueur des bras étendus;
10 cm: entre les mains du supplicié et l'écriteau;
20 cm: hauteur de l'écriteau comportant une inscription en trois langues qui puisse être lisible par les passants.
Cela fait donc un total de 3,50 m pour la longueur minimum du poteau. À ceci s'ajoute le fait qu'un supplicié devait pouvoir être fixé dessus, autrement dit que le poteau ait une circonférence telle qu'il offre une surface suffisante pour que les clous puissent s'enfoncer et maintenir le supplicié, ce qui indique un diamètre du poteau d'environ 30 cm. Ainsi, on arrive à un volume équivalent à 0,247275 m3 (volume d'un cylindre: hauteur x rayon² x π = 3,50 x 0,15² x 3,14).
Pour calculer la masse du poteau, il faudrait savoir quel bois fut utilisé pour l'exécution, sachant que la masse volumique varie aussi en fonction de l'essence, de la partie du bois utilisée et de la teneur en eau qui peut aller de 0 à 50% suivant les espèces. Il est raisonnable de penser que le bois utilisé pour mettre à mort Jésus était un bois commun en Israël à l'époque, tels que le chêne ou le pin. On arrive donc facilement à une masse de plus de cent kilos pour le poteau de supplice:
Bois |
masse volumique |
masse en kg pour 0,247275 m3 |
cèdre |
490 |
121 |
chêne |
610 - 980 |
150 (min) |
Frêne |
840 |
207 |
Hêtre |
800 |
197 |
Pin |
500 |
123 |
Platane |
650 |
160 |
Sapin |
450 |
111 |
Dès lors se pose la question: comment un condamné à mort aurait-il pu transporter un rondin de bois aussi gigantesque et lourd, affaibli après une flagellation, sur les dizaines de mètres de dénivellement menant au Golgotha, à travers les ruelles étroites de la ville, parmi la foule de personnes qui se rendait à l'exécution ? Même les champions d'haltérophilie, qui arrivent à soulever des poids très lourds, n'y parviennent que pendant quelques secondes et grâce à un entrainement intensif pendant des années; ce n'était bien sûr pas le cas des malheureux condamnés à mort à l'époque du Christ.
De plus, au niveau physique, il est impossible de tirer un poteau posé sur l'épaule, car celui-ci aura tendance, à cause du poids, à repousser en arrière la personne qui le porte, et rapidement il deviendra nécessaire de se retourner et, pour pouvoir déplacer le poteau, abaisser la hauteur de celui-ci afin de réduire au maximum l'angle formé au sol par le poteau, à moins carrément de ramper à terre. Mais cela sera impossible en station debout.
C'est donc là l'aporie devant laquelle la Watch Tower est confrontée: selon sa doctrine, il fallait que le poteau soit suffisamment léger pour avoir été transporté sur une bonne distance par un seul homme adulte déjà affaibli, et en même temps qu'il soit suffisamment lourd et imposant pour pouvoir supporter le poids de cet homme pendu en l'air. Voilà pourquoi les publications jéhovistes ne contiennent généralement pas d'illustrations du portage du poteau: tout simplement parce que cela donnerait une idée de la taille de celui-ci et mettrait à mal leur théorie.
Selon le site "
encyclopédie libre, collaborative et critique sur les Témoins de Jéhovah", dont sont tirés les éléments ci-dessus, " le portage de l'instrument de torture par le condamné ne concernait pas la croix dans son intégralité, car la masse et les dimensions de celle-ci constituaient des facteurs rédhibitoires; seule la barre transversale faisait l'objet du portage, après quoi celle-ci était fixée au pieu se trouvant déjà sur le lieu de l'exécution."
Note de Christ-Roi. Dans le cas d'une barre transversale (patibulum), les bras étant tenus sur la barre transversale, la largeur du poteau nécessiterait d'être moins importante pour soutenir le corps entier, et le poids de l'ensemble pourrait être moins important, mais resterait fort important. Ainsi, selon le récit des Évangiles synoptiques (Luc:23:26; Marc:15:21), Jésus n'a pas été capable de transporter sa croix puisqu'il a fallu réquisitionner Simon de Cyrène. Les éléments ci-dessus, hormis l'argument du poteau tirant le supplicié vers l'arrière, s'il le portait, n'apportent donc pas d'argument décisif.
Temps d'agonie [4]
Deux expériences à caractère scientifique et médicale intitulées "Les cinq plaies du Christ: étude anatomique et expérimentale" et "La Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ selon le chirurgien" ont été dirigées par le docteur chirurgien honoraire de l'Hôpital Saint-Joseph de Paris, Pierre Barbet. Ces expériences démontrèrent que, dans le cas d'un clouage sur un poteau, il était impossible de survivre au-delà de quelques minutes en étant attaché avec les bras à la verticale car l'asphyxie gagnait très rapidement le supplicié. En effet, le poids de corps entier étant soutenu par les bras étirés, cela occasionnait une hyper-expansion des poumons qui n'arrivaient plus à se remplir, d'où une rapide carence en oxygène dans le sang suivie d'une crampe des muscles respiratoires et d'une transpiration intense. Il aurait fallu, pour qu'il puisse reprendre son souffle, que le condamné parvienne à contracter ses poumons en levant les jambes, ce qui était déjà particulièrement difficile dans le cas d'une pendaison par les mains uniquement, mais quasiment impossible dans le cas où les pieds étaient également cloués au poteau. Voilà pourquoi le fait de briser les jambes des condamnés, pratique évoquée en Jean 19:31,32, accélérait la mort: une fois privé d'un appui et étant incapable de se soulever, le condamné finissait de s'asphyxier en quelques minutes.[5]
Frederick T. Zugibe, professeur de pathologie à l'Université de Colombia et médecin légiste dans l'État de New York, a effectué de nombreuses recherches afin d'expliquer les causes de la mort par crucifixion. Bien qu'il ait contredit les arguments de Barbet [6] - selon lui, la mort ne résultait pas de l'asphyxie, mais d'un choc hypovolémique et traumatique -, il démontra 1/ que la personne clouée avec ses bras ouverts dans un angle d'environ 60 à 70° par rapport au tronc pouvait survivre pendant plusieurs heures; [7][8] 2/ qu'il était possible de clouer quelqu'un à une croix par les mains, et pas forcément par les poignets.[9]
Ainsi, que la mort soit due à l'asphyxie, aux conséquences de la flagellation, au clouage, à la déshydratation, à l'épuisement ou à quoi que ce soit d'autre, le fait est que, dans le cas d'une mise à mort telle qu'elle est dépeinte dans les publications jéhovistes, le supplicié ne survivait que quelques minutes, tandis que la mise en croix permettait de prolonger l'agonie de plusieurs heures.
Or, selon le récit biblique, Jésus avait non seulement la force de pouvoir parler à plusieurs reprises alors qu'il ne bénéficiait d'aucune aide divine (Matthieu 27:46; Marc 15:34), mais en plus il décéda après une agonie d'environ trois heures (Luc 23:44-46. Toujours selon la Bible, ce temps parut assez court à Ponce Pilate puisqu'il s'étonna qu'il soit déjà mort (Marc 15:44). Cela signifiait donc que les condamnés qui mourraient dans sa position avaient l'habitude de résister plus de trois heures, ce qui aurait été impossible dans le cas d'un clouage tel que défini par la Watch Tower.
Un article scientifique sur la mort de Jésus, publié en 1986 dans l'une des revues scientifiques les plus prestigieuses du monde : JAMA, The Journal of the American Medical Association et intitulé "Sur la mort physique de Jésus-Christ" explique que la mort par crucifixion était terriblement cruelle. La crucifixion a été un processus qui a produit une douleur intense et a entraîné une mort lente et étouffante.
Lorsque l'évangile de Jean raconte qu'après la mort de Jésus, un soldat l'a percé avec une lance et que "sang et eau sont sortis", l'explication des scientifiques est que l'eau représentait probablement du liquide pleural et du péricarde séreux et était précédée par le flux sanguin et aurait moins de volume que le sang.
Respirer était extrêmement douloureux. À chaque respiration, Jésus devait lever son dos en chair vive, la traînant sur le bois et posant tout son poids sur ses pieds, qui étaient cloués. Ce fait augmente la perte de sang et provoque une douleur terrible. Les causes de décès par crucifixion pouvaient être nombreuses, mais les deux plus courantes étaient le choc hypovolémique et l'étouffement par épuisement.
Autres éléments de réflexion
Si chaque supplicié devait transporter son poteau sur le lieu de l'exécution, alors il faudrait en déduire qu'un nombre impressionnant d'arbres était utilisé lors de chaque mise à mort collective. Les Romains se seraient-ils à ce point compliqué la tâche en abattant un arbre pour chaque condamné à mort, alors qu'ils procédaient parfois à des mises à mort de plus de 2000 personnes ? Par ailleurs, que devenaient les poteaux après l'exécution: étaient-ils enlevés de terre et redescendus du Golgotha pour les réutiliser suivant le même protocole lors d'une prochaine exécution, ou attendait-on qu'ils se désintègrent naturellement sur le lieu où ils étaient plantés? Là encore, ces hypothèses contreviennent au bon sens: il est plus raisonnable de penser que des poteaux verticaux (appelés stipes) - toujours les mêmes - attendaient les suppliciés sur le lieu de l'exécution et que ces derniers ne portaient que la barre transversale (patibulum) beaucoup plus légère, barre qui était ensuite fixée au pieu droit, ce qui formait une croix. Après quoi on ne détachait que cette barre transversale, et les mêmes poteaux déjà en terre étaient ensuite réutilisés.
Il n'y a jamais eu de débat lors des premiers siècles de notre ère quant à savoir sur quel instrument le Christ était mort. Si les auteurs anciens ne s'accordaient sur la forme précise de la croix, il n'empêche qu'aucun d'eux n'optait pour le poteau comme le font les Témoins de Jéhovah aujourd'hui.
Lorsque Jésus annonce sa passion et sa résurrection il parle de croix et non de poteau : "Alors Jésus dit à ses disciples : 'Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu'il me suive." (Mt, 16 ,24.).
Dans l'annonce des persécutions pour les missionnaires, Jésus parle de croix : "Qui ne se charge pas de sa croix et ne me suit pas n'est pas digne de moi" (Mt, 10, 37.) Il ne dit pas "qui ne se charge pas de son poteau".
En 312 lors de la bataille du Pont Milvius, les armées gauloises et chrétiennes de Constantin l'emportèrent sur les armées païennes de Maxence après que Constantin ait vu le chrisme dans le ciel [monogramme du Christ : un X traversé d’un P, (chi) et Ρ (rhô), la première apposée sur la seconde. Les deux premières lettres du mot Χριστός (Christ)], avec ce message : "Par ce signe tu vaincras". Ce signe fut frappé ensuite sur tous les boucliers des soldats romains (labarum).
Labarum de Constantin I, surmonté du chrisme remplaçant l'aigle de Jupiter. Le Chrisme forme une croix, pas un poteau.
Des symboles francs-maçons dans les publications des Témoins de Jéhovah
Que fait donc ce symbole bizarre (croix penchée insérée dans une couronne) sur la couverture de ce volume ancien de la Tour de Garde (magazine des témoins de Jéhovah) :
De 1891 à 1931, Le symbole maçonnique des chevaliers templiers figura sur la couverture de la Tour de Garde.
Cliquez ici pour voir ce même symbole de l'ordre des Chevaliers Templiers (la croix dans la couronne), tout au sommet (en haut à gauche) sur l'échelle des différents degrés d'une loge franc-maçonne..
Hasard? Coïncidence? ou signification occulte?
Si les Témoins de Jéhovah dénoncent dans leurs publications l'occultisme et la franc-maçonnerie, certains faits concernant Charles Taze Russell - le fondateur des Témoins de Jéhovah - sont troublants :
Des réunions dans des temples maçonniques
Lancer une nouvelle religion demande de la logistique. Il est étonnant de constater que la plupart des réunions des premiers Témoins de Jéhovah se tenaient dans des temples franc-maçons ou sociétés secrètes apparentées. Voici quelques exemples tirés de leurs propres publications:
8 mars 1903 Fort Wayne
Une réunion pour les amis intéressés se tiendra au Hall des "Maccabées"*, 917 Calhoun St. à 10h. Les réunions de l'après midi ... se tiendront au Temple Maçonnique, cor. Wayne and Clinton Sts.
(Speakers Itinaries, Watchtower Bible & Tract Society 1901-1916, page 96)
1903 Convention générale à Atlanta
Toutes les autres réunions se tiendront au Hall des "Knights of Pythias"*, cor. Pryor and Unter Sts.
(Speakers Itinaries, Watchtower Bible & Tract Society 1901-1916, page 96)
1904, Convention de Washington
La convention de Washington se tiendra au Hall des "Odd Fellows"*.
(Speakers Itinaries, Watchtower Bible & Tract Society 1901-1916, page 240)
9 février 1908, Paterson
La session du matin se tiendra au Hall maçonnique.
(Speakers Itinaries, Watchtower Bible & Tract Society 1901-1916, page 383)
Source: http://www.info-sectes.org/tj/russel.htm
Le Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome 1, Paris 1890, p. 51.]
"ni plus ni moins, le commerce avec les démons" (Mgr Gaume,
[18]
Un ou deux clous ?
Dans un ouvrage édité par les bons soins de l’organisation des Témoins de Jéhovah, nous découvrons la gravure suivante :
Cette illustration représente le Christ pendu avec un seul clou unique traversant les deux mains. Or la Bible contredit cette présentation mensongère :
"Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit (Thomas) : Si je ne vois pas dans ses mains la marque DES CLOUS". (Jean 20 :25). "Clou" est au pluriel dans l'original grec. [19] Il apparaît que ce mot conformément au mot "elon" (ἥλων) dans le texte grec d'origine est au pluriel (ἥλων : noun pl masc gen). [20]
On remarque directement que Thomas demande à voir la marque des clous (au pluriel) et ce, uniquement dans les mains du Seigneur : aucune mention n’est faite des pieds dans sa demande (pour suivre la thèse des Témoins de Jéhovah, Thomas aurait dû dire
" ou "si je ne vois pas dans ses mains ET DANS SES PIEDS la marque des clous". C'est l'un ou l'autre, or Thomas a dit uniquement "si je ne vois pas dans ses mains la marque DES CLOUS); pas plus que dans la réponse très précise de Jésus, il n'est fait mention des pieds : "Voici mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté (Jean, 20, 27.)
Que va répondre l’organisation à cet argument ?
« Quelques-uns ont déduit de ce passage que deux clous ont été employés à cette fin, et qu’on lui a planté un dans chaque main. Toutefois, en parlant des clous au pluriel, Thomas faisait-il une description précise du supplice de Christ ? Voulait-il nécessairement dire qu’on lui avait cloué séparément les deux mains ? En Luc 24:39, Jésus, ressuscité, déclare : Voyez mes mains et mes pieds, c’est moi en personne ! Cela donne à penser que ses pieds avaient été également percés de clous. Puisque Thomas n’a pas mentionné les marques des pieds, il a peut-être utilisé le pluriel d’une manière générale, en PENSANT à tous les clous dont on s’était servi pour mettre Jésus au poteau ». (La Tour de Garde, 1er juillet 1984, page 31).
L’organisation des Témoins de Jéhovah a bien du mal avec Thomas. Pour elle, il est imprécis et on ne peut pas se baser sur lui pour déterminer la position du crucifié. Non seulement les Témoins de Jéhovah mettent en doute l’affirmation de foi concernant la pleine Divinité de Jésus (Jean 20,28 "Mon Seigneur et mon Dieu"), mais elle l’accuse d’imprécision aussi au niveau des clous. Nous croyons tout au contraire que l’apôtre Thomas est très clair et très précis sur ces deux points et que les Témoins de Jéhovah falsifient les Ecritures. En plus, dans sa fausse vision des choses avec Thomas, elle met en doute la pleine inspiration des Ecritures. Remarquons également au passage dans la citation de la Tour de Garde que vous avons citée cette reconnaissance de leur pauvre argument :
"Puisque Thomas n’a pas mentionné les marques des pieds, IL A PEUT-ÊTRE utilisé le pluriel d’une manière générale…"
Dans son ouvrage "La vérité sur les Manuscrits de la Mer morte" (dont les conclusions à propos de l'identité entre esséniens et premiers chrétiens rejoignent celles d'EISENMAN et de WISE dans "Les Manuscrits de la Mer morte révélés", 1995), Étienne COUVERT évoque le sujet de l'"ascia", hachette stylisée "au cours du IIe siècle après Jésus-Christ" à "'usage des stèle funéraires en grande abondance à Lyon, et ailleurs en Gaule, à Rome.
"À propos de ce symbole chrétien, M. Carcopino cite deux textes : Saint Luc dans son Évangile, cite ces propos de Saint Jean Baptiste, apostrophant avec vigueur les Juifs qui le suivaient : 'Voici que la hache est placée à la racine des arbres.' (Mt 3,10) Ainsi donc celui qui doit venir va couper l'arbre qui ne porte pas de bons fruits. Vous, Juifs, vous croyiez que vous étiez sauvés par la filiation d'Abraham. Dorénavant, il faudra faire pénitence, recevoir le baptême. Vous ne pourrez plus vous prévaloir de votre naissance. Cette hache, c'est Jésus, le Messie qui doit venir. [...] Saint Irénée dans son 'Adversus haereses' explique en citant le texte de Saint Luc que le Verbe de Dieu ressemble à l'ascia, que l'ascia ressemble plus à la croix que la charrue, et que du reste, telle la charrue, l'ascia montrait le fer uni au bois du verbe, en sorte que, semblable à elle, le Verbe de Dieu 'a émondé la terre broussailleuse.'
/image%2F1400167%2F20230423%2Fob_768932_ascia-hachette-gallo-romaine-du-iie.jpg)
"L'ascia est attestée comme symbole du Christ. [...] Les tombes à ascia [...] se sont multipliées dans la région lyonnaise en pleine période de persécutions. On en trouve à Rome sur des tombes juives ou judéochrétiennes. On n'en trouve pas en Asie mineure, ni en Orient; mais seulement en Occident où les défunts portent des noms en général orientaux, grecs ou sémites. [...] Le symbole de la Hache [...] existait également en Palestine, où il représentait bien le Christ [...] (d'après le livre de Bellarmino Bagatti sur l'Eglise de la Circoncision) C'est donc un symbole du Christ, auquel sont restées attachées des communautés chrétiennes d'Orient transplantées, au hasard des circonstances, en Occident. [...] L'ascia a été trouvé en plusieurs exemplaires dans la plus ancienne catacombe chrétienne, celle de Saint-Sébastien où l'on pense que furent inhumés au moins provisoirement les corps de Saint Pierre et Saint Paul. On atrouvé dans cette catacombe une hypogée des Innocentii dans laquelle plusieurs tombes judéo-chrétiennes portent le signe de l'ascia.
"[...] Le symbolisme de la hache dont son origine au Miracle de la hache, [...] au livre des Rois [...] lorsqu'Élie fut enlevé au Ciel et qu'il eut rejeté son manteau sur Élisée, les fils des prophètes demandèrent à ce dernier de faire construire un bâtiment à l'emplacement même de son enlèvement. Ils partirent avec des haches pour couper du bois sur les bords du Jourdain; L'un d'eux laissa échapper sa hache qui fut emportée par le courant. Élisée lança son bâton qui, à la façon d'un aimant, ramena l'outil sur le rivage. Ainsi, un disciple a perdu l'instrument de son salut et il lui fut rendu par le bois de la Croix, ici le bâton du prophète. [...] Cette scène a été reproduite sur un panneau de la porte en bois de Sainte-Sabine à Rome. L'un des jeunes gens qui a perdu sa hache, se jette à terre épouvanté, en se voilant la face, près d'Élie enlevé sur son char de feu. Ainsi, le symbole de la hache était chrétien et permettait d'associer la mémoire d'Élie à celle de Saint Jean-Baptiste.
"Enfin, il est dit dans le 'document de Damas' trouvé au Caire, d''imprimer une marque sur le front de ceux qui soupirent et gémissent'. Ce passage est tiré d'Ézéchiel où l'on précise que cette marque à la forme du tau grec. Or, sur les tombes à ascia, l'on imprimait au frontispice cette marque : l'ascia ayant la forme d'un tau minuscule." (Étienne COUVERT, La Vérité sur les Manuscrits de la Mer morte, 2e éd., Ed. de Chiré, Poitiers 2003, p. 32-38)
La plus ancienne représentation du Christ connue est probablement ce graphiti injurieux, vers 150 ( https://oratoiredulouvre.fr/documents/paleochretien.php )
Avant cette date de 313, les représentations artistiques ne sont pas libres. Les peintures, gravures, statues des catacombes sont à cette époque symboliques et étaient souvent utilisés les symboles de la nouvelle foi : le poisson, l'olivier, le pain, les rameaux, la vigne, la colombe (avec un rameau d'olivier dans son bec, elle symbolise l'âme dans la paix divine) et le bateau. Le "Bon Pasteur" représenté avec une brebis sur les épaules symbolise le Christ sauveur et l'animal qu'il a sauvé et on le retrouve fréquemment dans les fresques ou les bas-reliefs.
Après 313, les Chrétiens peuvent enfin s'exprimer librement ; l'iconographie change et des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament seront représentées.
"Alexamenos adore son dieu", fac-similé d'un graffiti du Palatin, première représentation connue de « croix chrétienne », IIe ou IIIe siècle (Martin Wallraff, « La Croix chrétienne dans la propagande impériale du IVe siècle », in La croix : représentations théologiques et symboliques , éd. Labor et Fides, 2004, p. 67 ; certains auteurs donnent également le IIe siècle, par exemple Everett Ferguson, Backgrounds of Early Christianity, éd. Wm. B. Eerdmans Publishing, 2003, p. 596.) ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Patibulum#/media/File:AlexGraffito.svg )
Graffiti d'Alexamenos. Sur cette image, on voit une figure de forme humaine crucifiée et affublée d'une tête d'âne, envers laquelle un autre personnage fait un geste qui peut ressembler à un salut ou à une prière, interprétation qui correspond à l'inscription Αλεξαμενος ϲεβετε θεον qui, dans un grec approximatif (ϲεβετε devrait en fait être compris comme ϲεβεται - adore), signifie sans doute Alexamenos adore son dieu ou Alexamenos adore dieu. ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Graffiti_d%27Alexamenos )
Le graffiti d'Alexamenos a été découvert en 1856-1857, parmi de nombreux autres, lors de la mise au jour des vestiges de la domus Gelotiana, bâtiment liée au complexe palatial. Michael Gough, dans La Grèce et Rome (éd. Imprimerie des arts et manufactures, 1974, direction Marcel Brion, p. 364), suppose que Alexamenos était sans doute un esclave, que ses compagnons raillaient parce qu'il était chrétien. Daniel-Rops explique qu'Alexamenos fut un "page impérial" caricaturé par ses camarades. Le jeune chrétien d'alors n'avait guère à attendre que l'ironie et l'outrage. (DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome II Les Apôtres et les Martyrs, Librairie Arthème Fayard, Paris 1965, p. 175)
Ce graffite est conservé au musée Kircher. C'est un témoin des railleries dont les chrétiens étaient l'objet dans "la maison de César." La chambre où il a été découvert fut probablement le pædagogium, ou appartement des pages : elle paraît appartenir à la fin du IIe siècle ou au commencement du IIIe. Spartien raconte que Caracalla, enfant, vit battre un de ses jeunes compagnons parce qu'il était chrétien.
Découverte d'une croix dans une maison d'Herculanum, la cité détruite par l'éruption du Vésuve en 79. Cf. https://www.guidesvoyages.be/herculanum/bi.htm
Dans la "Maison du Bicentenaire" à Herculanum, cité romaine qui fut détruite par l'éruption du Vésuve en l'an 79 apr. J.-C., une croix a été découverte en 1938 par les archéologues, qui donne sur le decumanus maximus, prestigieux immeuble d'un bloc d'habitations ayant des sols à mosaïques, des cloisons fastueusement décorés avec peintures, l'atrium avec toit à compluvium et un jardin avec portique. Dans l'un des côtés d'un somptueux tablinum décoré avec des peintures à sujet mythologique, on remarque une singulière grille en bois avec ouverture à soufflet. Dans l'une des modestes pièces du premier étage, on trouve un réduit, probablement le logement d’un esclave, où une croix a été gravée dans le plâtre d'une paroi. Selon l'interprétation la plus répandue, il s'agirait de l'un des témoignages les plus anciens de la religion chrétienne.
Sources :
http://www.guide-campania.it/herculanum/maison-du-bicentenaire.php
https://www.guidesvoyages.be/herculanum/bi.htm
À Pompéi, d’autres symboles chrétiens ont été relevés, dont dans la Maison dite de Pansa :
• une croix gravée en relief sur un mur (découverte en 1813-1814)
https://www.eecho.fr/pompei-herculanum-vestiges-chretiens-avant-79/
On peut encore citer, comme exemples de croix, les pains représentant l'Eucharistie, et en particulier celui gravé sur une curieuse pierre tombale : l'usage des anciens était de dessiner sur les pains plusieurs lignes, qui souvent se coupaient en croix : les chrétiens, en reproduisant de tels dessins sur leurs pains eucharistiques, se plaisaient à voir la croix dans cette combinaison de lignes, mais, en réalité, la déguisaient, ici encore, sous l'apparence d'un objet usuel. La croix grecque ou latine ne fut ouvertement représentée sur les monuments chrétiens qu'à partir du Ve siècle.
Source : Rome souterraine, résumé des découvertes de M. de Rossi dans les catacombes romaines et en particulier dans le cimetière de Calliste, Par Rossi, Giovanni Battista de; Allard, Paul; Brownlow, W.-R. (William-R.); Northcote, J. Spencer (James Spencer), Librairie Académique Didier et Cie, Libraires éditeurs, Paris 1874. Lecture disponible en extrait sur http://messe.forumactif.org/t6421p30-lart-chretien-et-les-catacombes et en entier sur https://archive.org/details/a606743700rossuoft
Une des formes cachées de la croix, reproduite sur quelques monuments du christianisme primitif, était le tau grec, T (fig. 28). Cette lettre offrait la forme véritable du gibet, de la potence à laquelle on crucifiait les condamnés. "Le tau des Grecs, dit Tertullien, le T des Latins, sont une figure de la croix."
Le T paraissait même probablement représenter trop fidèlement et, si l'on peut ainsi dire, trop crûment la croix : car on le trouve gravé, comme symbole isolé, sur deux épitaphes seulement du cimetière de Calliste.
Ce fragment de linceul funéraire est visible au Musée du Louvre, avec cette légende : "Portrait dit d'Ammonios, IIIe siècle après J.-C."
Les communautés de judéo-chrétiens elles-mêmes (judaïsants non catholiques, communautés qui disparaîtront au IIIe siècle et se mêleront aux hérésies gnostiques) retrouvées « en Gaulanitide (plateau du Golan), de la fin du IIe siècle au début du Ve », suite à des recherches archéologiques, dans les localités de Farj et d’Er-Ramthaniyye au Golan par l'"Expédition Byzantine" (1978-1988) possédaient des linteaux de portes et de fenêtres ainsi que des pierres équarries gravés de « signes » judéo-chrétiens dans ces antiques bourgades juives, dont des « croix » et non des poteaux :
Extrait de l'article du Monde de la Bible :
« La pente septentrionale du promontoire volcanique sur la rive occidentale du wadi offre une forte concentration de fragments architecturaux de basalte gravés de symboles juifs et chrétiens juxtaposés sur les mêmes pierres, et parfois même superposés, décelés à la lumière rasante. Contrôlés au toucher et à l’estampage, ainsi que sous différents éclairages par chaque membre de l’Expédition Byzantine au Golan ..., ils ne sont donc pas le fruit d’une imagination débridée ou préconçue. Le répertoire iconographique comprend un « signe » purement juif : la menorah ; deux signes uniquement chrétiens : la croix et l’ancre ; des signes appartenant aux deux religions : la palme (lulab), le poisson, le navire, la grappe de raisin et la coupe ; enfin, des signes particuliers au judéo-christianisme analysés dans l’ouvrage fondamental du Père E. Testa, ofm, Il Simbolismo dei Giudeo-cristiani (1962), le waw – sixième lettre de l’alphabet hébraïque censée représenter le Christ -, la croix des vents, la croix-mat de navire, la hache et la charrue. Aucune inégalité dans la profondeur de la gravure ne permet de supposer le remplacement d’un « signe » d’une religion par celui d’une autre. Tous les « signes » gravés sur une même pierre sont contemporains entre eux. Quelques-uns de ces « signes » fournissent des repères chronologiques. Les menorot évasées sur un trépied triangulaire parfois flanquées d’un lulab sont caractéristiques de la fin du IIe siècle au milieu du IVe siècle ap. J.-C. ... L’ancre cruciforme fut employée à Rome comme symbole de l’espoir mis dans le Christ dès le milieu du IIe siècle ap. J.-C. Elle en disparut au début du IVe siècle. Un faisceau d’indices situe donc les fragments gravés de « signes » judéo-chrétiens à Farj entre la fin du IIe siècle et le début du Ve siècle. Recensant 80 hérésies en 376 dans son Panarion, Épiphane, natif d’Eleutheropolis en Palestine Seconde et évêque de Salamine de Chypre, localisait des Nazaréens et des Ébionites en Décapole autour de Pella et en Basanitide dans la région de Kokba au sud-ouest de Damas (Adv. Haeres. I.2 – Haeres. XXIX, 7-8 ; PG 41, cols 401-404 ; XXX, 2, PG 41, col. 408). Or, Farj se trouve précisément sur le bord occidental du Bashan, en Gaulanitide, où les « migrants de Pella » avaient essaimé, se trouvant alors en contact avec des dissidents du judaïsme canonique de Jérusalem – esséniens, baptistes, ... – qui avaient fait de la Pérée outre-Jourdain leur terre d’élection. Moins d’un demi-siècle après Épiphane, St Jérôme mentionnait les Nazaréens et les Ébionites dans sa Lettre 112 adressée en 404 à St Augustin, comme étant ses contemporains. Décrivant les pratiques des Ébionites « esséniens », Épiphane avait précisé : « Ils appellent synagogue, et non pas église, leur lieu de réunion » (Adv. Haeres. I. 2 – Haeres. XXX, 18 : 2 : PG 41, col. 436). La concentration de « signes » gravés judéo-chrétiens en Q.III, 21-22 à Farj, la position encore d’origine du linteau de porte de la face extérieure du mur nord de Q.III, 21, un linteau monumental gravé de croix et de lulabim remployé dans le plafond de la salle 21, ainsi que la stratigraphie architecturale de ces deux salles permettent de suggérer que le bâtiment comprenant les salles 21 et 22 renferme des vestiges de synagogue judéo-chrétienne. … À 7,5 km à vol d’oiseau au nord/nord-ouest de Farj, le mamelon volcanique sur lequel s’élève le village circassien d’Er-Ramthaniyye, désert depuis la Guerre des Six Jours (1967) et désormais dans une zone de manœuvres de l’armée israélienne, domine les gras pâturages du Golan oriental. Se serrant au sommet, sur les pentes et au pied du monticule, les maisons établies sur les ruines d’une localité antique, en incorporent les vestiges. L’examen minutieux de tous les bâtiments nous a permis de déceler majoritairement dans la zone sud-ouest de la localité (là où était également situé le village juif aux Ier-IIe siècles), juxtaposés sur un linteau de porte de basalte des symboles juifs (menorah, lulab) et chrétiens (poissons, croix), et sur des pierres équarries trois variations de la « croix des vents » ou « croix cosmique » , ainsi qu’une croix-taw hébraïque – chi grec dite crux decussata surmontant une croix à sérifs ou deux cornes évasées et concaves, qui est aussi peut-être une croix ancrée. Une menorah à sept branches stylisée à l’extrême et amalgamée à une coupe, ainsi qu’une croix chrétienne, étaient superposés sur un linteau. Enfin, sur deux linteaux étaient associées la croix avec deux palmes la flanquant de part et d’autre, ces dernières évoquant une combinaison conceptuelle de la menorah, du lulab et de l’Arbre de Vie. Comparés aux linteaux portant la marque incontestable du judaïsme normatif et de l’Église de la Gentilité également répertoriés à Er-Ramthaniyye, les huit fragments lapidaires aux « signes » disparates entremêlant judaïsme, gnose et christianisme affichent un répertoire iconographique hétérogène d’où se dégagent les thèmes de la Vie, par la végétation (lulab et Arbre de Vie), de l’eau dans laquelle nageaient les poissons, et de la Lumière divine resplendissant à travers les sept flammèches de la menorah. La forte coloration eschatologique et messianique de la comunauté qui, à Er-Ramthaniyye, affichait entre la fin du Ier siècle ap. J.-C. et le début du IVe siècle, ses croyances syncrétistes sur ses linteaux de portes, révélerait son appartenance au mouvement « ébionite essénien ». Le caractère judaïque très marqué des Ébionites esséniens et surtout leur rejet de la divinité de Jésus, leur auraient permis de s’intégrer à la population juive du village d’Er-Ramthaniyye beaucoup mieux que n’auraient pu le faire les Nazaréens.
... L’importance des pierres gravées judéo-chrétiennes de Farj et de Er-Ramthaniyye réside en leur apport des preuves archéologiques indéniables de l‘existence des Judéo-Chrétiens. »
(Fin de citation. Source : Où se trouvaient les judéo-chrétiens ?, Le Monde de la Bible, Claudine DAUPHIN, Chercheur du CNRS à l’UMR 8167, « Orient et Méditerranée – Monde byzantin », Paris)
Plus récemment, des croix gravées "
ont été trouvées en 2014 au cœur du désert saoudien, en Arabie Saoudite [D]es inscriptions du Ve siècle ornées de nombreuses croix ont été découvertes et attestent une présence chrétienne en Arabie du Sud dans la région du désert de Jabal Kawkab. Cette découverte a été présentée par Frédéric Imbert, spécialiste d’épigraphie arabe et islamique, professeur à l’université d’Aix et membre de la mission franco-saoudienne de prospection dans l’émirat de Najrân, au cours d’une conférence à l’Université américaine de Beyrouth et rapportée dans un article de l’Orient-Le jour. Les croix ont été découvertes en janvier 2014 sur la Montagne de l’Astre (Jabal Kawkab). Les parois rocheuses sont recouvertes sur plusieurs kilomètres de gravures de toutes les époques, depuis la préhistoire jusqu’à l’ère islamique. Des milliers de représentations humaines et animales, des versets, des croix, des vers de poésie et des textes en arabe, en sudarabique, en thamoudéen ou en nabatéen ont été mis à jour. Frédéric Imbert a déjà évoqué ce lieu comme étant le « plus vieux livre des Arabes, un livre écrit sur les pierres du désert par des hommes qui vécurent à l’époque où une certaine forme de monothéisme se met en place dans la douleur et l’opposition, les massacres et les guerres ». Les croix ne sont visibles que sur une petite partie du mur. Les écritures qui y ont été repérées sont difficiles à identifier. Ce sont en effet surtout des noms qui ont été déchiffrés, peu de phrases construites ou de textes qui racontent un événement, ce qui limite la capacité des chercheurs à établir exactement l’origine de ses inscriptions, et des alphabets utilisés. Il pourrait cependant s’agir « d’araméen tardif » ou de « nabatéo-arabe », selon les premières suppositions. Le site est situé sur une ancienne voie qui reliait le Yémen à Najran pour éviter le désert. Il était vraisemblablement une « halte majeure pour l’approvisionnement en eau ». C’est à proximité d’un puits que F. Imbert a retrouvé les gravures chrétiennes. « Elles ne sont pas les seules croix connues en Arabie du Sud et de l’Est, mais il s’agit sans doute des plus vieilles croix chrétiennes en contexte daté de 470 de notre ère », souligne le spécialiste. D’après F. Imbert, le christianisme s’est répandu en Arabie dès le IVe siècle, mais c’est au VIe qu’il prend tout son essor grâce en grande partie à l’activité missionnaire de chrétiens monophysites (qui ne croient qu’en la nature divine de Jésus) de Perse (Irak actuelle) et de Syrie qui ont en commun de rejeter le concile de Chalcédoine de 451. C’est alors la dynastie himyarite qui est au pouvoir à partir de la fin du IIIe siècle. Elle a fait le choix du judaïsme après avoir affirmé sa neutralité entre les empires byzantin et perse. C’est l’un des monarques de cette dynastie qui ordonne le massacre de chrétiens, attesté dans plusieurs écrits dont le Coran, dans la sourate des Constellations (al-Burug). Un petit nombre de chrétiens doit son salut à l’expédition du roi d’Ethiopie qui renverse le monarque et le remplace par un roi chrétien, en faisant de l’Arabie du Sud un protectorat éthiopien qui sera maintenu jusqu’à la conquête de l’Islam. D’autres découvertes dans le désert saoudien sauront peut-être approfondir encore la connaissance sur la présence chrétienne dans cette région qui n’en a plus vu depuis bien longtemps. (Source : Patriarcat latin de Jérusalem)

S'agissant des judéo-chrétiens à Jérusalem, on sait qu'ils se montrèrent épouvantés en apprenant que Pierre baptisa un centurion romain, ce qui ne relevait pas de la lettre des préceptes légaux juifs pour lesquels celui-ci était "impur" : c'était une souillure que de s'asseoir à sa table. Et cependant, ce que Dieu attendait de Pierre, c'est qu'il l'accueille dans l'Eglise, le baptise, en fasse un chrétien. Si l'apôtre hésita, tant la décision à prendre l'inquiétait, Pierre baptisa Corneille, dépassant les observances juives, transcendant donc d'un seul coup "la Loi". Les judéo-chrétiens assaillirent Pierre de questions et de vifs reproches : "tu est entré chez des incirconcis, tu as mangé avec eux !".
St Ignace d'Antioche, disciple de saint Jean l'Evangéliste, mettra en garde les vrais fidèles contre les zélateurs des observances juives : "Apprenons à vivre selon le christianisme. Car celui qui s'appelle d'un autre nom en dehors de celui-ci, n'est pas à Dieu ! Rejetez donc le mauvais levain, vieilli et aigri ! " (St Ignace d'Antioche, Lettre aux Magnésiens 10:1,2)
Isolées, repliées sur elles-mêmes, ces communautés judéo-chrétiennes se laisseront contaminées et boiront aux sources maléfiques dès l'époque de Siméon, et bientôt ce sera par l'histoire des hérésies qu'on rejoindra les flaques de ce qui avait été un si "pur" courant. Il y aura parmi elles, les ébionites (la communauté dont l'
a retrouvé des croix et non des poteaux). Ils étaient des puritains farouches qui nieront la divinité du Christ, sa naissance virginale, et surtout affirmeront que Jésus n'a été justifié que parce qu'il a strictement appliqué la Thora.Il y a aura des mandéens, peut-être rameau détaché des sectes esséniennes, dont d'aucuns ont prétendu voir les descendants de Jean-Baptiste.
Il y aura des helchassaïtes ou Alexéites, disciples d'un Helchassaï ou Alexis, qui sous Trajan, prétendra avoir reçu d'un ange haut de cent kilomètres, la révélation d'une doctrine où observances juives, dogmes chrétiens et pratiques magiques se lient en un absurde fouillis. Toutes ces divagations n'auront aucune influence ni sur la vraie tradition, la tradition juive ni, a fortiori sur la tradition apostolique. (DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome II Les Apôtres et les Martyrs, Librairie Arthème Fayard, Paris 1965, p. 41, 51, 52.)
Note à propos des ébionites. En 1874, le professeur Adolf von Harnack, dans sa thèse de Licence, déclarait que le mahométisme n'était qu'une lointaine dérivation de la Gnose judéo-chrétienne et non une religion nouvelle. [...] L'auteur du Coran est un religieux, moine judéo-chrétien appartenant à une communauté dérivée des anciens ébionites, dont S. Irénée, Martyr, nous disaient qu'ils niaient la divinité de Jésus et restaient très attachés à la pratique du Mosaïsme, reprochant aux Chrétiens leur abandon de la Loi de Moïse. (Etienne COUVERT, La Gnose universelle, De la Gnose à l'Oecuménisme, tome 3, Editions de Chiré, Chiré-en-Montreuil 1993, p. 57)
Sarcophage de la Passion Rome fin IVe s - Croix surmontée d'un Labarum ( http://artbiblique.hautetfort.com/archive/2015/02/index.html )
La croix est victorieuse : couronne, elle est devant le tombeau vide, c’est le signe de la résurrection. La croix prend sa signification de "Salus Mundi" (Salut du monde)
Les premiers chrétiens faisaient le signe de la croix
"On se marque souvent avec peu de respect du signe de la croix, sans songer que c'est le signe des humiliations que Jésus-Christ a endurées pour nous. Dès votre réveil, faites le signe de la croix, et souvenez-vous qu'il vous indique tout d'abord que la journée qui commence doit être un pas courageux à la suite de Jésus-Christ. Au commencement des actions de quelque importance, faites le signe de la croix. Nous ne saurions trop nous rappeler qu'il faut les imprimer de l'esprit chrétien. Marquez-vous de ce signe auguste dans les moments où votre cœur est attristé... quand vous avez quelque souffrance physique ou morale ou à essuyer quelque assaut de la tentation. Ce signe sacré est l'effroi du démon, tandis qu'il rapproche de vous votre ange gardien." (Source: Avis spirituels pour servir à la sanctification des âmes (LXXIV), Seconde édition, Nancy, 1863.)
Le signe de croix lui-même était rapidement esquissé sur le front, les lèvres et la poitrine. Ce fut ainsi que les premiers chrétiens tracèrent d'abord le signe de la croix. Plusieurs textes font allusion à cette triple marque sur le front, les lèvres et la poitrine, les trois parties supérieures de l'homme - intelligence, amour, force - se trouvant ainsi placées sous la protection de la croix.
Saint Justin, martyr en 165, nous apprend comment il faisait le signe de la croix : dextra manu in nomine Christe quos crucis signo obsignandi sunt obsignamus. (Quæst, 118.)
"Nous faisons le signe de la croix de la main droite sur les catéchumènes, parce que la main droite est censée plus noble que la gauche, bien qu'elle n'en diffère que par sa position, et non par nature; ainsi, nous prions vers l'Orient, comme étant la partie la plus noble de la création. De qui l'Eglise a-t-elle reçu cette manière de prier ? De ceux-là même qui lui ont appris à prier : les Apôtres." (Quæst, 18.)
Tertullien, né à Carthage entre 150 et 160 ( † et mort en 220) écrit début IIIe siècle dans "De la couronne du soldat" (écrit vers 211-212) :
"À chaque moment et à chaque pas, en entrant et en sortant, en nous habillant, en nous chaussant, en nous baignant, en nous mettant à table, en allumant les flambeaux, en dormant [les mains croisées sur la poitrine], en nous asseyant, quoi que nous fassions, où que nous allions, nous marquons notre front du signe de la croix. Ad omnem progressum atque promotum, ad omnem aditum et exitum, ad vestibum et calceatum, ad lavacra, ad menas, ad lumina, ad cubilia, ad sedilia, quacumque nos conversatio exercet, frontem crucis signaculo terimus." (De Coron. milit. C. III.)
Selon Saint Ephrem, né vers 306 à Nisibe dans l'actuelle Turquie et mort en 373, dit qu'à chaque instants, nos aïeux faisaient le signe de la croix. Ils le faisaient non seulement sur leur front, mais encore sur leurs yeux, sur leur bouche, sur leur poitrine : "in frontibus, et in oculis, et in ore, et in pectore et in omnibus membris nostris" (S. Ephrem, Serm. in pret. et vivif. crucem)
C'est au IVe siècle, à la fin de la persécution, que notre signe de croix actuel prévaudra. L'antique forme (sur le front, les lèvres et la poitrine) est cependant restée dans certains usages : par exemple, on le fait encore à la lecture de l'Évangile. (DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome II Les Apôtres et les Martyrs, Librairie Arthème Fayard, Paris 1965, p. 177.)
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Florence CHAVE-MAHIR, historienne, auteur en 2004 de la première thèse de doctorat sur l'histoire des exorcismes médiévaux, cite et référence dans sa thèse de doctorat d'histoire, plusieurs exorcismes par le signum crucis dans l'hagiographie du XIIe siècle, comme dans la vie de saint Bernard. Au XVIe siècle, Thérèse d'Avila chasse le démon par le signe de la croix et sa puissance exorciste est bien connue. (F. CHAVE-MAHIR, L'Exorcisme des possédés dans l'Église d'Occident, Xe - XIVe siècle, coll. Bibliothèque d'Histoire culturelle du Moyen-Âge, 10, Turnhout, Brepols 2011, p. 152-154.)
Saint Thomas d'Aquin parle des significations des signes de la croix de la messe, mais sans préciser explicitement leur puissance exorciste (ST, III, q. 83, a. 5.) (in Jean-Baptiste Golfier, Tactiques du diable et délivrances, Artège-Lethielleux, 2018, p. 596, 573, 584, 913, 962.)
Par ce signe, dit saint Bernard, nous faisons retomber sur ces esprits de malice les coups qu'ils voudraient nous porter. C'est pour nous servir de protection et de défense contre eux que ce signe a été institué ; et l'Eglise l'a toujours regardé comme l'un de ses plus puissants exorcismes. (aut. quiv. at. tr. de pass. Dom. c. 12 n. 65 vol. 2).
Dans sa vie de S. Bernard, Mabillon compte plus de trente aveugles de tout âge et de toute condition, en France, en Allemagne, en Italie, guéris en présence des rois et des grands seigneurs, au moyen du signe de la croix fait sur eux par le thaumaturge de Clairvaux. Par le même signe, l'abbé de Clairvaux a guéri une foule de sourds et de muets. (T. II)
Selon le grand Athanase, témoin oculaire, "par le signe de la croix, tous les artifices de la magie sont impuissants, tous les enchantements inefficaces, toutes les idoles abandonnées. Par lui sont modérées, apaisées, arrêtées les fougues de la volupté la plus brutale, et l'âme courbée vers la terre se relève vers le ciel." (Lib. de Incarnat. Verb.)
Mosaïque du Bon Pasteur - Mausolée de Galla Placidia (Ve s) v. 430ap.J.-C. ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Mausol%C3%A9e_de_Galla_Placidia )
Église Sainte-Sabine de Rome (Ve siècle), représentation de la Crucifixion ( http://artbiblique.hautetfort.com/archive/2015/02/index.html )
Crux Salus Mundi ( http://artbiblique.hautetfort.com/archive/2015/02/index.html ) Mosaïque de l'abside de la Basilique St Apollinaire in classe, Ravenne (Italie) - VIe siècle
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Il semble qu'elle ait été d'abord pratiquée en Perse. Les condamnés étaient crucifiés sur des arbres.
Il semble bien pourtant que les Grecs, qui avaient la crucifixion en horreur, n'en aient pas usé chez eux. Il faut, en effet, en arriver aux conquêtes d'Alexandre le Grand (IVe s. av.J.-C.), qui l'emprunta aux Perses, pour la voir entrer dans l'histoire hellénique. Elle continue à y être infligée sous les Diadoques (successeurs d'Alexandre), en Syrie sous les Séleucides, comme Antiochus Épiphane, en Égypte sous les Ptolémées. A Syracuse, ville grecque, Denis le Tyran l'avait peut-être empruntée aux Carthaginois.[24]
La crucifixion sur la croix fut supprimée par l'empereur Constantin, le premier empereur chrétien, vers 320, et remplacée par un autre instrument de mort, la furca, ou pendaison à un gibet en forme de fourche en Y.
La furca était un pieu assez haut, terminé en fourche, en Y. On y accrochait par le cou (la tête l'empêchant de retomber) le condamné, qui se trouvait rapidement étranglé. Cette n'avait donc plus rien de commun avec la lente mort de la croix.Le terme crux (croix), disparaît même de la littérature juridique de l'époque. En 392 ap.J.-C., la mort par crucifixion fut abolie définitivement par l'empereur chrétien Théodose Ier. [25]
Témoignages d'auteurs chrétiens
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Le signe de la croix est l'arme de précision contre le démon. Instruits immédiatement par les apôtres, les premiers chrétiens le savaient. En lutte permanente avec Satan, dans toute la puissance de son règne et la cruauté de sa rage, régulateur des mœurs, des idées, des arts, des théâtres, des fêtes et des lois, maître des autels et des trônes, souillant tout et faisant de tout un instrument de corruption, ils avaient sans cesse recours à l'infaillible moyen de dissiper le charme fascinateur, et de parer les traits enflammés de l'ennemi. De là l'usage continuel du signe de la croix devenu pour eux un exorcisme de tous les instants : quacumque nos conversatio exercet, frontem crucis signaculo terimus (quoi que nous fassions, où que nous allions, nous marquons notre front du signe de la croix). Tous les Pères de l'Église, témoins oculaires, en font foi, tous les historiens le constatent.
Les princes des apôtres Pierre et Paul font religieusement le signe de la croix et l'enseignent de l'Orient à l'Occident, à Jérusalem, à Antioche, à Athènes, à Rome, aux Grecs et aux barbares. "Paul, dit saint Augustin, porte partout l'étendard royal de la croix. Il pêche les hommes, et Pierre marque les nations du signe de la croix. Circumfert Paulus Dominicum in cruce vexillum. Et iste piscator hominum, et ille titulat signo crucis gentiles. (Serm, XXVIII.)
"Va, dit le Seigneur à Ananie, et marque-le (Conversion de S. Paul. Ac 9) de mon signe. Vade ad eum, et signa cum charactere meo. (S. Augustin, Serm. II et XXV, de Sanctis)
Non seulement ils le font sur les hommes, ils le font encore sur les créatures inanimées et ils le font faire. "Toute créature de Dieu est bonne, écrit le grand Apôtre, et rien n’est à rejeter si on le prend avec actions de grâces, car alors cela est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière. (I Thim IV, 4-5) Paul établit ici deux choses : la première, que nulle créature n'est immonde. La seconde, qu'en la supposant telle, le moyen de la purifier est sous la main. Faites-lui le signe de la croix, rendez grâces et gloire à Dieu, et à l'instant toute souillure disparaît. (Saint Jean Chrysostome, In Tim., Homil., XII.)
"Va, dit le Seigneur à Ananie, et marque-le (Saul de Tarse, futur S. Paul) de mon signe. Vade ad eum, et signa cum charactere meo. (S. Augustin, Serm. II et XXV, de Sanctis)
Le signe de la croix a été pratiqué partout et toujours dans des circonstance solennelles, avec la conscience plus ou moins claire de sa signification.
Par exemples, lorsque Jacob, sur le point de mourir, croise les mains pour bénir les enfants de Joseph, pères futurs des douze tribus d'Israël, rien n'est plus évident : inspiré de Dieu, le saint Patriarche annonce à chacun ce qui doit lui arriver dans la suite des siècles. Et que fait-il ? Il croise les bras et place la main gauche sur l'enfant qui est à sa droite, et la droite sur l'enfant qui est à sa gauche. Voilà le signe de la croix, source éternelle de bénédictions !
De même, "pourquoi Moïse au moment où Josué va combattre Amalech fai-il ce qu'il n'a jamais fait, priant les mains étendues ? ... Parce que le combat du Seigneur qui se livrait contre Amalech préfigurait les batailles du Verbe incarné contre Satan, et le signe de la croix par lequel il devait remplacer la victoire." (Tertullien, Contre Marcion, n° 111.)
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Dans le livre de l'Exode, on peut lire une préfiguration du Précieux Sang du Christ.
Le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron : "Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l’année. Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison. Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger. Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois. Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil. On prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera. ... Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte. Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. ... Moïse convoqua tous les anciens d’Israël et leur dit : « Prenez un agneau par clan et immolez-le pour la Pâque. Puis vous prendrez un bouquet d’hysope, vous le tremperez dans le sang que vous aurez recueilli dans un récipient, et vous étendrez le sang sur le linteau et les deux montants de la porte. Que nul d’entre vous ne sorte de sa maison avant le matin. Ainsi, lorsque le Seigneur traversera l’Égypte pour la frapper, et qu’il verra le sang sur le linteau et les deux montants, il passera cette maison sans permettre à l’Exterminateur d’y entrer pour la frapper." (Ex 12)
Lorsque les Hébreux murmurèrent contre Moïse et contre Dieu, des serpents leurs furent envoyés qui les déchirèrent de leurs morsures. La prière de Moïse toucha Dieu. Pour mettre en fuite les serpents et guérir les innombrables malades, quel moyen va-t-il indiquer ? Des prières ? Non. Des jeûnes ? non. Un autel, une colonne expiatoire ? Rien de tout cela. Il ordonne de faire un serpent au-dessus d'un mât, signe de croix permanent et visible à tous ; signe de croix que chaque malade fera de cœur, seulement en le regardant. Tel sera la puissance de ce signe, qu'un seul regard suffira pour rendre la santé. (Nb 21, 8-9)
Au temps du prophète Ézechiel (VIe s. av. J.-C.), les abominations de Jérusalem étaient au comble. Un personnage mystérieux, l'homme vêtu de lin, portant à la ceinture une écritoire de scribe, dit le prophète, reçoit ordre de traverser la ville et de marquer du signe T le front de tous ceux qui gémissaient des iniquités de cette coupable capitale. À ses côtés marchaient six autres personnages, portant chacun une arme de mort, avec ordre de tuer indistinctement tous ceux qui ne seraient pas marqués du signe salutaire. (Ezech. 9,4, etc.) "Le signe Tau, marqué sur le front des habitants de Jérusalem les protégeaient contre les anges exterminateurs. Ainsi, le signe de la croix, dont l'homme marque son front est une assurance qu'il ne sera pas la victime du démon et des autres ennemis du salut, s'il gémit sincèrement des abominations que ce signe interdit." (Tertullien, Adv. Marcion, lib. III, c. XXII).
Les Philistins ont réduit les Israélites à la plus humiliante servitude. Samson, doté à la naissance d'une force extraordinaire, a commencé leur délivrance. Malheureusement, il s'est laissé surprendre. Ils l'ont enchaînés, après lui avoir crevé les yeux. Dans cet état, ils s'en font un jouet pour amuser leurs fêtes. Cependant, "placé entre deux colonnes qui soutiennent tout l'édifice, dit saint Augustin, le fort d'Israël étend ses bras en forme de croix. Dans cette attitude toute-puissante, il secoue les colonnes, les ébranle, écrase ses ennemis : et comme le grand Crucifié, dont il était la figure, il meurt lui-même enseveli dans son triomphe." (Saint Augustin, Serm. 107, de Temp.)
Lorsque David, accablé de chagrin, est réduit à la plus grande extrémité dans laquelle se puisse trouver un roi, un fils parricide, des sujets révoltés, un trône chancelant, la vieillesse qui arrive à grands pas, que fera le monarque inspiré ? Il priera. Mais comment ? En faisant le signe de la croix. Expandi manus meas ad te. J'ai étendu mes mains vers vous. (Ps 142).
Lorsque encore Salomon achève le temple de Jérusalem, il faut attirer les bénédictions du ciel sur la nouvelle demeure du Dieu d'Israël, et obtenir ses faveurs pour ceux qui y viendront prier. Que fait Salomon ? Il prie en faisant le signe de la croix. Or Salomon se tint debout devant l'autel du Seigneur, en présence de toute l'assemblée d'Israël, et il étendit ses mains vers le ciel. (III Rois 8,22)
Dans les sacrifices juifs, le prêtre élevait d'abord l'hostie, selon qu'il était prescrit par la loi. Il la portait ensuite de l'Orient à l'Occident, comme nous l'apprennent les Juifs eux-mêmes : ce qui formait la figure de la croix. C'est en faisant le même mouvement que le grand prêtre et même les simples prêtres bénissaient le peuple après les sacrifices. (Abbé Jacques Joseph Duguet, Traité de la Croix de notre seigneur Jésus-Christ ; ou Explication du mystère de la passion de N. S. Jésus-Christ selon la Concorde, 1733, c. VIII.)
Croire que les patriarches, les juges, les prophètes, les rois, les voyants d'Israël fussent les seuls à connaître le signe de la croix et à le pratiquer serait une erreur. Tout le peuple le connaissait, et dans les dangers publics en faisait religieusement usage.
Sennachérib a marché de victoire en victoire. La plus grande partie de la Palestine est envahie : Jérusalem est menacée. Vois-tu ce que fait ce peuple, hommes, femmes, enfants, pour repousser l'ennemi ? Comme Moïse, il fait le signe de la croix, il se fait signe de croix ; "Et ils invoquèrent le Seigneur des miséricordes, et, étendant les mains, ils les élevèrent vers le ciel. Et le Seigneur les exauça." (Eccles. 48,22)
Un autre danger les menace. Voici Héliodore qui vient, accompagné d'une troupe de soldats, pour piller les trésors du temple. Déjà il est entré dans le parvis extérieur : encore un peu et le sacrilège sera consommé. Les prêtres sont prosternés au pied de l'autel : mais rien n'arrête le spoliateur. Que fait le peuple ? il recourt à son arme traditionnelle : il prie en faisait le signe de la croix. Tu sais le reste. (II Macchab 3,20)
S'il est incontestable que prier les bras étendus est une forme du signe de la croix, tu vois que de toute antiquité les Juifs ont connu le signe de la croix et qu'ils l'ont pratiqué, avec l'instinct plus ou moins mystérieux de sa toute-puissance.
De l'Église judaïque, ce signe est passé dans l'Église chrétienne. Les premiers fidèles, frappés de l'ancienne manière de bénir avec la figure de la croix, ont été facilement instruits par les apôtres de la signification mystérieuse de ce signe, et naturellement portés à le continuer, en y ajoutant les divines paroles qui en donnent l'explication.
Les Chrétiens opposaient ce signe vénérable à toutes les superstitions des païens. (Origène, Select. in Ezech, c. IX.)
Les Pères de l'Eglise attestent qu'il se faisaient des miracles par le signe de la croix.
Saint Basile dit que c'est une tradition apostolique. (L. de Sipit. Sancto., c. 27, n° 66).
Les Pères nous enseignent que l'onction du baptême et celle de la confirmation se faisaient en forme de croix sur le front du baptisé, et que ce signe puissant suffisait pour mettre en fuite le démon et pour déconcerter tous leurs prestiges dans les cérémonies magiques des païens. (Lactance I, IV, Divin. Institut., c. 27; de Morte persec., c. 10, etc.) (Encyclopédie Théologique, Dictionnaire de Théologie Dogmatique, tome 1er, 1850, p. 1187.)
Au Ier siècle Sainte Thècle, saisie par les bourreaux, fut conduite au bûcher, elle y monta d'un pas assuré, fit le signe de la croix et demeura tranquille au milieu des flammes. Un torrent d'eau éteignit le feu, et comme les enfants de Babylone, la jeune héroïne sortir du bûcher sans avoir perdu un seul cheveu. (Ado. in Martyrol., 23 sept.)
Sainte Glycérie, était la fille de Macarius, un important officier romain; elle fut arrêtée en 177 sous Marc-Aurèle. Lorsque les habitants de la ville de Trajanopolis en Macédoine orientale durent aller adorer Zeus, Glycérie refusa et brisa la statue dans le temple. Emmenée dans l'amphithéâtre, elle se tourna vers les chrétiens mêlés dans la foule, elle leur dit : "Frères, soeurs, enfants, pères, et vous qui me tenez lieu de mère, voyez, veillez sur vous; et considérez bien quel est l'Empereur dont nous portons le caractère et quel est le signe gravé sur nos fronts." (Apud Sur., et Baron. t. II.)
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En 226, l'empereur Alexandre régnait et persécutait les chrétiens. Des gens occupés à rechercher les serviteurs de Jésus-Christ trouvèrent sainte Martine de Rome en prières dans une église et l'arrêtèrent. Comme elle ne fit aucune difficulté de les suivre, ils crurent avoir fait une conquête ; mais, conduite à l'empereur, elle refusa de sacrifier aux idoles ; celui-ci ne l'en fit pas moins conduire au temple d'Apollon. En y entrant, Martine, s'armant du signe de la Croix, pria Jésus-Christ, et à l'instant il se fit un effroyable tremblement de terre qui renversa une partie du temple et brisa l'idole.
Lors de la persécution de Dioclétien en Phénicie, on vit un jour entrer dans l'amphithéâtre un grand nombre de chrétiens, condamnés aux bêtes. Les spectateurs ne purent se défendre d'une profonde émotion à la vue de cette multitude d'enfants, de jeunes gens et de vieillards, dépouillés de leurs vêtements, les yeux levés au ciel, les bras levés en croix, immobiles, sans étonnement et sans frayeur, au milieu des tigres et des lions affamés. (Eusebe, Hist. Eccl. Liv. VIII, c. V.)
Sainte Agnès de Rome, noble vierge martyre de treize ans en 304, parce qu'elle avait refusé d'offrir un sacrifice aux dieux et à l'empereur : sa main ne se levait que pour faire le signe de la croix.
"La voyez-vous, dit S. Ambroise, tendre ses mains vers le Christ, et jusqu'au milieu des flammes arborer l'étendard victorieux du Seigneur ? Les mains étendues à travers les flammes, elle fait à Dieu cette prière : "Ô vous qu'il faut adorer, honorer et craindre, Père Tout-Puissant de Notre-Seigneur-Jésus-Christ, je vous bénis, parce que, grâce à votre fils unique, j'ai échappé aux mains des hommes impies et traversé sans souillure les impuretés du démon. Et voici de plus que sous la rosée du Saint-Esprit s'éteint le feu qui m'environne; la flamme se divise et les ardeurs de mon bûcher menacent ceux qui l'ont allumé." (Lib I. de Virgin.)
Lorsque en 320, les 40 Martyrs de Sébaste, soldats chrétiens vétérans de l'armée de Licinius, furent traînés au milieu du lac, condamnés à y passer la nuit au milieu des neiges, une force surhumaine de résistance leur fut d'autant plus nécessaire que sur le rivage étaient des bains chauds, préparés pour les déserteurs. Ils firent le signe de la croix, et une mort héroïque vint couronner leur courage. (S. Ephrem, Encom. in 40 SS. Martyr)
Lorsque en 305, sainte Euphémie, fille de sénateur, fut étendue sur la roue du supplice, elle fit le signe de la croix, s'avança elle-même vers l'affreuse machine hérissée de pointes de fer, la fixa sans pâlir et d'un regard la fit voler en éclats. (Apud Sur., t. V et Baron., Martyrol., 16 sept.)
Si l'on voulait continuer cette nomenclature, il faudrait faire défiler devant nous toute l'immense armée des martyrs. Pas un des valeureux soldats du Crucifié qui n'ait, en allant au combat, arboré l'étendard de son Roi. Qu'il suffise d'en nommer quelques-uns : saint Julien, saint Pontien, saint Constant et saint Crescent, saint Isidore († 250), martyr à Alexandrie, brûlé vif dans une fournaise avec les saints Héron et Arsène, saint Nazaire, saint Celse, exécuté sous Néron, saints Caïus et Alexandre, sainte Sophie et ses trois filles, saint Paul et sainte Julienne, saint Cyprien et sainte Justine. (Voir leurs actes.)
Tertullien, Cyprien, Athanase, Grégoire, Basile, Augustin, Chrysostome, Jérôme, Ambroise, et tant d'autres... faisaient très assidûment le signe de la croix et recommandaient avec instance à tous les chrétiens de le faire dans chaque occasion." (Mgr Jean-Joseph GAUME, Le Signe de la Croix au XIXe siècle, ibid., p. 13, 32, 37.)
Origène, né à Alexandrie en 185 et mort en 253 écrit que le signe de la croix est une enseigne redoutable qui épouvante les puissances des ténèbres (in Exod. hom. 6 n. 8)
"Le signe de la croix déconcerte les puissances des ténèbres, les éloigne, les chasse, les met en fuite, les disperse.
- Il est leur terreur, dit saint Cyrille (Hier. Cat. 13 n. 36) ;
- une arme invincible à toutes leurs attaques, dit saint Ephrem (in pret. et vivif. crucem) ;
- un bouclier qui nous met à couvert de leurs traits, dit saint Jérôme (Hier Ep. 18 ad Eust) ;
- il fait disparaître, dit saint Athanase, tous leurs charmes, dissipe tous leurs enchantements, anéantit tous leurs prestiges (orat. contra gentes. n. 1).
"Sans le signe de la croix, disent nos pères dans les catacombes, rien parmi nous ne se fait légitimement, rien n'est parfait, rien n'est saint." (S. Cyprien de Carthage, de Bapt. chr.)
(Toutes ces citations et références sont tirées du merveilleux livre de Mgr Jean-Joseph GAUME, "Le Signe de la Croix au XIXe siècle" (1869), ibid.)

Saint Ignace d'Antioche, disciple de saint Jean l'Évangéliste, mort martyr dévoré par les lions v. 110 ap.J.-C., dans sa Lettre aux Ephésiens ( écrit :
"J’ai appris que certains venant de là-bas sont passés , porteurs d’une mauvaise doctrine, mais vous ne les avez pas laissés semer chez vous, vous bouchant les oreilles, pour ne pas recevoir ce qu’ils sèment, que vous êtes les pierres du temple du Père, préparés pour la construction de Dieu le Père, élevés jusqu’en haut par la machine de Jésus-Christ, qui est la croix, vous servant comme câble de l’Esprit-Saint ; votre foi vous tire en haut, et la charité est le chemin qui vous élève vers Dieu." (Les Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Les Éditions du Cerf, Paris 2012, p. 160-161)
Dans sa Lettre aux Tralliens (XI, 1), Ignace écrit :
"Fuyez donc ces mauvaises plantes parasites : elles portent un fruit qui donne la mort, et si quelqu’un en goûte, il meurt sur le champ. Ceux-là ne sont pas la plantation du Père (cf. Mt 15, 13 ; Jn 15, 1 ; 1 Co 3, 9). 2. S’ils l’étaient, ils apparaîtraient comme des rameaux de la croix, et leur fruit serait incorruptible. Par sa croix, le Christ en sa passion vous appelle, vous qui êtes ses membres ; c’est Dieu qui nous promet cette union, qu’il est lui-même." (Les Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Les Éditions du Cerf, Paris 2012, p. 182.)
Dans sa Lettre aux Romains, Ignace écrit (V,3) :
"3. Pardonnez-moi ; ce qu’il me faut, je le sais, moi. C’est maintenant que je commence à être un disciple. Que rien, des êtres visibles et invisibles, ne m’empêche par jalousie, de trouver le Christ. Feu et croix, troupeaux de bêtes, lacérations, écartèlements, dislocation des os, mutilation des membres, mouture de tout le corps, que les pires fléaux du diable tombent sur moi, pourvu seulement que je trouve Jésus-Christ." (Les Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Les Éditions du Cerf, Paris 2012, p. 190.)
Au début de sa Lettre aux Romains, Ignace évoque l'Église "qui préside dans la région des Romains, digne de Dieu, digne d'honneur, digne d'être appelée bienheureuse, digne de louange, digne de succès, digne de pureté, qui préside à la charité, qui porte la loi du Christ, qui porte le nom du Père." (Les Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Les Éditions du Cerf, Paris 2012, p. 185-186.)
Lettre aux Smyrniotes (I, 1), Ignace écrit :
"Je rends grâces à Jésus-Christ Dieu, qui vous a rendus si sages. Je me suis aperçu, en effet, que vous êtes achevés dans une foi inébranlable, comme si vous étiez doués de chair et d’esprit à la croix de Jésus-Christ, et solidement établis dans la charité par le sang du Christ, fermement convaincus au sujet de notre Seigneur qui est véritablement de la race 'de David selon la chair' (cf. Rm 1, 3), Fils de Dieu selon la volonté et la puissance de Dieu, véritablement né d’une vierge, baptisé par Jean pour que, par lui, 'fût accomplie toute justice'." (Mt 3, 15). Il a véritablement été cloué pour nous dans sa chair sous Ponce Pilate et Hérode le Tétrarque. C'est grâce au fruit de sa croix, et à sa passion divinement bienheureuse que nous, nous existons, pour 'lever son étendard' (Is 5,26) dans les siècles par sa résurrection, et pour <rassembler> ses saints et ses fidèles, <venus> soit des Juifs soit des gentils, dans l'unique corps de son Église." (Les Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Les Éditions du Cerf, Paris 2012, p. 203-204.)
Et dans son admirable Lettre aux chrétiens de Philippes, Ignace dit :
"Le prince de ce monde se réjouit lorsqu'il voit quelqu'un renier la croix. Il sait que c'est la croix qui lui donne la mort; car elle est l'arme destructive de sa puissance. Sa vue lui fait horreur, son nom l'épouvante. Avant qu'elle fût faite, il ne négligea rien pour la faire fabriquer. À cette œuvre il poussa les fils d'incrédulité, Judas, les Pharisiens, les Saducéens, les vieillards, les jeunes gens, les prêtres. Mais lorsqu'il la voit sur le point d'être achevée, il se trouble. Il jette le remords dans l'âme du traître; il lui présente la corde et le pousse à se pendre. Il épouvante par un songe pénible la femme de Pilate, et fait tous ses efforts pour empêcher la confection de la croix. Ce n'est pas qu'il eût des remords; s'il en avait, il ne serait pas complètement mauvais; mais il pressentait sa défaire. Il ne se trompait pas. La croix est le principe de sa condamnation, le principe de sa mort, le principe de sa ruine."

Converti vers 130, Justin de Néapolis ou Justin de Naplouse possédait aussi la passion de communiquer la vérité. Simple laïc, il vint à Rome à l'époque d'Antonin, y ouvrir une école à la façon des philosophes païens. Cherchant à justifier les chrétiens, il montra que leur croyance était "conforme à la raison et à la vérité". Il se lança "dans une vaste entreprise de récupération des textes anciens judéens et grecs. Pour les premiers, il estime que si Moïse prie 'les bras en croix', c'est qu'il annonce la crucifixion, allant même à avancer que l'ange qui parle à Abraham pourrait être Jésus lui-même et à voir dans le nom de Josué celui de Jésus. Pour les seconds, il se demande si Platon n'aurait pas vu dans l' "X" du Timée une croix, celle de Jésus de Nazareth. Dans de telles interprétations à la fois typologiques et allégoriques, la philosophie grecque est récupérée, prenant une nouvelle dimension et un nouveau visage: le Logos grec, par exemple, exprime chez Justin à la fois la visibilité du Père, la parution de la connaissance et l'identité de la 'deuxième divinité', Jésus-Christ." (Pierre MARAVAL, Simon Claude MIMOUNI, Le Christianisme, des Origines à Constantin, Nouvelle Clio, l'Histoire et ses problèmes, PUF, Clamecy 2018, p. 226.) Saint Justin se demande si Platon n'aurait pas vu une croix dans l' "X" du Timée, pas un poteau.
Saint Polycarpe, établi évêque de Smyrne par saint Jean l'Évangéliste, et martyr livré au flammes vers 155 ap. J.-C. sur un poteau parce qu'il refusa d'être cloué, dans sa Lettre de Smyrne aux Philippiens (Lettre aux Philippiens VII, 1), écrit :

"Quiconque, en effet, ne confesse pas que Jésus-Christ est venu dans la chair, est un antéchrist (cf. 1 Jn 4, 2-3), et celui qui ne confesse pas le témoignage de la croix est du diable, et celui qui détourne les dits du Seigneur selon ses propres désirs, et qui nie la résurrection et le jugement, est le premier-né de Satan." (Les Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Les Éditions du Cerf, Paris 2012, p. 232-233.)
"Celui qui me donne la force d’affronter le feu me donnera aussi celle de rester immobile sur le bûcher sans qu’il soit besoin de VOS CLOUS" (Polycarpe, Lettre de Smyrne dite "Le Martyre de Polycarpe", XIII, 3) Notez là aussi l'emploi du pluriel "vos clous". Martyrologe: "Polycarpe fut livré aux flammes; mais le feu ne lui ayant porté aucune atteinte, on le frappa du glaive et il reçut ainsi la couronne du martyre. Avec lui et dans la même ville de Smyrne, subirent aussi le martyre douze autres chrétiens venus de Philadelphie."
ÉÉ

Les Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Les Éditions du Cerf, Paris 2012, p. 288.)
La condamnation à mort par crucifixion s'est achevée en Occident sous S. Constantin, empereur. En revanche, en tant que châtiment mentionné dans le Coran, elle a été perpétuée longtemps dans le monde musulman et y est toujours pratiquée (Cf. Les crucifixions réalisées par Daech, l'"Etat islamique".)

"Néron produisit comme inculpés et livra aux tourments les plus raffinés des gens, détestés pour leurs turpitudes, que la foule appelait 'Chrétiens'. Ce nom leur vient de Christ, que, sous le principat de Tibère, le procurateur Ponce Pilate avait livré au supplice ; […] [I]ls furent reconnus coupables, moins du crime d'incendie qu'en raison de leur haine du genre humain. À leur exécution on ajouta des dérisions, en les couvrant de peaux de bêtes pour qu'ils périssent sous la morsure des chiens, ou en les attachant à des croix, pour que, après la chute du jour, utilisés comme des torches nocturnes, ils fussent consumés. Néron avait offert ses jardins pour ce spectacle.
Ce texte, et ses lueurs d'enfer, a, entre autres mérites, celui de souligner le côté dérisoire de la persécution contre les chrétiens jusqu'au IIIe siècle. Celle-ci naît et renaît de rumeurs. Elle se repaît de préjugés confortés par l'ignorance. (Les Écrits des Pères apostoliques, Sagesses chrétiennes, Les Éditions du Cerf, Paris 2012, p. 19.)
L'historien juif romanisé, Flavius Josèphe (37-100 ap.J.-C.) raconte qu'Alexandre Jonathan (Jannée en grec, ou Yannaï en hébreu), roi hasmonéen de Judée et grand prêtre de Jérusalem (103–76 av. J.-C.) [notez que les deux pouvoirs temporel et spirituel était encore confondus sur une même tête avec la dernière dynastie juive de l'histoire des Hasmonéens (Maccabées)... Ce n'est qu'avec Jésus que viendra dans l'histoire cette révolution d'une distinction des deux pouvoirs dans son "Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu" (Lc, 20, 25.)] fit “crucifier 800 Juifs devant ses yeux et égorger en leur présence du temps qu’ils vivaient encore, leurs femmes et leurs enfants” (F. Josephe, Histoire ancienne, L XII, 5, 4)
Toujours d’après Flavius Josephe, Florus, gouverneur de Judée l'an 66 ap.J.-C., tourmenta les Juifs au point d’allumer une véritable rébellion qu’il mâta cruellement "en faisant crucifier 3630 hommes, femmes et enfants". Peu de temps plus tard, en 70, Titus entra dans Jérusalem et fit crucifier les assiégés qui tentaient de s’enfuir. Flavius Josephe en a dénombré jusqu’à 500 en une journée. "À peine pouvait-on suffire à faire des croix et trouver de la place pour les planter" (Guerre des Juifs, LV, 11, 1). Flavius Josephe parle de croix, pas de poteaux.
Plus tard, les propriétaires reçurent le droit de vie et de mort sans appel sur leurs esclaves considérés comme un bétail.
[29]
Selon Josèphe (Guerre des Juifs, I, 97), Alexandre Jannée (103-76 av. J.-C.) fit crucifier 800 pharisiens qui s’étaient désolidarisés de la dynastie asmonéenne.
Et au début de l'ère chrétienne, Hérode le Grand (37 av. J.-C. - 4 av. J-C.), roi de Judée, état client de Rome, fit crucifier "les plus coupables des pharisiens" parmi les six mille pharisiens qui refusèrent de lui prêter serment. (Josèphe, Antiquités juives, XVII, 42-45).
Conclusion générale
La doctrine des Témoins de Jéhovah du Christ cloué "à un poteau", a chez eux valeur de dogme de foi. Elle serait le fruit d'une "purification" de la doctrine de ses éléments païens. Pourtant, certains Témoins de Jéhovah affirment qu'il ne s'agit pas d'"un dogme" et la Watch Tower elle-même se contredit. S
Les Témoins de Jéhovah érudits savent qu'ils ont dit des bêtises et on peut même trouver cette déclaration sous leur plume : " .)Le graffiti d'Alexamenos, graffiti injurieux et moqueur représentant un Christ en âne crucifié, réalisé entre le Ier le IIIe siècle ap.J.-C., soit bien avant la conversion de Constantin et la diffusion des croix stylisées au IVe siècle, est la preuve irréfutable que la croix n'est pas une "invention des catholiques", et contredit complètement la doctrine jéhoviste.
Les premières représentations du supplice du Christ montrent une croix et non un poteau.

Le signe de la croix est utilisé par les prêtres exorcistes depuis cette époque antique, comme avec saint Benoît (480-547) : le signe de la croix chasse le démon. Se signer à tout moment, et/ou à toute occasion, est une protection. Une crainte irrationnelle de la croix n'est pas bon signe.
La conversion de saint François d'Assise (un saint qui reçut les stigmates du Christ) lui est venue après qu'un crucifix lui ait adressé la parole dans l'église Saint-Damien, à quelques centaines de mètres d'Assise, où François s'arrêta pour prier devant le crucifix en bois peint dans la tradition byzantine. Une voix sortie du crucifix l'interpella: "François, va réparer ma maison, qui, tu le vois, se détruit tout entière." Saint François guérissait les malades en faisant un signe de croix. Ainsi, en revenant de Viterbe à Spolète, passant par Narni, il rencontra un certain Pierre, paralysé, qui par son évêque lui demanda de l'aider. St François fit le signe de croix au-dessus de lui, et l'infirmité disparut.
Au XVe siècle, à Prague, en Bohême, le franciscain saint Jacques de la Marche, rencontra des hérétiques qui lui promirent de se convertir s'il faisait un miracle : après avoir invoqué Dieu et fait le signe de la croix, il avala un breuvage empoisonné sans en ressentir aucun effet mauvais.
La doctrine jéhoviste du poteau n'est fondée sur aucune source scripturaire, elle n'a par conséquent pour seul but que de détourner les gens de la vérité biblique de la Croix.
Les sources de cette fausse doctrine remontent à la fin du XIXe siècles. Les sources elles-mêmes sont plus que douteuses, elles doivent être rejetées par tout chrétien conséquent. Ces sources proviennent en effet, essentiellement, du livre de John Denham Parsons, The Non-Christian Cross (1896), qui était un spirite et a inspiré
Or le spiritisme pratiqué par ce doctrinaire des Témoins de Jéhovah est interdit par Dieu ("Vous ne pratiquerez ni divination ni incantation. […] Vous ne vous tournerez pas vers les spectres et ne rechercherez pas les devins, ils vous souilleraient. Je suis Yahvé votre Dieu" (Lévitique, XIX, 26-31. Bible de Jérusalem).
De plus, Parsons n'était pas compétent sur le sujet de l'historique de la croix : il n'avait aucune formation pour les questions théologiques qu'il abordait, n'était ni linguiste ni historien... Et c'est pourtant lui qui a inspiré presque mot pour mot le passage sur la "croix" du dictionnaire The Companion Bible de Ethelbert William Bullinger (1909-1922), qui est la première source citée par le mouvement des Témoins de Jéhovah dans la revue L'Age d'Or en novembre 1935...
Le spiritisme du doctrinaire des Témoins de Jéhovah suffit à discréditer totalement la doctrine du "poteau".
Notes
[1] http://chretien-biblique.clicforum.fr/t65-La-croix-ou-le-poteau.htm
[2]
[4]
[5] Pierre Barbet, "The corporal passion of Jesus Christ, (1997).
[6] Zugibe, Frederick T., "Pierre Barbet revisited", Sindon N. S., Quad. No. 8, sur e-forensicmedicine.net.
[7] Zugibe, Frederick T (1988) (anglais), The Cross and the Shroud: a Medical Inquiry into the Crucifixion, New York: Paragon House (ISBN 0913729752)
[8] Zugibe, Frederick T. (2005) (anglais), The Crucifixion of Jesus: A Forensic Inquiry, New York: M. Evans and Company (ISBN 1-59077-070-6)
[9] Zugibe, Frederick T. (avril 1989) (anglais), "Two questions about crucifixion", Bible Review
[10] La Tour de Garde, 15 février 2006, p. 29, § 14, article "Marchons dans la lumière qui va croissant": « L'année suivante, une autre vérité doctrinale a été expliquée, à savoir que Christ n'est pas mort sur une croix, mais sur un poteau. — Actes 10:39. »
[11] La Tour de Garde, 15 mai 1995, p. 20, article "Éclaircissements progressifs": « Le livre Richesses, publié en anglais en 1936, démontra que Jésus Christ avait été exécuté non sur une croix mais sur un bois vertical, ou poteau. »
[12] La Tour de Garde, 1er janvier 2000, p. 9, § 15, article "Servons Dieu au côté du guetteur": « Par exemple, dans les années 20 de nombreux Étudiants de la Bible arboraient une épinglette représentant une croix et une couronne, et ils célébraient Noël ainsi que d’autres fêtes païennes. Or, pour être pur, leur culte devait être débarrassé de tout vestige d’idolâtrie. »
[13] La Tour de Garde, 1er avril 1996, p. 24, article autobiographique de David Lunstrum intitulé "Travaillez, non pour la nourriture qui périt": « Il fut un temps, par exemple, où les Témoins de Jéhovah portaient une épinglette représentant une croix et une couronne. Quand nous avons compris que Jésus avait été exécuté sur un poteau et non sur une croix, nous nous sommes débarrassés de cet insigne (Actes 5:30). C'est moi qui ai été chargé de démonter les fermoirs, et plus tard l'or a été refondu et vendu. »
[14] La Tour de Garde, 1er juin 1996, pp. 18,19, article "La fuite vers un lieu sûr avant la grande tribulation": « Mais ils ont compris progressivement qu'ils étaient restés attachés à certaines de leurs coutumes et pratiques, comme l'utilisation de la croix et la célébration de Noël et d'autres fêtes païennes. Lorsqu'ils ont appris la vérité sur ces questions, ils ont agi rapidement. Ils ont pris à cœur le conseil consigné en Isaïe 52:11 : "Éloignez-vous, éloignez-vous, sortez de là, ne touchez rien d'impur ; sortez du milieu d'elle, gardez-vous purs, vous qui portez les ustensiles de Jéhovah !" »
[16] The Saturday Review, 17 septembre 1859, p. 340, cité dans "Origin of the Cross".
[17] Woodrow, Ralph (2000) (anglais), "A case study in poor research methodology", Christian Research Journal, volume 22. Consulté le 2 avril 2011.
[18] http://christianisme.skynetblogs.be/archive/2008/04/13/temoins-de-jehovah-croix-ou-poteau.html
[19] http://m.katabiblon.com/lexicon.php?search=%CE%B7%CE%BB%CF%89%CE%BD
[22] http://www.ac-emmerich.fr/FORME%20DE%20LA%20CROIX.htm
[23] Jacques de Landsberg, L'art en croix: le thème de la crucifixion dans l'histoire de l'art, p. 11
[24] http://mondieuetmontout.com/Pierre-Barbet-Docteur-Archeologie-Crucifixion.htm
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[27] http://christianisme.homily-service.net/passion_histoire.html
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