"négociations de paix" sous forme d'ultimatum à la Russie.
Vladimir Poutine, Petro Porochenko, François Hollande et Angela Merkel se sont retrouvés hier soir à Minsk, capitale biélorusse, dans le cadre des
Petro Porochenko est arrivé le premier à Minsk, Vladimir Poutine, le dernier. Tous deux se sont serré la main sans chaleur, tandis que la photo de groupe prenait l'allure d'une corvée. Quelques heures auparavant, le chef de l'État ukrainien avait menacé de «casser la gueule» militairement à son adversaire russe si aucun accord ne devait être trouvé dans la capitale biélorusse. (1)
Ce matin, après quatorze heures de négociations, il n'y avait "pas encore de bonnes nouvelles" de se mettre d'accord sur un plan de paix en Ukraine, a annoncé le chef d'Etat ukrainien Petro Porochenko. "Malheureusement, il n'y a pas encore de bonnes nouvelles. Pour l'instant, il n'y a aucune nouvelle. L'espoir existe toujours", a-t-il expliqué. Il a ajouté qu'il y avait "des conditions" posées par les Russes "inacceptables". (2)
Puis, après seize heures de négociations,
ukrainien, russe, allemand et français se sont mis d'accord sur un cessez-le-feu à partir du 15 février à minuit et le retrait des armes lourdes le long de la ligne de front. (3)
Un accord a été trouvé sur un retrait des armes lourdes et l'Ukraine devra réformer sa Constitution « pour respecter les droits des habitants de l'Est » (4), selon M. Poutine. François Hollande a confirmé « un accord sur le cessez-le-feu et un règlement politique global ».
M. Porochenko a précisé que l'accord ne concédait pas l'autonomie des régions tenues par les séparatistes, ni ne mentionnait une « fédéralisation » du pays. Ces régions sont aujourd'hui de facto coupées de l'Ukraine, ruinées par la guerre, et leur survie financière n'est assurée ni par l'Ukraine ni par la Russie. L'Ukraine s'est s'engagée dans une réforme constitutionnelle sur le statut de ces régions. L'accord mentionne également, selon lui, la possibilité pour l'Ukraine de reprendre le contrôle de la frontière dans les régions de Donetsk et Louhansk.
Le président ukrainien, Petro Porochenko, a annoncé qu'un retrait des armes lourdes et des troupes commencerait deux jours après le cessez-le feu, et se poursuivrait sur un délai de quatorze jours. Il doit permettre l'instauration d'une zone tampon démilitarisée de 50 à 70 km entre les belligérants (contre 30 km selon le précédent accord). Les Ukrainiens doivent se retirer à partir de la ligne de front actuelle alors que les insurgés doivent, eux, se retirer derrière la ligne de front du mois de septembre.
Vladimir Poutine a noté, à l'issue des négociations, qu'une ville de l'Est restait un point de désaccord entre lui et M. Porochenko. Debaltseve, un nœud ferroviaire et routier situé à mi-chemin de Donetsk et Louhansk, tenu par l'armée ukrainienne, est actuellement encerclé par les séparatistes. Des combats y ont lieu depuis des mois, et ont redoublé d'intensité ces dernières semaines. Selon M. Poutine, les forces ukrainiennes qui défendent la ville doivent se rendre. Les séparatistes ont deux jours et demi pour la prendre avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.
Avant même la signature de l'accord, le Fond monétaire international a annoncé avoir proposé à l'Ukraine un nouveau prêt de 15,5 milliards d'euros sur quatre ans, en échange de réformes. L'économie ukrainienne frôle actuellement la faillite. Ce nouveau prêt va donner de l'air aux autorités pour lancer des négociations plus larges avec leurs créanciers privés sur un possible allégement de la dette, qui dépasse les 73 % du PIB.
La chancelière allemande, Angela Merkel, voit dans l'accord de jeudi « un espoir », a fait savoir son bureau, mais elle souligne qu'elle ne se fait « aucune illusion » sur cet accord, précisant qu'il demeure encore « de gros obstacles » à surmonter avant d'arriver à une solution au conflit.
Le 7 février dernier, à
François Hollande avait évoqué les négociations de paix avec la Russie sur l'Ukraine.
"Je pense que c'est une des dernières chances. (...) Si nous ne parvenons pas à trouver un accord durable de paix, nous connaissons parfaitement le scénario: il a un nom, il s'appelle la guerre", avait-il déclaré. (5)
Jeudi 5 février, tout en écartant toute livraison d'armes aux forces ukrainiennes à la différence des Etats-Unis, François Hollande avait pour la première fois parlé de guerre :
"Nous sommes dans la guerre et dans une guerre qui peut être totale. [...] On est passé en quelques mois de ce qui était un différend à un conflit et d'un conflit à la guerre."
Interrogé sur une éventuelle livraison d'armes aux forces ukrainiennes à l'heure où le débat était lancé aux Etats-Unis, il avait répondu :
"La France ne rentre pas dans le débat de la fourniture des armes".
Il a par ailleurs répété que la France n'était pas favorable à l'entrée de l'Ukraine dans l'Otan. (6)
les représentants élus des Républiques populaires de l’Est de l’Ukraine n’ont pas été conviés. Préalable minimum, les négociateurs de paix ont donc admis que le gouvernement de Kiev devait réformer
Mais il n'avait pas lui-même respecté ces accords puisqu'il continua ensuite de bombarder Donetsk et profita de la trêve pour renforcer l'opération armée dans l'est de l'Ukraine et lancé une nouvelle offensive. Ce à quoi Le sommet de Minsk a donc imposé le .
Le but affiché de ce sommet de Minsk était d'obtenir un cessez-le-feu, un retrait des armes lourdes, pour mettre fin aux combats. Le but caché était d'empêcher les insurgés de gagner davantage de terrain et de mettre une telle raclée à l'armée ukrainienne que le gouvernement de Kiev n'eut plus rien à négocier. Les élites européennes se moquent des 5 500 morts. En avril 2014, elles ont donné au président dit "ukrainien", Porochenko, un permis de tuer avec l'"opération de police" dite "anti-terroriste".
Le Figaro explique :
"Parce qu'ils craignent que la situation sur le terrain ne dégénère en guerre totale, parce qu'ils ont compris que les sanctions n'avaient pas atteint leur but politique - un recul de l'offensive prorusse en Ukraine -, François Hollande et Angela Merkel, au nom de l'Europe, ont saisi la perche du Kremlin." (7)
Et précise que le président russe voudrait "rétablir son influence sur l'ancien espace soviétique" (sic).
On peut s'interroger sur ceux qui établissent des influences militaires en Europe de l'est, à la frontière de la Russie (
en créant toujours plus de bases militaires de l'OTAN, tandis que la Russie ne fait que développer des régions russophones dans le cadre de contrats de développements. C'est un peu comme si les Russes reprochaient aux Américains de nouer des relations privilégiées avec le Canada.
Or, détacher l'Ukraine de l'Empire russe est une obsession américaine, théorisée il y a déjà quelques années par le brillant stratège et ancien conseiller à la sécurité de Jimmy Carter d'origine polonaise, Zbigniew Brzrezinski, dans Le grand échiquier. Sans l'Ukraine, la Russie cesse d'être un Empire. Elle cesse d'être une menace pour l'hégémonie des États-Unis.
L'Europe est si démilitarisée qu'elle ne peut plus envisager une guerre conventionnelle contre la Russie. Souhaitée par certains faucons démocrate ou républicain, la livraison d'arme à une armée ukrainienne à la dérive ne ferait qu'attiser l'agressivité russe et mènerait à une escalade dangereuse pour nos armées. Celles-ci sont réduites à quelques corps expéditionnaires chargés de prêcher les droits de l'Homme en Afrique et dans des contrées exotiques. Elles ne sont pas faites pour soutenir le combat frontal imaginé dans les années 80. L'armée rouge a vieilli au début des années 90 mais, depuis quinze ans, ses budgets ne cessent d'augmenter quand les nôtres s'évaporent. Bâties pour des conflits asymétriques, nos armées européennes sont incapables d'aligner un volume de force comparable à l'armée russe. (8) Dans un conflit direct avec l'armée russe, l'armée française tiendrait 48 heures. Et l'armée allemande encore moins, même si elle a du stock. Dans ces conditions, les menaces de François Hollande étaient ridicules.
Ce qui à ce jour ne semble pas la direction prise.
Ce qui est logique.
(1) Ukraine : pas encore d'accord ce jeudi matin, Le Figaro, Par Pierre Avril, Mis à jour le 12/02/2015 à 09:41, Publié le 11/02/2015 à 20:50, http://www.lefigaro.fr/international/2015/02/11/01003-20150211ARTFIG00468-l-avenir-de-l-ukraine-en-debat-a-minsk.php
(2)
(3) Accord sur un cessez-le-feu en Ukraine, Le Figaro, Mis à jour le 12/02/2015 à 11:07, Publié le 12/02/2015 à 10:12 http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/02/12/97001-20150212FILWWW00095-ukraine-poutine-annonce-un-accord-sur-un-cessez-le-feu.php
(4) Ukraine : un accord de paix a été trouvé à Minsk, Le Monde.fr avec AFP | 12.02.2015 à 02h44 • Mis à jour le 12.02.2015 à 11h04, http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/02/12/ukraine-une-longue-nuit-de-negociations-a-minsk_4574684_3214.html
(5)
(6) Ukraine : face au risque de "guerre totale", Hollande s'invite à Kiev et à Moscou, (video) Lci.tf1.fr , le 05 février 2015 à 12h04 , mis à jour le 05 février 2015 à 12h11. http://lci.tf1.fr/politique/ukraine-face-au-risque-de-guerre-totale-hollande-s-invite-a-kiev-8559522.html
(8) Ukraine : non, Poutine ne veut pas reconquérir l'Europe de l'Est, Figaro Vox, Par Hadrien Desuin, Publié le 11/02/2015 à 18:36, http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/02/11/31002-20150211ARTFIG00384-ukraine-non-poutine-ne-veut-pas-reconquerir-l-europe-de-l-est.php
(13)