Nantes. Peut-on être chrétien et franc-maçon ?
06/02/2015 – 07H30 Nantes (Breizh-info.com) - Le jeudi 29 janvier dernier, Serge Abad Gallardo était invité au théâtre de la Gobinière par la section d’Orvault-Sautron de la fédération des Associations Familiales Catholiques(AFC44). Devant une salle comble, l’auteur de J’ai frappé à la porte du Temple a expliqué pourquoi l’appartenance à la franc-maçonnerie n’est pas, selon lui, compatible avec la foi chrétienne.
D’origine espagnole, Serge Abad Gallardo réside à Narbonne, département dans lequel la franc-maçonnerie est très bien représentée. Issu d’une famille catholique, il explique qu’il s’était éloigné d’une foi qui n’était pas très fervente. Se posant les questions existentielles sur le sens de la vie, en recherche spirituelle, il est entré en maçonnerie dans une loge de l’obédience du « Droit Humain ». Il y est resté près de 22 ans. Il la quittera après avoir retrouvé la foi. Il raconte cette expérience dans son livre J’ai frappé à la porte du Temple (Editions Pierre Téqui). Il précise d’emblée que son but n’est pas d’attaquer ce courant mais de montrer que, pour un chrétien, l’adhésion à la franc-maçonnerie est une impasse incompatible avec sa foi : « je veux dire aux catholiques ce que sont les francs-maçons et aux francs-maçons ce qu’est l’église catholique. »
La franc-maçonnerie spéculative, à ne pas confondre avec l’opérative, est une création anglaise de 1717. En France, elle s’établit dès 1738 avec la Grande Loge de France qui donnera jour au Grand Orient de France. Ce dernier constitue aujourd’hui l’obédience principale qui compterait environ 45 000 membres. Très anticléricale, c’est à dire anticatholique, elle était jusque récemment exclusivement masculine. Ont également une bonne représentativité le Droit Humain qui est mixte, la Grande Loge Nationale de France (GLNF) de rite anglais, la Grande Loge de France (GLF) et la Grande Loge Féminine de France (GLFF).
Pour le conférencier, la franc-maçonnerie représente un poids certain dans la société française et influence l’évolution des lois, en particulier les lois dites « sociétales ». Dans chaque profession, il existe des « fraternelles » qui regroupent les francs-maçons. La Fraternelle Parlementaire en compterait ainsi 500 dont 140 en activité. A titre d’exemple, Serge Abad Gallardo rappelle que, selon M. Simon, la loi Veil sur l’avortement a été étudiée et mûrie en loges avant d’être reprise par le gouvernement Chirac.
Si, parmi les francs-maçons, on rencontre des « affairistes », la majorité d’entre eux sont des personnes qui recherchent une réponse à leurs interrogations sur l’homme et sa place dans le monde. Dans cette recherche, certaines ont des liens étroits avec les courants occultistes et ésotériques, la philosophie « new âge » ou le mouvement théosophiste. Ils pensent qu’il existe une vérité mystique, une tradition connue de seuls sages, qu’il faut transmettre. D’autres se considèrent plus simplement comme des héritiers de Robespierre et de sa volonté de déchristianiser la France.
Ces obédiences présentent donc de sensibles variantes. En particulier, elles ont une conception différente sur l’existence ou non d’un dieu. Au final, cependant, pour Serge Abad Gallardo la franc-maçonnerie est une religion avec une initiation, des cérémonies, des rites, une croyance, des dogmes, un idéal commun, des liens entre les membres. Elle est pour l’homme non seulement un moyen d’approcher Dieu, mais de devenir soi-même Dieu. Cela revient à dire que tout part de l’homme et y revient.
Pour toutes ces raisons, dès 1738, le pape Clément XII condamne cette idéologie et sanctionne par l’excommunication un catholique qui y adhère. Cette condamnation sera confirmée à 7 reprises, la dernière fois en 1983 par le cardinal Ratzinger, le futur Benoît XVI.
Photo :DR
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