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Christ Roi

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  • : Blog d'informations royaliste, légitimiste, pour une France libre, indépendante et souveraine
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Horloge

17 janvier 2008 4 17 /01 /janvier /2008 12:29
"Un grand merci. Voici le texte corrigé :

A la lecture de cet article Et si la Wallonie devenait française, bien qu’en général les articles de ce site sont très recommandables, je ne puis être qu’indigné, mais non étonné : il démontre seulement une ignorance de l’Histoire de la Belgique, qui d’ailleurs est vite excusable (parmi les Belges eux-mêmes, rares sont ceux qui la connaissent vraiment.)
Je vis en Belgique, je ne suis pas belge d’origine (et par conséquent je peux parler sans être accusé de chauvinisme), je suis catholique et, je le dis pour vous inspirer confiance, je serais monarchiste légitimiste si j’étais français.
Je suis d’accord cependant pour dire qu’il y a une crise en Belgique, fort liée au début au recul de la Religion et des sentiments de dévouement pour la patrie qu’elle inspire ; qu’au XIXe siècle les Flamands ne furent pas très respectés puisqu’on leur imposa le français comme seule langue officielle (et donc seule langue des tribunaux !) ; que l’Union européenne, dont on peut apprécier les apports positifs quand ils restent mesurés, n’est pas exempte de défauts ni de malheureuses ingérences : un exemple : la Belgique (arrêté royal du 31 mai 1885) réserve aux seuls pharmaciens la délivrance de médicaments, même ceux en vente libre, pour des raisons de santé publique évidente (des médicaments « ordinaires » peuvent présenter des interactions et contre-indications que seuls les pharmaciens savent) ; or, la Cour de justice européenne, au nom de la libre circulation des marchandises (en Belgique, le médicament n’est pas objet de commerce), s’oppose à cette législation, par un arrêt du 11 décembre 2003. 
 
J’aimerais reprendre une à une les erreurs de cet article ; mon intention n’est pas d’en critiquer les auteurs, mais de défendre la vérité et de témoigner ma reconnaissance envers la Belgique.
 
1° « Le conflit linguistique et ethnique qui mine le « plat pays » depuis sa création » Le Royaume actuel de Belgique, créé en 1830, n’a pas connu de véritable conflit, de conflit sérieux et durable, de ce genre avant mai 68 ; cette date correspond au recul de la Religion catholique, qui fut le véritable ciment du pays bien des siècles avant 1830. Même de nos jours, la population n’éprouve pas de problèmes, et ce sont seulement les politiciens qui sont responsables de la désinformation et des méfiances mutuelles : de plus, les séparatistes wallons sont des marginaux ; quant aux partis séparatistes flamands, qui recueillent plus de 20% des voix des flamands, la plupart des Belges qui les soutiennent sont (justement) déçus de l’état économique de la Wallonie et de nombreuses lois, par exemple qui favorisent les immigrants et les réfugiés politiques plus que les Belges.

« Il ne reste qu’un triste roi cosmopolite, dernier avatar d’une dynastie de pacotille ». J’espère qu’un tel discours puisse être condamné comme lèse-majesté (ce que la loi belge ordonne toujours). Je pense que, dans les monarchies constitutionnelles, le Roi est un peu ce qu’en font les politiciens. En 1831, le premier roi de Belgique est un prince allemand de Saxe-Cobourg-Gotha, l’oncle de la reine Victoria d’Angleterre ; très habile, il a mis des membres de sa famille sur tous les trônes d’Europe : en Russie, en Angleterre (l’époux de la reine Victoria est Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, patronyme de la famille royale actuelle qui n’a changé son nom en Windsor qu’en 1917, en guerre contre la Prusse), etc. Son fils Léopold II fit de la Belgique (ce petit pays) le 4e pays le plus riche au monde (le plus riche compte tenu des 4 à 5 millions d’habitants de l’époque). On doit à Albert I, son neveu, le Roi-Chevalier, la victoire sur la Prusse en 1918, puisqu’il causa aux Allemands leur premier recul en inondant les Polders en ouvrant les écluses de l’Yser. Mais depuis que le socialisme (et la modernité) a réussi à atténuer progressivement les pouvoirs du Roi, celui-ci n’a plus la même importance qu’autrefois, et décide de moins à moins par lui-même (les lois lui font tout déléguer).

« La Belgique n’est pas une nation, c’est un pays bricolé dans le cadre de convenances historiques antifrançaises. » Tout est faux dans cette assertion, que d’ailleurs nous pourrions aisément répliquer à la France, puisque la Corse et la Bretagne ont des motifs plus relevés pour s’administrer elles-mêmes.
La Belgique comme Royaume actuel date de 1830, mais comme identité elle remonte aux temps médiévaux : le Royaume n’a pas été créé arbitrairement en 1830, les Belges eux-mêmes ont arraché leur indépendance au pouvoir despotique du roi de Hollande (auquel ils ont été soumis par le Congrès de Vienne, en 1815). Les deux buts de cette révolution furent la liberté de presse (pour les libéraux) et surtout la liberté du culte et de l’enseignement catholique (persécuté par les Hollandais, comme d’ailleurs par Napoléon, qui, entre autres choses, emprisonna en 1811 deux évêques belges, qui sont Mgr Hirn de Tournai et S. A. le prince de Broglie évêque de Gand, qui défendaient les droits de Pie VII sur l’élection des évêques, de Pie VII que Napoléon, franc-maçon et empereur des Français, emprisonna cinq ans.).
« Convenances antifrançaises » est un peu fort. Les révolutionnaires français ont envahi la Belgique en 1794, ont détruit nombre de châteaux et d’abbayes, et c’est seulement à cause de cette usurpation que la Wallonie fut française sous Napoléon, alors qu’au Moyen-Age elle dépendait du Saint Empire et non de la France. On pourrait dire que la Belgique a fait partie de la France, car quand Clovis établit le royaume des Francs, sa capitale était Tournai ; mais il s’agit de la France dans le sens originaire de « territoire des Francs », comme la Hongrie, terre des Huns, a dû son nom aux Huns qui s’y étaient installés. Aucun Français aujourd’hui ne penserait déplacer ses frontières au-delà du Rhin sous prétexte qu’avant le IVe siècle, les Francs étaient installés dans l’Allemagne actuelle. Au reste, Charlemagne aussi était Roi de France, et sa France s’étendait en Saxe, en Bavière et en Lombardie. On pourrait proposer aux Bavarois de devenir français ou réunir la Normandie à l’Angleterre… (Voir ci-après un abrégé historique de la Belgique)
Enfin, le wallon est très loin du français littéraire, qui ne s’est imposé que parce que langue officielle (comme le néerlandais est loin des dialectes flamands de Belgique, il y a d’ailleurs beaucoup de disputes amusantes entre les Néerlandais de Hollande et les Flamands au sujet de termes de leur langue commune, qui s’est conservée plus pure en Belgique) ; et une partie de la Wallonie n’est pas francophone mais germanophone (communauté qu’on oublie souvent, détachée de la Prusse par le Traité de Versailles en 1919) ; enfin toute séparation déclenchera évidemment la question de Bruxelles, ville flamande, mais à majorité francophone depuis la politique de Marie-Thérèse d’Autriche.

« Le roi belge de 1830 était un libéral et un franc-maçon. Ceci explique sans doute cela. » C’est vrai que Léopold I était protestant et franc-maçon ; jusqu’à son lit de mort il refusa de se convertir malgré les instances du clergé. Mais il faut avouer qu’il a été librement élu (choix très moderne, selon les principes de Lamennais, encore uni à Rome à cette époque), qu’il n’a pas pu modifier la constitution, que le Concordat de Napoléon est toujours appliqué en Belgique (sans les articles organiques, et même après l’injurieuse loi française de 1905), et surtout qu’il a consenti à fonder une dynastie catholique. Le choix était fait dans le but d’une neutralité politique : sur le refus du prince belge Eugène de Ligne (un Hennuyer) de monter sur le trône, et sur celui de Louis-Philippe de fâcher l’Angleterre en acceptant le trône pour son fils, duc de Nemours, le gouvernement provisoire choisit cet Allemand, veuf de Charlotte, princesse héritière d’Angleterre, qui avait été maréchal de Russie sous Alexandre I, qui a refusé le trône de Grèce, et qui en 1832 épousera Louise-Marie d’Orléans, fille aînée de Louis-Philippe.
La population belge traditionnellement est attachée à sa dynastie. Malheureusement, les partis politiques non séparatistes sont trop peu attachés à des principes forts (et il n’existe pas de parti nationaliste comme en France qui veuille l’unité du pays ou qui soit de principe monarchiste) et le pays n’est gouverné que par des coalitions et compromis. A l’origine (en 1830), et jusqu’à l’apparition en 1895 du parti socialiste, il n’y avait que deux partis, unis au départ pour l’indépendance, puis rivaux : le libéral (qui existe toujours) et le catholique (qui, après quelques vicissitudes, est remplacé en 1945 par le parti social-chrétien, et de nos jours par un parti « humaniste » qui, pour avoir plus de voix, a eu honte de s’appeler chrétien). Comme plus de 95% de la population était pratiquante, le parti catholique était fort soutenu ; le parti libéral, interdit aux catholiques, devait ses succès (avant 1884) aux votes de bourgeois libres-penseurs (le vote censitaire à l’époque réservait de fait les votes aux riches).
 
Voici un abrégé historique de la Belgique, que je fais avec quelques réflexions : 

En 843, le traité de Verdun partage l’empire de Charlemagne, la Belgique fait partie de la Lotharingie, puis du Saint-Empire, sauf le comté de Flandres, qui revient à la France.
Dans le système féodal, les états étaient fort divisés entre vassaux et vavassaux, les fiefs très autonomes (même en France avant l’extension du domaine royal). Le territoire actuel de la Belgique était partagé entre plusieurs nobles : le prince-évêque de Liège, le prince-abbé de Stavelot, le duc de Brabant (aussi marquis d’Anvers), le duc de Luxembourg, le duc de Limbourg, le comte de Hainaut, le comte de Flandres (aussi comte d’Artois), le comte de Namur, le seigneur de Malines, les seigneurs de Tournai et du Tournésis. Tous ces états relèvent du Saint-Empire, à l’exception de la Flandre, d’Artois et de Tournai qui étaient vassaux de France (l’histoire de Tournai est très mouvementée, cette ville fut même anglaise sous Henri VIII, puis française, puis espagnole, puis de nouveau française).

L’unification commence en 1384 : Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, avait épousé en 1369, Marguerite de Flandre, qui hérita à la mort de son père de la Flandre, de l’Artois, du Boulonnais et de Malines. Lui et ses descendants, Jean sans Peur, Philippe le Bon, Charles le Téméraire, vont acquérir par achats, héritages, (et le dernier par conquêtes) les autres provinces du pays (à l’exception de Tournai et des principautés ecclésiastiques de Liège, Stavelot, Cambrai et Utrecht), ainsi que les provinces du Nord : le duché de Gueldre, les comtés de Zélande, de Hollande et de Zutphen, les seigneuries de Frise, de Groningue et d’Ober-Yssel (Overijssel). C’est ce qu’on appelle les Dix-Sept Provinces, faisant partie du Cercle de Bourgogne à la Diète du Saint-Empire.

Le 27 mars 1482, la fille de Charles le téméraire, Marie de Bourgogne, meurt à 25 ans suite à une chute de cheval lors d’une chasse au faucon, toutes ses possessions passent alors à son époux, Maximilien de Habsbourg. Son petit-fils, Charles-Quint, né à Gand en 1500, lui succédera en 1519 à la tête du Saint-Empire, et héritera aussi par sa mère, Jeanne la Folle, du royaume d’Espagne et donc du Nouveau-Monde, pouvant affirmer que le soleil ne se couche jamais sur ses terres, dont la capitale dès 1531 est Bruxelles. En 1555, Charles-Quint abdique, et partage ses possessions entre son frère Ferdinand I (le Saint-Empire et l’empire d’Autriche avec ses possessions : le Tyrol, le Milanais, la Bohème, la Transylvanie,…) et son fils Philippe II (Espagne, Naples, Franche-Comté, Pays-Bas, y compris l’ancienne principauté d’Utrecht qui lui fut cédée par l’évêque, Amériques et Philippines).

Les Dix-Sept Provinces (le Bénélux actuel) sont donc les Pays-Bas espagnols, et le resteront jusqu’à l’extinction des Habsbourgs d’Espagne en 1700. Cette période, florissante en termes d’arts (Rubens, Van Dyck), de sciences (Vésale, Dodonée, Van Helmont) et de commerce, fut aussi « le siècle de malheurs » : de 1566, année où la maison d’Orange se rebella contre l’Espagne, jusqu’en 1713, la Belgique est la victime d’une série ininterrompue de guerres, sauf durant la Trêve de Douze Ans (1609-1621) :
Guerre de religion (1566-1648), les calvinistes pillent et brûlent (c’est l’époque de l’iconoclasme et des martyrs de Gorcum), l’Espagne essaiera de reprendre les sept Provinces-Unies du Nord (Pays-Bas actuels) mais en 1648 fut forcée d’en accepter l’indépendance par le traité de Münster (Westphalie).
Richelieu, recherchant le prestige de la France mais « en foulant aux pieds sa qualité de catholique et de prince de l’Eglise », chercha par tous les moyens à abaisser le prestige des Habsbourgs, aida financièrement les princes protestants dans leurs guerres contre les Habsbourgs (par exemple dans la guerre de Trente Ans) ; c’est dans ce contexte qu’eurent lieu les guerres franco-espagnoles, non pas à travers les Pyrénées, mais en Belgique : plusieurs traités et victoires donnèrent à la France Lille, Orchies, Arras, Saint-Omer, Dunkerque, Maubeuge, etc. Le fait que la Belgique soit une vaste plaine invitera jusqu’en 1945 les guerres d’Europe à s’y dérouler (ce n’est pas étonnant que l’Union européenne ait au moins l’avantage de la paix). Louis XIV, prétendant que le Rhin devait être la frontière naturelle de la France (mais aussi à cause des richesses de Flandres), continuera à attaquer l’Espagne en Belgique, et arrivera même à bombarder Bruxelles en 1697. 
A la mort de Charles II, l’Espagne devait échoir aux Habsbourg d’Autriche, mais Louis XIV, voulant y faire régner son petit-fils, Philippe d’Anjou (Philippe V), gagna la guerre de succession d’Espagne (qui se déroula aussi sur le sol belge), mais la Belgique, qui ne présentent qu’ « infirmités et playes », est cédée en 1713 par le Traité d’Utrecht à Charles VI d’Autriche.
 
La Trêve de Douze Ans (1609-1621) permet à la Belgique de voir refleurir son industrie, son commerce et ses arts, sous le gouvernement des archiducs Albert et Isabelle (fille de Philippe II) ; ceux-ci, abandonnant l’Inquisition espagnole, vont promouvoir la Contre-Réforme très efficacement par l’exemple de leurs vertus, par leur fidélités aux devoirs de leur charge, par la restauration des églises, par la construction de 400 nouvelles églises, par la régularité de leur cour et par leur générosité envers leur peuple. Leur règne dont on a peu parlé jusqu’ici est pourtant la période la plus glorieuse pour la Belgique. La population resta fort attachée, et librement, au Catholicisme mais réprouvait l’Inquisition espagnole comme cruelle (PIRENNE, Histoire de Belgique, tome III, 1907). Juste pour la culture général, rappelons que Philippe II fut le seul cas connu au monde d’un souverain régnant ayant épousé (par procuration) une souveraine régnante, Marie Tudor ; quant au mariage d’Isabelle avec son cousin autrichien, il a une autre particularité : il fut célébré en 1599 en même temps que celui de son frère Philippe III, à Ferrare, par procuration, et ces mariages de Ferrare sont les seuls mariages connus, si je ne me trompe, entre la fin du Moyen-Age (et peut-être de l’Antiquité) et le XXe siècle dont le célébrant fût le Pape lui-même.
 
En 1700, les Pays-Bas autrichiens vont de nouveau souffrir une guerre franco-habsbourgeoise à la mort de Charles VI : guerre de succession d’Autriche, qui se termine par la victoire de sa fille et héritière désignée, Marie-Thérèse, mère de Marie-Antoinette ; cette impératrice voulut relever l’état des Flandres : on lui doit des chaussées, des canaux, l’usage du français à Bruxelles, ville jusque là flamande, un essor de l’enseignement, le commerce local (en élevant les droits de douane), une administration centralisée et rigoureuse. Malheureusement, Joseph II, premier roi à se rendre en Belgique depuis Philippe II !, toucha à ce que sa mère avait toujours respecté : les coutumes et privilèges et la Religion : il supprima les privilèges anciens des communes et de la noblesse au profit d’une centralisation absolue (p.ex. l’abbesse de Nivelles, princesse du Saint-Empire, n’avait plus les pouvoirs judiciaires dans sa ville) ; sous prétexte de tolérance et de despotisme éclairé, il accorda la liberté de tous les cultes, sauf le catholique : en effet, il arracha aux églises tous les objets de valeur pour son trésor personnel, fit fermer des couvents pour en offrir les terres, supprima plusieurs fêtes religieuses, remplaça tous les séminaires diocésains par un séminaire philosophique, condamné par le Cardinal de Malines, Comte de Franckenberg, voulut règlementer jusqu’au nombre de cierges liturgiques et toucher aux droits de l’Eglise en modifiant les empêchements dirimants des mariages. Pie VI employa la persuasion et alla même à Vienne pour rencontrer Joseph, mais celui-ci allait bientôt l’attaquer sur un autre point : l’institution des évêques (Joseph voulait mettre le comte de Herberstein, un janséniste indifférentiste et presque athée, sur le siège de Laylach, le Pape n’y consentira jamais). La Belgique se révoltera contre lui en 1789 (révolution brabançonne), et acquerra le 11 janvier 1790 une indépendance très brève sous le nom d’Etats-Belgiques-Unis (cependant Limbourg et Luxembourg resteront autrichiens, quant à Liège et Stavelot, états ecclésiastiques, ils étaient depuis toujours indépendants ; cependant à Liège, une révolution libérale s’en prendra au prince-évêque de Hoensbroeck). Il est à remarquer qu’en dehors de Liège, où les idées des Lumières se sont introduites par le prince-évêque de Velbruck, franc-maçon notoire, la révolution avait eu pour cause l’attachement aux traditions civiles et religieuses. 

L’Autriche récupérera en octobre de la même année son pouvoir sur les Etats-Belgiques. L’immigration de la noblesse et du clergé en Belgique, terre autrichienne, gouvernée par Marie-Christine, sœur de Joseph II, va pousser les révolutionnaires français à envahir le territoire belge ; la liste des monuments, civils et ecclésiastiques (p. ex. le splendide parc d’Enghien, toutes les abbayes de Hainaut, sauf celle de Vellereille-les-Brayeux fondée par Saint Norbert lui-même), volés ou détruits par les Français est interminable (sans parler de nombreux tableaux flamands au Louvre).

De la période napoléonienne, nous avons déjà cité la persécution des évêques de Tournai et de Gand et des séminaristes de Gand (Mgr PIERAERTS, Vie et œuvres du Chanoine Constant Van Crombrugghe, 1937). Je ne m’étonne pas que dans les ouvrages modernes sur Napoléon, spécialement les collections immenses sur sa vie et son génie militaire, on tait absolument les traitements infligés à Pie VII (un peu comme les anciens ouvrages d’Histoire français ne parlent pas de la victoire de Vienne contre les Turcs en 1683, parce que la France n’avait pas voulu y participer (à cause des relations commerciales avec les Turcs, et, mais cette excuse légitime n’a jamais été avancée même par les Français, parce qu’elle était la protectrice des Chrétiens du Levant) ; on ne défend mieux sa cause qu’en avouant les torts de son parti) ; je remarque que la Providence a puni Napoléon dès cette vie : 1° la défaite de Russie en 1812, alors qu’il avait écrit le 22 juillet 1807 à Eugène de Beauharnais : « Elle (l’excommunication prononcée par Pie VII) ne fera pas tomber les armes des mains de mes soldats », 2° l’abdication signée en 1814 au château de Fontainebleau (là même où Pie VII avait été prisonnier) tandis que Pie VII rentrait triomphant à Rome le 24 mai 1814 (dans l’hymne Saepe dum Christi de l’Office de MARIE Auxiliatrice, institué à cette occasion, comme d’ailleurs l’extension à toute l’Eglise de la dévotion du mois de mai, Napoléon est appelé hostis infensus), enfin 3° la défaite de Waterloo, sur le diocèse de Malines, siège du primat de Belgique (vacant suite à l'emprisonnement de Pie VII, le prince de Méan, dernier prince-évêque de Liège, n'y sera transféré qu'en 1817), dont Tournai et Gand sont suffragants (les évêques étaient prisonniers et remplacés par des évêques schismatiques (napoléoniens), non reconnus par le Pape et la majorité du clergé et de la population). La vengeance arrive tôt ou tard… 

Après la défaite de Waterloo (la Belgique fut française sous la Restauration de 1814), le Congrès de Vienne décida d’unir les provinces belges au royaume de Hollande ; ce fut malheureux d’unir une nation catholique à un pays où depuis le XVIe siècle (alors que c’était le premier pays où les juifs avaient l’égalité de droits) la religion romaine était à peine tolérée (il faudra attendre 1848 pour que les catholiques reçoivent la liberté de culte ; de nos jours, le catholicisme est la confession majoritaire aux Pays-Bas et au Royaume-Uni).

Le roi de Hollande gouvernait par décrets, limitait le commerce et censurait la presse (ce qui déplut aux libéraux), en même temps il imposa le hollandais à la Belgique (ce qui déplut aux Wallons) et chercha à établir le calvinisme et interdit l’enseignement catholique (ce qui déplut aux catholiques). Le 25 août 1830 eurent lieu des cérémonies pour la fête du roi (ses 59 ans) ; on joua à Bruxelles la pièce de la Muette de Portici. Les esprits, préparés par la révolution française de juillet-août 1830, furent saisis d’un mouvement général aux paroles :
Amour sacré de la patrie,
Rends-nous l’audace et la fierté ;
A mon pays je dois la vie,
Il me devra sa liberté.
La révolution improvisée dès ce moment durera jusqu’à la prise de contrôle de tous les territoires par les troupes populaires, un Congrès national fut établi, ce Gouvernement provisoire rédigea la Constitution, les membres du clergé, en particulier le chanoine de Gand Constant Van Crombrugghe, veillèrent à garantir pour les catholiques la liberté de culte, l’interdiction au pouvoir civil d’intervenir dans le choix des ministres du culte ou d’empêcher leurs relations avec leurs supérieurs (donc avec Rome), et la liberté de l’enseignement, avec interdiction à l’Etat de prendre des mesures préventives. Ces articles existent toujours. Il faut remarquer que les Belges se trompent quand ils parlent de laïcité de leur Etat, la France « ne reconnaît aucun culte » (loi de 1905), la Belgique reconnaît tous les cultes. On peut s’étonner que des clercs aient accepté cette liberté de cultes mais il s’agissait d’une liberté civile (comme celle du dernier Concile) non dogmatique (comme celle des Droits de l’Homme de 1789), et le but était d’empêcher le gouvernement de mettre des entraves à l’exercice du catholicisme.

Note : La liberté civile de culte, c'est-à-dire cette tolérance civile qui, sans reconnaître le droit à l'erreur (il est en effet inadmissible de donner à l'hérésie les même droits qu'à la vérité), est admise pour éviter un mal plus grand, S. Thomas d'Aquin lui-même l'admet (Summa theol., II-II, Q. x, a. 11): "Ritus infidelium tolerari possunt vel propter aliquod bonum, quod ex eis provenit, vel propter aliquod malum, quod vitatur ». En français : « Les rites des infidèles peuvent être tolérés (par les princes) soit pour quelque bien qui en résulte, soit pour quelque mal qui est évité ». Un mal particulier à éviter est celui de forcer quelqu'un à se convertir sans la persuasion de la conscience : Léon XIII, "Immortale DEI", 1 nov. 1885: Atque illud quoque magnopere cavere Ecclesia solet, ut ad amplexandam fidem catholicam nemo invitus cogatur, quia quod sapienter Augustinus monet: "Credere non potest (homo) nisi volens" En français : « L’Eglise a toujours veillé grandement à ce que personne ne soit poussé à embrasser la foi catholique contre son gré, car, comme nous avertit sagement S. Augustin, l’homme ne peut croire que si c’est sa volonté. »
Le choix du Gouvernement provisoire fut de fonder une monarchie constitutionnelle, avec exclusion perpétuelle de la dynastie hollandaise d’Orange-Nassau. En 1839, la Hollande reconnut l’indépendance de la Belgique (reconnue dès 1831 par les grandes puissances), mais reprit le Limbourg du Nord et garda une partie du Luxembourg (l’actuel grand-duché) ; tandis que le Luxembourg wallon resta à la Belgique.
 
Il faut remarquer que j’ai dit que la Belgique connaît une crise religieuse : c’est le pays où il y a le moins de nouveau prêtres par rapport aux anciens. 

Autrefois, la Belgique était le pays où il y avait le plus de prêtres et de vocations religieuses par habitants, (je pourrais donner les chiffres qu’on trouve dans l’Annuario Pontificio, avec fierté le Cardinal Van Roey déclarait dans une Lettre pastorale en 1951 que sur ce point son archidiocèse de Malines ne laissait aucun autre l’emporter : Ex quibus patet Diocesim Mechliniensem…esse nulli secundam, quatre fois plus de prêtres par habitant que le diocèse de Paris), les missionnaires belges étaient partout, c’est l’un des pays qui contribuaient le plus (par rapport au nombre d’habitants) au denier de Saint-Pierre. L’Eglise de Belgique a toujours été attachée au Pape (à part les tendances gallicanes et jansénistes de l’Université de Louvain au XVIIe et XVIIIe siècles), a toujours été à la pointe en ce qui concerne les ordres et mêmes les conseils donnés par Rome en matière liturgique et disciplinaire (pas de liturgie néogallicane, p. ex., même dans les ordres religieux), et en matière philosophique et dogmatique (on doit à la Belgique de 1915 l’institution de la fête de MARIE Médiatrice universelle des grâces, comme d’ailleurs on doit à Liège la fête de la Trinité et la Fête-DIEU) ; Utrecht (les Hollandais étaient encore une nation avec les Belges) donna à la Renaissance un Pape si rigoureux, si vertueux, si mortifié, si sévère contre les abus que les Italiens pendant des siècles (jusqu’en 1978) ne voulurent plus de Papa barbaro : Adrien VI, qui avait été recteur de l’Université de Louvain, qui ne prenait qu’un plat de vainde par repas, qui passait ses loisirs à visiter les pauvres et les hôpitaux, qui n’omettait jamais de lire son bréviaire et sa messe, d’assister en action de grâce à celle de son chapelain, et qui, dès le lendemain de son arrivée à Rome interdit le port d’armes dans la ville, le port de la barbe par les clercs, la prostitution,… terrorisant la Curie et fâchant les artistes au point que plusieurs fois on essaya de l’empoisonner. 

Hélas ! depuis le 2d Concile du Vatican, les églises se vident, les vocations chutent (et cela coïncide avec l’expansion de la télévision),…
En 1908, après l’encyclique Pascendi, les évêques de Belgique (leurs lettres pastorales sont d’une haute qualité) se félicitaient de ce que leur clergé ne connaissait pas la plaie du modernisme ; ils en avaient le droit, mais ils auraient dû prier davantage pour éviter ce malheur : le souci d’être à la pointe dans l’Eglise, souci légitime en soi, n’a pas été utilisé prudemment par la suite : le cardinal Mercier, qui avait si bien défendu son pays durant la Grande Guerre en l’absence du Roi, et qui avait une si haute idée de la perfection sacerdotale, eut le malheur de présider les Conférences de Malines ; on doit à plusieurs prêtres belges (pas à eux seuls) les réformes dangereuses du Missel et du Pontifical après 1965, à un évêque de Bruges la stigmatisation de tout triomphalisme ; c’est le cardinal Suenens qui introduira le premier la pratique de distribuer la communion dans la main (pratique qui, non irrévérencieuse en soi, puisque Siméon a bien porté le Christ dans ses bras, est toutefois irrévérencieuse à cause de la différence brutale d'usage et à cause des espèces et du risque de chutes de parcelles) ; l’enseignement de la religion a totalement décliné, même dans les écoles libres (catholiques), et même dans le catéchisme ; les théologiens de l’université de Louvain, si romaine autrefois, soutiennent aujourd’hui des thèses désastreuses, et les scientifiques n’y rougissent pas de déclarer que le travail sur les embryons humains ne justifie pas un retrait du titre d’ « Université catholique » (ce dont Jean-Paul II a menacé l’université). Notons toutefois que l’ancien « souci d’être à la pointe » se révèle encore (de manière discrète) lorsque le cardinal Suenens, quoique toujours très progressiste au dernier Concile, désirait cependant vivement que le schéma sur la Sainte Vierge fût maintenu (au risque de mécontenter les progressistes et les protestants) et non intégré à celui de l’Eglise, reprochant à la version adoptée de diminuer l’importance de la Sainte Vierge (revue Nouvelles Certitudes, n° 11, 2002) ; ou lorsque dans l’université de Louvain on décide que les personnes ayant une objection de conscience contre l’usage d’embryons humains ne peuvent être forcées à les utiliser et qu’on doit respecter leur choix.

En novembre dernier, le chef de la franc-maçonnerie belge, Bartholomeeussen, déclarait à la Libre Belgique (journal de l’ancien parti catholique) qu’il n’y avait plus de problèmes entre les franc-maçons et l’Eglise catholique, sauf les prêtres rétrogrades (il cita parmi eux Mgr Léonard, évêque de Namur), il salua comme exemplaire l’ouverture de quelques prêtres (tous modernistes), et avouait que « plusieurs responsables religieux » fréquentaient les loges de Belgique.
Et l’on s’étonne que ce pays légalise l’avortement (le Roi Baudouin abdiqua exprès pour ne pas signer la Loi) que le site officiel du grand orient belge dit avoir soutenu, les mariages entre personnes de même sexe,… et qu’on ne trouve plus de lien entre les différentes parties du Royaume, alors que l’identité nationale s’est formée pour une cause religieuse." 

Hage
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<br /> wowwwww quel texte sur l'histoire de la Belgique:)))<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> (d'un ermite des routes du Canada qui s'apprête à vagabonder la Belgique cet été:)))<br /> <br /> <br /> www.enracontantpierrot.blogspot.com<br /> <br /> <br /> <br /> www.reveursequitables.com<br /> <br /> <br /> sur Google<br /> Simon Gauthier, le vagabond céleste<br /> <br /> <br />     LETTRES D'AMOUR<br /> <br /> <br /> <br /> COUPLET 1<br /> <br /> <br /> de la première grande<br />  guerre mondiale<br /> <br /> <br /> restent des belles lettres d’amour<br />  de soldats qui ont eu mal<br /> <br /> <br /> sous l’écriture<br />  malgré la censure<br /> <br /> <br /> on peut encore entendre<br />  du fond du fond d’leu ventre<br />  leu je t’aime quand y vente<br /> <br /> <br /> COUPLET 2<br /> <br /> <br /> de la deuxième grande<br />  guerre mondiale<br /> <br /> <br /> des millions de lettres d’amour<br />  de soldats qui ont eu mal<br /> <br /> <br /> taisant le bruit des bombes<br />  comme la peur des tombes<br /> <br /> <br /> pour que les mains d’une fille<br />  avec des yeux qui brillent<br />  rêvent d’une future famille<br /> <br /> <br /> COUPLET 3<br /> <br /> <br /> ma vie ressemble<br />  à la prochaine guerre mondiale<br /> <br /> <br /> dans de vieux courriels<br />  mes amours<br />  bombes artisanales<br /> <br /> <br /> sous l’écriture<br />  une douzaine d’aventures<br /> <br /> <br /> on peut encore entendre<br />  du fond du fond d’mon ventre<br />  mes je t’aime quand il vente<br /> <br /> <br /> pour que les mains d’une fille<br />  avec des yeux qui brillent<br />  me r’bâtissent une famille<br /> <br /> <br /> Pierrot<br />  vagabond céleste<br /> <br /> <br />  <br /> Pierrot est l'auteur de l'Île de l'éternité de l'instant présent et des Chansons de Pierrot. Il fut cofondateur de la boîte à chanson Aux deux Pierrots. Il fut aussi l'un des tous premiers<br /> chansonniers du Saint-Vincent, dans le Vieux-Montréal. Pierre Rochette, poète, chansonnier et compositeur, est présentement sur la route, quelque part avec sa guitare, entre ici et ailleurs...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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