«Avant que le saint Archange me prévînt, je ne me rendais pas compte de ce que je faisais en insultant Lucifer, je ne voyais pas la disproportion qu'il y a entre l'ange et l'homme.
On va à l'école tous les jours! Il était à la sacristie et il m'embêtait. Je luis dis: "Ah! La sale bête!"
Saint Gabriel me dit: "N'oubliez pas que c'est un archange! Ne discutez pas. Respect à Lucifer: c'est l'archange déchu".
C'est comme un fils de famille très noble, déchu par ses vices. Il n'est pas respectable par lui-même, mais il faut respecter sa famille en lui. On respecte le chef-d'oeuvre du Créateur, même détruit.
C'est d'ailleurs une meilleure méthode pour faire entrer Satan en lui-même.
Satan, comme un enfant, ramasse sur la route pierres et boue, tout ce qui lui tombe sous la main, pour nous le jeter; mais, si l'on se met à lui répondre injure pour injure, c'est alors une vraie bataille de chiffonniers.
Quand on respecte son caractère angélique, on le contriste bien davantage.
A La Courneuve, j'ai eu tellement maille à partir avec Lucifer!
[...] Dans la sacristie de La Courneuve, il m'empêchait de lire mon bréviaire : il faisait le cheval, le loup, la souris. Il tapait sur les vitres.
Mon sacristain disait : "ils casseront toutes les vitres!"
Je lui répondais: laissez donc les gamins jouer au ballon!"
Et un fracas! et pan! Le sacristain courait dehors, croyant qu'il empêcherait de taper dans les carreaux. »
Père Jean-Edouard LAMY (1853-1931), qui fut sujet à de nombreuses visions mystiques de la Sainte Vierge Marie et des Anges.