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Christ Roi

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13 juillet 2015 1 13 /07 /juillet /2015 05:55
Suède: L'Eglise catholique gagne du terrain sur le protestantisme

Depuis une quinzaine d'années, en Suède l'Église catholique grignote des fidèles à l'Église luthérienne, qui n'est plus religion d'État. Rencontre avec ces nouveaux convertis.

 

Le frère Johan Lindén est un prêtre comblé. Le dimanche, à 10 h, entre 400 et 500 personnes se serrent sur les bancs de son église Saint-Thomas, à Lund, dans le sud du royaume.

 

À côté, la prestigieuse cathédrale luthérienne-évangélique peine à se remplir. Depuis sa séparation d'avec l'État en 2000, l'ancienne église officielle de Suède a perdu plus d'un million de fidèles.

 

L'Église catholique, de son côté, ne cesse de grandir. Si elle reste toujours minoritaire, elle compte désormais plus de 110 000 paroissiens, soit une augmentation de plus de 40 % depuis 2000.

 

Cathédrale de Lund (Suède). Plus grande cathédrale romane de Scandinavie.

Cathédrale de Lund (Suède). Plus grande cathédrale romane de Scandinavie.

Beaucoup de ceux qui viennent grossir ses rangs sont des réfugiés. La Suède est le pays d'Europe qui reçoit le plus de demandeurs d'asile, proportionnellement à sa population. Parmi eux : les Chrétiens d'Orient.

 

Mais il y a aussi des Suédois qui choisissent de se convertir. Plusieurs dizaines tous les ans. Dont des célébrités : en 2014, le pasteur Ulf Ekman, fondateur de Livets Ord, la plus grande communauté évangélique du royaume, a provoqué une onde de choc, en annonçant sa décision de rejoindre l'église catholique, avec sa femme.

 

Le phénomène est tel que le très sérieux hebdomadaire Fokus vient de lui consacrer sa première page, rappelant que depuis le milieu du XVIe siècle et la Réforme protestante, l'Église catholique est « une anomalie en Suède ». Jusqu'en 1951, les catholiques ne pouvaient exercer certaines professions. Ils n'avaient pas le droit d'être députés. Et la loi interdisant les couvents n'a été levée qu'en 1977.

 

Le magazine s'interroge sur ce qui peut bien attirer les Suédois « vers cette communauté hiérarchique, non démocratique et exigeante ». Le frère Johan Lindén s'amuse de la question. Lui-même s'est converti à l'adolescence.

 

Son père était pasteur luthérien. Il l'a emmené en Pologne au début des années 1980. Il y a rencontré des Dominicains : « J'ai été attiré par cette église universelle, qui rassemble toutes sortes de gens. » Rien que dans sa paroisse, il compte 90 nationalités.

 

L'église luthérienne, dit-il, a souffert de son mariage avec l'État : « L'échafaudage était là, mais il y avait un vide à l'intérieur. Dans l'Église catholique, j'ai retrouvé des racines, une tradition et une spiritualité. C'est une église exigeante, mais miséricordieuse. » Beaucoup des convertis qu'il rencontre ont grandi « dans un contexte évangélique assez dur ».

 

« Nous sommes des blocs de pierre »

 

Maria, enseignante de 58 ans, a rejoint la paroisse Saint-Thomas en 1985. Élevée dans une famille croyante, elle raconte avoir souffert de « la conception de l'être humain dans la religion luthérienne, qui ne voit que le péché ». Angoissée, elle cherche des réponses dans les livres. L'étude de la liturgie la conduit chez les frères dominicains. Et elle finit par se convertir : « C'était un soulagement d'appartenir à une église qui dit que Dieu est amour et qu'il a créé l'Homme à son image. »

 

Benjamin, 32 ans, doctorant en théologie, confie avoir connu « une crise existentielle au lycée ». Fils du célèbre pasteur Ulf Ekman, il a grandi dans une famille très pieuse : « Mon grand-père se levait à 4 h du matin pour prier pendant quatre heures avant que ma grand-mère se lève. »

 

Lui aussi évoque la vision très dure de l'être humain, chez les Luthériens : « Nous sommes des blocs de pierre. On a beau frapper, on n'obtient rien de plus. » Il a lu Dostoïevski, découvert l'espoir dans le pardon et pris part à des retraites. Il s'est converti en 2013, la même année qu'Anne Jeanette et Sebastien, un jeune couple de 27 ans.

 

Née en Norvège, Anne Jeanette évoque la réaction de ses parents, lorsque, à l'âge de 18 ans, elle leur a demandé de lui payer le voyage vers un monastère italien. « Ils étaient horrifiés. » Elle-même ne connaissait pas grand-chose des catholiques, « si ce n'est qu'on ne les aimait pas ». Mais elle veut renouer sa relation avec Jésus, perdue à l'adolescence.

 

La conversion prend du temps. Erik Helmerson, journaliste au quotidien libéral Dagens Nyheter, en rit encore : « Je pensais qu'on m'accueillerait à bras ouverts, mais j'ai dû suivre un cours du soir pendant deux ans, puis parler avec un prêtre, qui a rencontré ma famille ».

 

L'attente ne fait que renforcer ses convictions. Il est séduit par « la place réservée au mysticisme, l'unité de l'église catholique et son exigence », quand l'Église luthérienne « vous accueille, peu importe que vous ne croyiez ni en Jésus, ni en la Résurrection ».

 

À Lund, le frère Johan Lindén précise qu'il n'accepte pas tous les candidats : « Être contre le mariage gay ou l'avortement ne sont pas de bonnes raisons. Il faut que la démarche soit positive. Autrement, la conversion sera une déception. »

 

Source: Suède. Le catholicisme n'est plus « une anomalie », Ouest-France, 20 mai

 

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